Alet GBV

La plateforme Alert GBV lancée le 17 février 2023 à Douala veut libérer la parole, sensibiliser et bâtir une communauté de soutien en ligne.

Plus de 11 322 femmes et filles ont subit des violences basées sur le genre (Vbg) en 2022 au Cameroun. Plus de 23% de ces femmes subissent des violences émotionnelles. Des violences physiques  touchent une femme sur trois. Liliane Munezero qui évoque cette statistique relève qu’elle ne reflète pas la réalité, car elle ne prend pas en compte le cas de ces nombreuses femmes qui n’ont pas fait de dénonciations par peur ou par honte.

La coordonnatrice Vbg Unfpa Cameroun soutient que « derrière chaque chiffre, c’est une femme qui est menacée de mort ». L’Association de Lutte contre la violence faite aux femmes (Alvf) qui travaille également cette thématique estime que 55% des femmes âgées entre 15 et 50 ans ont déjà subi différentes formes de violence au moins depuis l’âge de 15 ans. Ce qui représente près de 4 900 000 femmes (statistiques de 2018).

Au niveau du ministère de la promotion de la Femme et de la Famille (Minproff), on indique que des mécanismes sont disponibles dans l’accompagnement des procédures judiciaires et l’aide à la mise sur pied des activités génératrices de revenus pour les survivantes des Vbg au Cameroun. L’absence d’espaces sûrs pour loger ces victimes est cependant décriée, alors que les personnes affectées continuent de souffrir sur plusieurs plans de leur vie.

« Les violences basées sur le genre affectent l’aspect social, l’estime de soi, l’aspect émotionnel et l’aspect économique », rappelle Gisèle Caroline Ekoh, la déléguée régionale du Minproff pour le Littoral.

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Alert GBV

Pour apporter une réponse à ce phénomène, Elodie Nonga, la fondatrice et directrice exécutive de Wetech vient de lancer Alert GBV. La plateforme digitale lancée officiellement à Douala le 17 février 2023 est présentée comme un espace qui permet d’apporter une assistance optimale aux survivantes de violences basées sur le genre. A travers le lien www.alertgbv.com, les victimes peuvent renseigner sur leur cas en toute confidentialité et bénéficier d’une assistance gratuite de spécialistes. Dans le cas d’espèce, une association, un psychologue ou un centre de santé.

Le but de cette solution basée sur le digital étant d’améliorer la prise en charge de ces victimes. « On s’assure que les associations à qui on réfère les victimes ont de réelles expertises et offrent des services dédiés aux survivantes des violences basées sur le genre. L’assistance est totalement gratuite », indique Elodie Nonga qui note pour le déplorer, que plus de la moitié des femmes au Cameroun sont encore victimes de Vbg.

Elle fait savoir que Alert GBV se présente aussi comme un centre de ressources avec les lois sur les Vbg. La plateforme en ligne est également un annuaire d’associations, de juristes et autres spécialistes qui peuvent aider dans la démarche de reconstruction des victimes. Après un atelier avec le Fonds des Nations Unies pour la population (Unfpa) sur tous les aspects Vbg, l’éthique et la notion de confidentialité, l’équipe de Alert GBV travaille actuellement à rendre cette solution numérique accessible en zone rurale, sans connexion internet.

Mathias Mouendé Ngamo