Art plastique: Dear Goddy Leye
- 17 août 2012
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Une stèle a été érigée samedi 11 août 2012 au quartier Bonendalè à Douala, en hommage au plasticien disparu.
Difficile d’effacer de sa mémoire le souvenir des personnes qui ont marqué leur passage sur terre par leurs œuvres ou leur philosophie. L’artiste plasticien camerounais Goddy Leye fait partie de ces grands « esprits ». Un an et six mois après son décès, on a du mal à croire qu’on ne le verra plus. Du coup on élabore des projets. On crée des ponts pour se rapprocher de l’au-delà. Mieux, pour perpétuer sa mémoire. « Dear Goddy », de Sandrine Dole, est l’un de ces projets qui rend hommage à Leye. Le designer d’origine française a érigé une stèle dans le jardin du domicile du plasticien disparu, au quartier Bonendalè à Douala. L’œuvre a été inaugurée samedi 11 août 2012 en présence de nombreux artistes plasticiens. Sandrine Dole l’a réalisée avec le soutien de l’atelier Artbakery.
La stèle représente un banc en bois. Elle invite tout un chacun à s’asseoir face à l’absent. Une ouverture en forme de cercle sur une extension du bois, près de la personne assise, plonge le regard de ce dernier dans le vide. Un vide qui renvoi aussi aux perspectives d’avenir. Cet avenir, c’est ensemble qu’il convient de l’aborder semble indiquer la stèle. Un tuyau en métal implanté près du siège brandit un logo à son extrémité. Le symbole représente une main noire dans une main blanche. Pour Sandrine Dole, il ne s’agit pas d’ensevelir le défunt, mais de mettre en scène les vivants. Le designer confie qu’elle a conçu la stèle dans le même esprit que le travail de Goddy Leye. C’est-à-dire, une installation avec laquelle on peut interagir.
A en croire les proches de Goddy, une première proposition de réalisation d’un monument en pierre a été rejetée. Selon les proches de Goddy, l’idée n’épousait pas la philosophie du plasticien.
« Il n’aimait pas les pierres tombales. Pour lui, c’était comme une prison pour le mort »,
confie un proche.
Aller vers Goddy Leye pour réfléchir
Le site choisi pour cette installation n’est pas fortuit. A en croire Estella Mbuli, la sœur cadette du plasticien disparu, c’est dans ce jardin que Goddy Leye se réfugiait pour réfléchir, pour observer la nature. Les ateliers avec les jeunes plasticiens et étudiants se déroulaient là. « Il aimait surtout s’asseoir près du manguier. Abattre ce manguier signifierait un deuxième décès de Goddy », affirme Estella, pour qui, la stèle représente un endroit où elle pourra s’asseoir, s’échapper un peu, « aller vers Goddy pour réfléchir ».
« Je pense que l’objectif de cette stèle n’est pas de penser à Goddy en tant que personne décédée, mais de se rappeler tous les bons moments», dit-elle.
Goddy Leye est décédé à l’âge de 45 ans, le 19 février 2011 à Bonendalè, son lieu de résidence et de travail. Il était un spécialiste de l’installation et de la vidéo. Sa pratique de l’art inclut les techniques diversifiées telles la sculpture, la peinture, le dessin, la performance. Sandrine Dole a participé à plusieurs projets avec le plasticien de son vivant, notamment « Bessengue city ». Sortie de l’Ecole nationale supérieure de création industrielle (Ensci) en France, Sandrine Dole s’est orientée vers l’artisanat et le développement durable et social. Elle a passé dix ans au Cameroun et réside actuellement au Maroc. Elle rencontre Goddy Leye lors d’un stage chez une architecte à Douala en 1999. « J’ai découvert que Goddy était très lié à Douala et à Bonendalè en particulier. J’ai voulu laisser une trace de son implication en érigeant cette stèle», indique Sandrine Dole.
Mathias Mouendé Ngamo