Des batailles traditionnelles, administratives et juridiques ont précédé l’autonomie de ce groupement de la région de l’Ouest. 

Ce 05 octobre 2000 est un jour triste au village Balatchi. Les tam-tams annoncent la mort du roi. Les habitants n’iront pas dans les champs. Quelques interdits doivent en effet être respectés avant l’inhumation du défunt chef. Cette tradition est entrée dans les habitudes du peuple Balatchi depuis plusieurs années. Un peuple qui, selon l’histoire, a bravé des divergences, des guerres et des conflits interethniques au fil du temps. Toutes ces batailles sont retracées dans un documentaire intitulé « Balatchi : esquisse de son histoire».

Le film de 72 minutes du réalisateur Hyppolite Nguetsa Nambou s’ouvre sur les pistes en terre battue qui mènent à la chefferie supérieure de ce groupement de 31 km2, situé dans le département des Bamboutos, région de l’Ouest. L’histoire de Balatchi commence à s’écrire au 18ème siècle. A cette époque, Balatchi est une vaste forêt inoccupée. Le chasseur Boumanang, fils du sous-chef de la chefferie Bafou et candidat malheureux à la succession, va se réfugier à Bangang. Il amène avec lui six autres compagnons de chasse. Le chef de Bangang accorde un No Man’s Land à Boumanang au Nord de son territoire. Les chasseurs le baptisent du nom de Latsue (village de brousse), qui deviendra plus tard Balatchi. Les sept chasseurs entrent en guerre contre le village voisin, Babadjou, pour conquérir plus de terres.

Ils parviennent à faire croire aux Babadjou qu’ils ont la force du nombre. Les Babadjou s’enfuient et libèrent une portion de leur territoire. Upc Le documentaire renseigne que Balatchi est d’abord une sous-chefferie de Bangang. Et en 1931, le chef des Balatchi, Yemelong Jacob, demande à ses administrés de ne plus reverser les impôts à Bangang. Le chef est tué empoisonné. Les Bangang, accusés de ce meurtre, imposent un nouveau chef à la tête de Balatchi. Une rébellion se forme à Balatchi. L’Armée de libération nationale du Kamerun (Alnk) de l’Union des populations du Cameroun (Upc) née en 1955 rejoint les jeunes de Balatchi dans la lutte. Le 27 avril 1960, l’armée néocoloniale bombarde Balatchi. De nombreuses pertes en vies humaines sont enregistrées.

La vie reprend au village en 1961. Un arrêté érige Balatchi en groupement autonome le 22 novembre 1962. Le peuple est cependant appelé à se désolidariser de l’insurrection upéciste.

« Le problème Balatchi-Bangang était un problème politique qui a connu une solution politique»,

soutient une élite de Balatchi.

Le documentaire est sorti il y a quelques semaines et a été dédicacé à Douala, en présence d’une forte délégation de fils et filles des Bamboutos. Le documentaire a été réalisé pendant deux années. Un professeur d’histoire et des patriarches du village y interviennent.

Mathias Mouendé Ngamo

« Balatchi : Esquisse de son histoire » ; 2014; Documentaire Réalisateur : Hippolyte Nguetsa Nambou; Durée : 72 minutes