A côté du lourd travail à abattre au quotidien, les hommes de médias de la capitale économique ont un pied dans cette fête du football africain.

Un gros porteur de 70 places estampillé « Total Chan 2020 » vient de décoller du lieu-dit Carrefour Ndokoti à Douala. Le véhicule qui essaie de se frayer un chemin dans l’embouteillage captive très vite l’attention des usagers de ce carrefour névralgique de la capitale économique. Les riverains ont la tête hochée et les yeux rivés vers le gros porteur. L’animation en provenance du bus laisse deviner qu’il s’agit d’une équipe engagée dans la compétition qui se rend au stade de Japoma. L’affiche du jour dans ce complexe sportif est d’ailleurs des plus alléchantes. Les Lions A’ du Cameroun affrontent la sélection de la République démocratique du Congo (Rdc). Un match qui compte pour les quarts de finale du Chan 2020.

Difficile de reconnaitre un visage de joueur depuis l’extérieur. Les passagers du bus sont visiblement très endiablés. Ils reprennent en chœur des chansons bien connues. Les mouvements de corps cadencent avec les mélodies. A l’écoute, on a reconnu des titres de l’heure comme le fameux « Tchapeu Tchapeu » ou encore « Le Nyama » de Aveiro Djess.

Ambiance

Le gros porteur traverse maintenant le marché Nyalla Château. Ici encore, les regards interrogateurs des conducteurs de moto et des piétons se multiplient. Même s’ils n’ont pas de réponses à leurs questionnements, certains usagers ne manquent pas d’encourager les occupants du bus en soulevant le poing. Peut-être s’agit -t-il du passage des Lions Indomptables, doivent murmurer d’aucuns.

Rendu au lieu-dit Carrefour Nkolbong, le stade de Japoma n’est plus loin. L’effervescence dans les alentours le démontrent bien. Les drapeaux des deux pays en lice ce 30 janvier 2021 sont accrochés de part et d’autres. Des vendeurs de gadgets : vuvuzela, chapeau, sifflets et drapeaux sont à la quête de potentiels clients. Le bus s’immobilise ici. L’ambiance à l’intérieur n’a pas baissé d’une octave. Bien au contraire, plus le véhicule est proche de Japoma, plus l’ambiance gagne en décibels.

De plain-pied dans la compétition

A quelques mètres du stade de Japoma, l’heure est à la fête.

C’est du bikutsi qui anime les oreilles maintenant. Des riverains de Nkolbong, curieux, se rapprochent du bus pour s’informer davantage sur la délégation de passage chez eux. Il faut effectivement être tout près du véhicule pour lire les affiches placardées un peu partout sur le bus qui indiquent bien «Journalistes ». Oui, les journalistes de Douala sont de plain-pied dans la rencontre décisive du jour. Ils n’ont pas interrompu le chant une seule seconde.

A 100 mètres du stade, la police a établi un cordon de sécurité. Ça circule lentement. La présence des forces de l’ordre en nombre n’entame pas la bonne humeur des hommes de médias. Ils chantent à haute voix. Et voici qu’à l’entrée du stade, le véhicule est stoppée par la sécurité. Un policier monte dans le bus. La mine serrée, il veut contrôler les accréditations des uns et des autres, fait -t-il savoir. Sa venue rajoute de l’entrain chez les journalistes. Et voici qu’ils mêlent l’homme en tenue dans le bain. « Policier !!! policier !!!», crient -t-ils en chœur en l’invitant à danser. Peine perdue. Le policier contrôle et descend. 

Quand le Chan 2020 resserre les liens

Une fois sortis du bus dans le parking, les hommes de médias de Douala s’adonnent à quelques pas de danse avant de rejoindre le Media Center, où l’ambiance laisse place à l’assiduité, au travail. C’est la même ambiance qui prévaut dans le bus des hommes de médias les jours de matchs sur le site de Douala (Japoma et stade de Réunification). Très enthousiastes, il arrive que certains journalistes pour détendre l’atmosphère effectuent le salut militaire à l’endroit des hommes en tenue en faction à l’intérieur du complexe. Ils le leur rendent par un sourire.

« Les journalistes jouent leur partition à mon avis. Je pense que la compétition à aider à resserrer les liens entre les confrères. Il y a beaucoup de solidarité entre les confrères et même les journalistes étrangers. Ça démontre que le Chan 2020 est une compétition qui rassemble»,

témoigne Léandre Nzie, journaliste.

Il relève que courir d’un stade à l’autre s’avère très épuisant. Sortis du domicile tôt le matin, les hommes de médias terminent souvent leur boulot au-delà de 23h. L’ambiance dans les bus permet sans doute aux uns et aux autres d’oublier un peu cette fatigue.  

Mathias Mouendé Ngamo