Spectacle. Le plasticien et metteur en scène a offert vendredi 27 avril 2012 à Douala, une mise en espace et lecture du texte « La République des poches ».   C’est un mélange de lecture, de représentation théâtrale et de performance artistique qui est présenté ce vendredi 27 avril 2012 à l’espace doual’art à Bonanjo. Il est environ 19 heures. Sur la scène, Gustave Ntamack joue aux percussions. Trois bûches de bois forment un triangle tout près du musicien. Eric Delphin fait son entrée quelques minutes plus tard, une bouteille de bière dans une main et une hache dans l’autre. Le metteur en scène et plasticien avale quelques gorgées de bière. Il  frappe dans une première bûche avec sa hache, puis déclame : « Bienvenue dans l’arène du poème, où la parole est patrimoine de nos deuils (…)». Le poète baisse sa culotte. Il s’assied sur un seau rempli d’eau et poursuit sa lecture. Il frappe ensuite dans une autre bûche. Lorsque la hache s’enfonce dans le bois, il reprend son texte et sa bouteille. « J’ai besoin de paix et de vie » ( …), déclare-il. Le poète pose ensuite les textes sur la bûche et les déchire à l’aide de sa hache. Il reverse les détritus dans le seau. Ce soir, Eric Delphin fait une mise en espace et lecture du texte « La République des poches » du journaliste camerounais Martin Anguissa. Le texte est plutôt dur envers ceux qui confisquent la République dans leur poche. Il décrie aussi les injustices, les conditions de vie précaires au Cameroun. « La République est dans sa poche et moi je meurs citoyen abstrait, parce que rebelle à l’anal ouvert, au verset du tout va bien…Dans la poche du président, la République est un tombeau ouvert… J’ai 33 ans et je souhaite la bienvenue à ma mort. L’espérance de vie ça veut rien dire», indique le texte. Eric Delphin le retranscrit à travers une performance dans laquelle il fait corps avec les écrits. Il utilise par exemple des variations de timbre vocal pour reporter un dialogue entre une prostituée et son client au quartier Mvog-Bi à Yaoundé. Dans la lignée du poète allemand Paul Celan, Eric Delphin se sert aussi du bégaiement non pas comme pathologie, mais pour exprimer la difficulté de dire. « J’entre dans la peau des bucherons parce que ce sont des gens que l’on écoute pas, alors qu’ils ont des choses souvent pertinentes à dire, tirées de leur vécu quotidien», explique Eric hors de la scène. A la fin de sa représentation, le poète s’arrose avec le contenu du seau, comme pour se purifier. « La République des poches » est la première mise en espace et lecture représentée à doual’art. Les responsables de l’espace d’art contemporain disent attendre les premières observations de la représentation d’Eric Delphin pour voir dans quelle mesure d’autres initiatives du genre seront prises. Mathias Mouendé Ngamo