Ce qui reste de l'effondrement de l'immeuble de la mort à Mobil Guinness à Douala

La Ministre de l’Habitat et du développement urbain descendue sur le lieu du drame à Mobil Guinness lundi 24 juillet 2023 déplore l’absence du permis de construire et appelle les maires à veiller au respect du document de planification.

Sur le site de l’effondrement au lieu-dit Conteneur Rouge derrière « Mobil Guinness » à Douala ce lundi 24 juillet 2023, les sapeurs-pompiers n’ont pas une minute de répit. Ils fouillent dans les décombres pour tenter de retrouver de nouvelles victimes ou des survivants. La pèle excavatrice du gros engin qui les accompagne dans la tâche est aussi à la  manœuvre pour écarter les gros blocs de béton.

Des camions viennent et repartent chargés de gravats, sous le regard triste des populations maintenues à bonne distance. Le cordon de sécurité établi est tenu par des militaires armés du Bataillon d’intervention rapide (Bir), un corps d’élite de l’armée camerounaise. Ce lundi matin, ils sont plutôt rigoureux sur les consignes. Les familles inconsolables, venues constater l’ampleur des dégâts où leurs proches ont perdu la vie, devront attendre la fin des travaux.

L’opération de fouilles entamée depuis dimanche 23 juillet 2023, quelques instants après le drame, se poursuit encore. Après le passage du gouverneur de la région du Littoral la veille, la ministre de de l’Habitat et du développement urbain (Minhdu) est descendue sur les lieux lundi pour se rendre compte de la situation et témoigner de la compassion du gouvernement de la République aux victimes et aux familles des victimes. La visite de Célestine Ketcha Courtès avait aussi pour but de comprendre l’origine de cette catastrophe.

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Permis de construire

La ministre a également fait un tour dans les formations hospitalières qui ont accueilli les blessés, au moment où le bilan du drame s’est alourdi. A 18h lundi, on pointait désormais 37 morts et 21 blessés. L’hôpital Laquintinie et l’hôpital de district de Deïdo rassurent de ce que les autres blessés de l’effondrement de cet immeuble R+4 sont dans un état stable.

«Nous nous sommes rendus compte que l’immeuble n’avait pas de permis de construire et était situé dans une zone non appropriée», a déploré Célestine Ketcha Courtès.

La ministre de l’Habitat et du développement urbain a appelé les maires d’arrondissement, le maire de la ville de Douala et ceux des autres villes du Cameroun à l‘urgence de la mise en œuvre des documents de planification et des textes sur l’urbanisme. Ils doivent, d’après la ministre, se rassurer de ce que chaque immeuble doit avoir un permis de construire et doit être construit dans une zone dans le respect du document de planification. Les autorités de la ville sont appelés à identifier les immeubles à risque et proposer un plan d’action afin d’éviter le pire à l’avenir.

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Immeuble de la mort

En rappel, l’immeuble R+4 s’est effondré autour de minuit 12 dimanche 23 juillet 2023. Le drame est survenu alors que la ville était arrosée par la pluie.  Plusieurs résidents étaient éveillés dans le bâtiment qui hébergeait environ 80 résidents. Des jeunes qui célébraient la réussite à l’examen du baccalauréat ont été pris dans le piège des gravats. Le disc-joker a eu la vie sauve parce qu’il avait lancé une Playlist de musiques pré enregistrées et s’était éclipsé. La célébration d’un « voir-bébé » a également mobilisé du monde.

Une dame partie acheter des beignets dans un supermarché non loin a également eu la vie sauve. Un conducteur de mototaxi qui affirme avoir eu plusieurs pannes sur le chemin de retour à la maison a assisté impuissant à l’effondrement à son arrivée devant l’immeuble où il occupait une chambre. Un autre résident encore, parti chercher à manger à son épouse a échappé à l’effondrement de cet édifice qui avait été baptisé « Immeuble de la mort » par les habitants du quartier du fait de son apparence et de sa vétusté.

«Tout le monde appelait ça l’immeuble de la mort. C’était très vieux. Et on ajoutait des niveaux au fur et à mesure. L’immeuble était penché. Nous ne sommes pas surpris de ce qui est arrivé aujourd’hui, mais nous déplorons les morts», a témoigné une voisine.

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Dans le même week-end, deux autres immeubles se sont effondrés à Douala au quartier Ange Raphaël (Carrefour Ipa) et au quartier Bépanda (54 Escaliers). Aucune victime humaine n’a été enregistrée dans ces deux autres catastrophes.

Mathias Mouendé Ngamo