Au Cameroun, 60,3% des enfants âgés de moins de 5 ans souffrent de carence en Fer

Selon les professionnels de la Santé, il faut un contrôle sanitaire plus accentué chez ces derniers qui ne manifestent pas toujours la maladie par la toux comme les adultes.

Pour arriver à la Léproserie de la Dibamba, un centre médical de prise en charge des lépreux et des patients atteints de la tuberculose dans la région du Littoral, il faut parcourir environs quatre kilomètres à partir du lieu-dit Tradex Yassa, dans le troisième arrondissement de la ville de Douala. La route impraticable est un véritable chemin de croix pour les usagers qui l’empruntent au quotidien. La route est jonchée des nids de poules transformés en nid d’éléphant. La pluie qui s’est abattue ces derniers jours a laissé des eaux stagnantes dans les crevasses. Une fois devant le centre, une plaque vétuste renseigne : « Archidiocèse de Douala, léproserie de la Dibamba ».

Il est 11 h, ce mardi 16 mars 2021. A l’intérieur de la léproserie, c’est un calme plat qui règne au sein de cette formation. Devant les services de cette léproserie, quelques patients, qui pour la plupart ont un pied bandé, sont venus soit pour se faire consulter, soit pour le contrôle. Au Centre de dépistage et de traitement de la tuberculose (Cdt) logé dans l’enceinte de ladite léproserie, les malades atteints de la tuberculose sont au repos dans leurs salles respectives. Dans le Bloc D, (zone où les malades atteints  de la tuberculose sont internés) une dame est assise sur un banc au milieu de la cour en compagnie de quelques hommes. Vêtue d’une robe rouge, elle s’active pour faire la lessive.

24 584 cas de tuberculose dont 1 263 cas infantiles en 2019

Selon un rapport publié le 18 janvier 2021, Marthe Anick Nga Minkegue, le chef service communication partenariat et mobilisation sociale au Programme national de lutte contre la tuberculose (Pnlt), indique que le Cameroun a enregistré 24 584 cas de tuberculose, dont 1 263 cas infantiles en 2019. Des chiffres qui témoignent à suffisance que les enfants peuvent être exposés à cette maladie infectieuse.          

En effet, selon les explications de Béatrice Makumbo, la responsable du Centre de diagnostic et de traitement de la tuberculose (Cdt), les enfants de moins de cinq peuvent être atteints de la tuberculose. Ils sont susceptibles de faire la maladie. Seulement, ils ne manifestent pas toujours la maladie comme un sujet adulte le fait par des symptômes de toux persistante. Un enfant, dont la tranche d’âge est comprise entre zéro à cinq ans, bien qu’ayant une toux, peut développer d’autres symptômes de la tuberculose tels que de la perte de poids, le manque d’appétit. Chez le nouveau-né, il perd le goût de téter les seins de sa mère, apprend-on.

A ce stade de la maladie, le diagnostic devient plus difficile. « Les enfants ne savent pas produire la toux comme les grandes personnes. Or, chez les grandes personnes on les explique qu’il faut procéder de cette manière pour avoir un bon crachat. Ce qui n’est pas le cas chez les enfants. Les enfants de moins de cinq ans ne savent pas tousser pour sortir le bon crachat », détaille Béatrice Makumbo, la responsable du Centre de diagnostic et de traitement de la tuberculose (Cdt) à la Léproserie de la Dibamba. Le plus souvent, il faut passer par le prélèvement par aspiration gastrique pour avoir les crachats et pouvoir faire des examens approfondis pour détecter la maladie.   

Suivre l’enfant au même moment que la mère

Léproserie de la Dibamba. Un laborantin débout. En face de lui, le Bloc D, zone où les malades de la tuberculose sont internés. Crédit photo: Oumarou Moustapha.

Aussi, d’après les spécialistes de la santé, une maman atteinte de la tuberculose et qui vient d’accoucher, court le risque de contaminer son nouveau-né. « C’est possible que l’enfant soit contaminé si la mère ne respecte pas l’hygiène de la toux. Après avoir accouchée, elle doit continuer à allaiter son enfant, mais en respectant l’hygiène de la toux. Elle ne doit pas avoir l’enfant en main et tousser sans toutefois se protéger. Si elle ne protège pas l’enfant, il est tellement exposé », explique Béatrice Makumbo. Elle précise par ailleurs que l’enfant doit être suivi au même moment que la mère par mesure de précaution, car il existe un traitement préventif pour les nouveau-nés. La prise en charge de la tuberculose dans les formations sanitaires est gratuite.        

Moustapha Oumarou Djidjioua  

Béatrice Makumbo

« Nous avons eu à faire face à des cas de la tuberculose maternelle et infantile »

La responsable du Centre de diagnostic et de traitement de la tuberculose (Cdt) à la Léproserie de la Dibamba s’exprime.

Béatrice Makumbo, la responsable du Centre de diagnostic et de traitement de la tuberculose (Cdt) à la Léproserie de la Dibamba. Crédit photo: Moustapha Oumarou

A Quels types de cas faites-vous face au Centre de diagnostic et de traitement de la tuberculose (Cdt) à la Léproserie de la Dibamba?

Jusqu’ici, nous avons eu deux femmes qui venaient d’accoucher et qui faisaient la tuberculose, et un autre enfant qui avait presque deux ans et plus. Il y a eu un cas où la femme enceinte avant son accouchement toussait déjà, on se disait que c’était une toux simple comme le plus souvent à la fin de la grossesse il y a une toux qui est un peu résistante. Mais curieusement, quand elle a accouché, la toux n’a pas disparu. Ça nous a emmenés à consulter, et nous nous sommes rendus compte que c’était la tuberculose.

Y a-t-il suffisamment de centre de traitement de la tuberculose à Douala ?

 Il y a au moins une trentaine de Centre de diagnostic de traitement de la tuberculose (Cdt) dans la ville de Douala. Selon ce que les malades nous disent souvent, il y en a qui viennent de très loin. Le principe voudrait que lorsqu’un malade vient ici, qu’on le renvoie dans un centre qui est proche de son domicile. Pour que, même s’il n’a pas d’argent de transport, qu’il puisse marcher à pied pour arriver dans son centre de traitement. Curieusement, il y a des malades qui viennent ici, lorsqu’on les renvoie dans un centre proche d’eux, ils ne veulent pas. Ils disent que c’est isolé et qu’il y a l’accueil. Le traitement est le même dans tous les centres de prise en charge de la tuberculose.     

Propos recueillis par Moustapha Oumarou Djidjioua