Julien Fouman. Le président national du Syndicat national de l’énergie électrique (Snee) réagit à la cession des parts d’Aes Sonel.   Comment les employés d’Aes Sonel réagissent à la cession des parts d’Aes Sonel à Actis ? Nous avons demandé aux travailleurs d’observer le calme. La manœuvre d’Aes Corps et de sa direction générale d’Aes Sonel tend à mettre le gouvernement sous pression et le pousser à avaliser quelque chose qu’il ne voulait pas avaliser depuis. Le gouvernement avait demandé qu’on fasse d’abord le bilan des douze ans de collaboration au niveau du contrat de concession. Et sachant que le bilan allait être très défavorable, ils ont voulu passer en force. Nous savions qu’à Yaoundé le premier ministre pilotait encore le comité de relecture qui avait pris du retard parce que certains hauts responsables de ce pays étaient dans la combine. Le premier ministre s’est battu pour qu’on fasse d’abord le bilan. Nous sommes sure que la version du gouvernement va tomber dans le sens de sauvegarder les intérêts nationaux, dont l’intérêt des travailleurs. Aes Corps dit qu’il vend 56% des parts, alors qu’il n’est pas propriétaire que de 51% des parts. 5% c’était pour les travailleurs. Nous avons envoyé des pétitions à l’Etat. Nous attendons de voir sa position. Nous nous défendrons bec et ongle pour nos intérêts même s’il faut aller jusqu’à la grève.   Que devient la part du personnel dans cette opération ? Nous demandons qu’on nous cède nos parts. On a fait des conciliations avec l’inspection du Travail. On nous a demandés de passer le relais à la justice, la Cour d’appel. L’Etat a bloqué ce passage de témoin à la justice depuis 2008. Les travailleurs ont porté le problème en Amérique. Depuis juin nous sommes dans une bataille juridique féroce au tribunal fédéral de Virginie pour distension abusive de nos 5% depuis 2001 et ils nous doivent aussi une prime de 45 milliards F. Cfa. C’est avec cette prime qu’ils nous ont volée qu’on va prendre nos 5% et le reste on se partage. Les 5% des travailleurs, ils ne peuvent pas les vendre. Dans la convention d’actionnaires, il s’est engagé à céder ces actions aux travailleurs depuis 2001. Il y avait deux ans de différé. Personne ne prendra nos 5%. Est-ce que le climat social s’en trouve perturbé, ou y a-t-il plutôt espoir ?   Il va s’en trouver perturbé. Même si Aes Sonel s’en va, nous on n’a porté plainte à Aes Corps. C’est lui qui aura causé des dégâts, puisque c’est lui qui était majoritaire au Conseil d’administration. Tout peut se gâter avec la position du gouvernement. Même si le gouvernement devait accepter, qu’il demande à ces gens-là de décrocher nos 5%. On n’acceptera pas le nouveau tant que nos 5% ne seront pas posés sur la table. Actis, dans ses propositions, a demandé au gouvernement qu’il lui accorde trois ans de différé avant qu’il donne les 5% des travailleurs. On sait que syndicat a toujours été contre la concession. Est-ce qu’il est possible aujourd’hui d’opter pour l’affermage ? Nous avons été massacrés, pourchassés, persécutés parce qu’on a osé soulever ce problème. On a dit à l’Etat qu’il s’est planté en 2001. La bonne solution ce n’était pas la concession. Quand vous donnez à un opérateur privé capitaliste, qui ne veut que son rendement au jour le jour, vous ne pouvez pas faire la concession. Il fallait faire l’affermage. Avec Edc créé en 2006, il fallait être conséquent jusqu’au bout, basculez à l’affermage. Dire par exemple que le fermier c’est Edc et le gérant de la ferme c’est Aes. Propos recueillis par Mathias Mouendé Ngamo