Premier pays au monde à introduire ce vaccin dans la vaccination de routine, le Cameroun partage son expérience avec d’autres pays africains prêts à l’adopter.

Le paludisme est la maladie endémique la plus répandue en Afrique. Selon le dernier rapport mondial sur le paludisme de 2021, ce sont 247 millions de cas de paludisme qui ont été notifiés à l’Organisation mondiale de la santé (Oms), contre 245 millions de cas en 2020. Le rapport relève que 619 000 décès sont dus au paludisme en 2021 contre 625 000 décès en 2020.

Phanuel Habimana, le représentant résident de l’Oms au Cameroun qui évoque ces statistiques, souligne que le pays enregistre chaque année environ six millions de cas de paludisme avec près de 4000 décès signalés dans les établissements de santé. La plupart des décès sont ainsi enregistrés chez les enfants âgés de moins de 5 ans. Soit près de 80% de la population.

Dans le développement de sa stratégie de riposte, le Cameroun qui fait partie des onze pays les plus durement impactés par le paludisme, a reçu 331 200 doses de vaccins antipaludiques le 21 novembre 2023. Les premières doses ont été administrées le 22 janvier 2024 dans 42 districts de santé prioritaires.

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Introduction dans la vaccination de routine

Après des résultats positifs de la phase pilote au Kenya, au Ghana et au Malawi, le Cameroun est ainsi devenu le premier pays au monde à introduire le vaccin contre le paludisme dans la vaccination de routine. Une introduction marquée par une forte infodémie, souligne Phanuel Habimana. Qui apprécie la stratégie de communication et d’engagement communautaire de proximité déployées, y compris dans la gestion des données afin d’adresser les hésitations vaccinales et rassurer les populations.

Une expérience que le Cameroun partage aujourd’hui avec d’autres pays du continent qui s’apprêtent à introduire le vaccin antipaludique dans la vaccination de routine. Ils sont quatorze autres Etats à avoir planifié cette introduire au courant de l’année, apprend-on. Un atelier de trois jours s’est tenu à Douala du 03 et 05 avril 2024 et regroupait à cet effet des participants de différents pays d’Afrique. Il est organisé par l’Oms. Le bureau régional pour l’Afrique de cette organisation mondiale a mis en place une initiative baptisée AMVIRA. Elle vise à augmenter les capacités des bureaux pays et à coordonner les appuis des partenaires dans le processus d’introduction du vaccin antipaludique.

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Partage de bonnes pratiques

Le ministre de la Santé publique du Cameroun, Manaouda Malachie, a procédé à l’ouverture de l’atelier mercredi à Douala. Les pays en préparation d’introduction du vaccin antipaludique dans leur Programme élargi de vaccination à l’instar du Benin, du Liberia, de la Sera Leone ou de la République démocratique du Congo pourront ainsi mieux se préparer. Le Ghana qui a servi de phase pilote ou encore le Burkina Faso qui a introduit le vaccin le 5 février 2024, étaient présents à Douala et ont partagé aussi leur expérience sur la question.

L’atelier a été animé de sessions interactives dirigées par des experts de renom en santé publique. Des discussions autour des meilleures pratiques sont au menu. Une descente de terrain dans trois formations sanitaires dans les district de santé de Japoma et d’Edéa dans le Littoral permettront également aux participants de vivre comment se déroule des sessions de vaccination et d’en tirer des leçons ou déceler des barrières.

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“C’est accepté par nos communautés”

«Lorsque nous avons reçu ces vaccins, il y avait une vive polémique. Et en faisant l’évaluation, nous nous rendons compte de la transparence qui a régné autour de l’introduction de ce vaccin au Cameroun et surtout de la volonté politique affichée (…). C’est accepté par nos communautés et aujourd’hui les enfants bénéficient de ce vaccin, et l’impact sur le taux de prévalence au Cameroun est vérifiable », a soutenu Manaouda Malachie. Selon les chiffres, depuis l’introduction en 2024 du vaccin contre le paludisme,  environ 16 000 enfants l’ont reçu au Cameroun et au Burkina Faso.

Mathias Mouendé Ngamo