« Les Trois Lascars » : Quand la Tchiza est aux commandes (critique de film)
- 25 octobre 2021
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Le long métrage de réalisateur Burkinabé Diallo Boubakar qui a remporté un Prix spécial à la 27ème édition du Fespaco traite de la question d’infidélité dans les couples et son impact dans un foyer conjugal.
Le phénomène de la Tchiza est bien connu des pays africains. C’est une expression utilisée pour qualifier les maitresses (amantes) des hommes mariés. L’évocation de cette expression rime avec la tromperie et l’infidélité. C’est d’ailleurs ce que nous propose le réalisateur Burkinabé Diallo Boubakar dans son long métrage intitulé « Les Trois Lascars » sorti en 2021. D’une durée de 90 minutes, le film de Diallo Boubakar est le seul long métrage Burkinabé en compétition au Fespaco 2021. Le film est une comédie dans laquelle les cinéphiles découvrent au-delà de l’infidélité des couples, le pouvoir de la Tchiza. Un pouvoir qu’elle exerce sur un homme marié et qui affecte le foyer conjugal de ce dernier.
« Les Trois Lascars » c’est l’histoire de trois voisins à Ouagadougou (Momo, Idriss et Willy) qui, sous les pressions de leur Tchiza, décident d’aller passer un weekend amoureux à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Pour ce faire, chaque homme doit trouver un alibi pour justifier son voyage à sa femme. Malheureusement, l’avion va faire un crash et les trois hommes qui n’ont jamais embarqué sont désormais considérés morts pour leurs familles.
La thématique autour de l’infidélité n’est pas nouvelle, mais la particularité réside dans le choix de cette nouvelle appellation des « maitresses » devenue « Tchiza » dans certains pays d’Afrique. En fait, cette appellation qui a le vent en poupe peut changer en fonction de l’espace géographique. Au Cameroun par exemple, la Tchiza est également connue sous l’appellation « Djomba ».
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La Tchiza aux commandes
Cette appellation devenue tendance est aussi synonyme d’un train de vie élevé. Ainsi dans le film, on retrouve des hommes riches avec de belles maisons, un décor de qualité, des costumes chics et class, du ‘’bling bling’’, un maquillage relevé et de belles coiffures, etc. Bref, tout ce qui sublime la Tchiza. Elle se retrouve dans son environnement avec des hommes bourgeois qu’elle contrôle. Des endroits de luxe à Ouagadougou que les plans d’ensemble présentent bien. Des plans à travers lesquels l’on découvre aussi la culture et les spécificités du Burkina Faso. Le réalisateur zoome aussi sur l’utilisation des smartphones et l’importance du réseau internet.
Le film grand public est conté de façon linaire. Il est passionnant, sensuel, dramatique et comique. Il est centré sur les Tchiza qui se servent de leur pouvoir de séduction pour arriver à leur fin. Les hommes n’ont en réalité pas parole. La force se trouve dans le casting du réalisateur. Un excellent casting constitué des comédiens Burkinabé et Ivoiriens. Les acteurs interprètent bien leurs rôles face aux situations qui se présentent à eux. Qu’on soit en joie ou en détresse, les expressions faciales sont naturelles et réelles. Par ailleurs, le film a des incompréhensions et certains scénarios ne se suivent pas. Il y’a des sautés. On peut le voir avec la scène où on annonce à Momo le décès de sa femme. Elle est directement suivie contre toute logique, de la scène où celui-ci retourne vers elle pour s’excuser.
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Prix Spécial au Fespaco 2021
“Les Trois Lascars“, de Boubacar Diallo, seul film burkinabé en compétition officielle dans la catégorie “Long métrage” au Fespaco 2021, a obtenu le Prix spécial de l’intégration de la Communauté économique de développement de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Tatiana Kuessie, à Ouagadougou
Cet article a été rédigé dans le cadre de l’atelier de formation en critique cinématographique organisé à l’occasion de la 27ème édition du Fespaco par la Fédération africaine de la critique cinématographique (Facc).