Le jeune bijoutier, une des victimes du déguerpissement survenu au lieu-dit Fret Aéroport à Douala le 09 janvier 2021, n’a pu sauver que quelques documents.

Couvert de poussière au milieu des ruines, Ibrahim  Assan frappe plusieurs coups de marteau sur un bloc de ciment. Vêtu d’une chemise carrelée bleue et d’un pantalon marron, il tient fermement une cigarette entre les lèvres. Il présente de petites égratignures sur le visage et une blessure sur l’auriculaire de la main gauche. La mine triste, il essaie de masquer sa tristesse à travers ses lunettes de soleil. Ce dimanche matin, le jeune homme reçoit l’aide de son fils, le benjamin de la famille.

Assan est désemparé. Il ne lui reste plus que ces blocs de ciment en souvenir de sa belle demeure qui se tenait fièrement autrefois ici, au lieu-dit Fret Aéroport dans l’arrondissement de Douala 3ème. De gros bulldozers ont détruit une centaine d’habitations et commerces dans cette zone située près de l’aéroport, aux premières heures la veille, samedi 09 janvier 2021. La maison d’Ibrahim Assan n’y a pas échappé. Le jeune homme avait vécu pendant dix-huit années dans cette maison, avec sa femme et ses quatre enfants (deux filles et deux garçons).

Depuis le jour des démolitions, Ibrahim Assan dort avec sa femme et ses enfants chez son frère au quartier New-Bell, dans l’arrondissement de Douala 2ème. Le jeune bijoutier doit également s’occuper de sa maman qui souffre d’asthme. La dame a malheureusement inhalé l’odeur des bombes lacrymogènes envoyées par la police pour disperser la foule lors de l’opération de déguerpissement. La maman qui séjourne chez un proche retrouve progressivement ses esprits, rassure Assan.

« Quand ils ont commencé a casser chez moi, personne n’était là. Il était 13h. Ma femme m’a appelé. J’étais au travail »,

raconte-t-il.

Le sinistré est revenu sur le site ce matin à  6h, à la recherche de documents importants qui se sont enfouis sous les décombres. Il en a pu sauver quelques uns. Il veut également  récupérer des fils de fer qui selon lui peuvent l’aider à reconstruire une autre maison ailleurs. Avec le cœur lourd, il est disposé à passer tout l’après-midi si possible, dans sa quette. Sa seule consolation est de voir sa famille en santé, après cet épisode difficile à vivre.

Hermine Ndolo Enangue (Stagiaire) avec la Rédaction