Pénurie : Pourquoi le poulet coûte plus cher au marché
- 8 avril 2021
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La pénurie des poussins a engendré une flambée des prix de la volaille dans les espaces marchands. Le prix des poussins disponibles est passé du simple au double, tandis que le poulet reste difficilement accessible aux ménagères.
Assis sur un banc en bois, Giscard Foning se tourne les pouces en attendant un potentiel client. Il est bientôt 12 h, ce mercredi 7 avril 2021. Les clients se font rares dans le rayons des poulets au marché New-Deido de Douala. Le commerçant s’impatiente. Quelques instants après, une ménagère habillée en noir se présente, mais s’arrête plutôt chez l’un de ses voisins. La jeune dame marchande pendant quelques minutes. Après moult négociations du prix d’un poulet, elle renonce finalement à l’achat. Pour cause, le prix du poulet est excessivement cher pour elle.
« Le poulet est cher. C’est grave ! Le poulet de 3 000 F. Cfa, on vend ça à 4 000 F. Cfa. C’est exagéré. Je rentre à la maison »,
s’indigne la ménagère, le visage serré.
A New-Deido, Giscard Foning propose des poulets de chair à 3 000 et 3 500 F. Cfa. C’est la même situation qui prévaut au lieu-dit marché des Poulets, non loin du marché des chèvres dans l’arrondissement de Douala 2ème. Ici, les commerçants de poulets y vont de leur imagination pour attirer la clientèle et écouler quelques volailles. Certains vendeurs font de grands signes de la main pour interpeller les clients. D’autres se rapprochent des usagers avec un échantillon du produit entre les mains pour amener le preneur à s’intéresser à la marchandise. Mais l’équation n’est pas toujours facile. Le prix ne séduit pas.
Pénurie de poussins de chair
Depuis quelques mois, la filière avicole connait une pénurie des poussins de chair. Cette carence est la conséquence de la hausse des prix du poulet sur le marché. « Lorsqu’il y a manque de poussins, cela engendre une raréfaction du poulet sur le marché. Le poulet que je vendais à 2 500 F. Cfa, aujourd’hui je le vends à 3 000 F. Cfa. Celui de 3 000 est passé à 3 500 F. Cfa. Cette situation dure déjà depuis plus de trois mois. Nous vivons des moments difficiles ces derniers temps », indique Giscard Foning. Il précise par ailleurs que les clients préfèrent se rabattre sur la viande de porc au lieu d d’acheter du poulet plus cher.
Un commerçant installé au marché des Poulets a sa petite idée sur la cause de cette pénurie. Il explique que depuis que cette nouvelle vague de coronavirus a recommencé, certaines frontières ont été de nouveau fermées. Le peu de poussins qui parvenait à entrer était insuffisant pour satisfaire la demande des fermiers.
« Celui qui a passé la commande de 1 000 poussins, on ne parvient pas à le fournir la moitié c’est-à dire 500 poussins. On le fournit que 150 poussins »,
explique ce commerçant.
Joseph Tchouanmo, un sexagénaire et vendeur de poussin de chair, a commandé des poussins de chair depuis plus d’un mois. Jusqu’à ce jour, il dit n’avoir pas été livré. « Depuis le 8 février 2021, j’ai passé une commande de 500 poussins de chair. Jusqu’ aujourd’hui, on ne m’a pas encore donné un rendez-vous pour me livrer. Nous sommes dépassés. On ne sait pas ce qui se passe. Je vends les poussins de chair à 400 et 500 F. Cfa. Or, par le passé, ça coutait 250-300 F. Cfa », détaille Joseph Tchouanmo.
Importations du Brésil
Le 22 mars 2021, Dr Taïga, le ministre de l’Elevage des pêches et des industries animales, a adressé une correspondance à l’ambassadeur du Brésil au Cameroun. Il indique dans cette lettre N°000411/MINEPIA/SG/DSV que : « dans le cadre du développement de la filière avicole camerounaise et de la diversification des fournisseurs d’intrants, j’ai l’honneur d’accepter l’importation des produits et sous-produits aviaires du Brésil selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) », peut-on lire dans sa correspondance.
Selon les normes de l’OIE, les produits et sous-produits doivent provenir d’un pays indemne d’influenza aviaire, la grippe qui a poussé le Cameroun à fermer ses portes à l’Europe et se retourner vers le Brésil. Dans les marchés de Douala, certains commerçants de poulets saluent la décision du ministre de l’Élevage. D’autres usagers sont plus prudents. Ils attendent encore de voir les répercussions sur la filière avicole et dans le panier de la ménagère.
Moustapha Oumarou Djidjioua