Jean Jacques Ekindi:«Le nouveau code électoral est un système pour contrôler le bureau de vote»
- 29 avril 2012
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Interview. Le président du Mouvement progressiste décrie des dispositions du nouveau code électoral. Que reprochez-vous au code électoral récemment adopté? Ce qui est mauvais c’est que cette loi constitue un véritable complot. J’entends par complot une succession de dispositions qui font que le contrôle du vote ne peut pas l’échapper. Premièrement, Elecam. Avant, pour mettre fin au fonctionnement des membres d’Elecam, le président devait soumettre le dysfonctionnement d’Elecam au Conseil constitutionnel qui se prononçait et qui autorisait le président à mettre fin aux fonctions d’Elecam. Ils ont enlevé cette disposition. Donc à l’heure actuelle, le président peut à tout moment relever de ses fonctions n’importe quel membre d’Elecam. En deuxième lieu, ils ont mis en place un système où ils contrôlent complètement le bureau de vote. Un vote se passe dans un bureau de vote. Et quand vous le contrôler de telle sorte que les candidats eux-mêmes ne sont pas autorisés à venir regarder le vote ? Ils vont seulement compter sur vous pour que vous leur dites s’ils ont gagné ou pas. Et connaissant la culture de fraude du Rdpc, nous savons que le Rdpc ne dira jamais que tel a gagné contre lui tant qu’il aura la possibilité de le faire. Ils ont supprimé les scrutateurs des bureaux de vote. On ne peut plus voir ce qui se passe. Et s’agissant de la dernière disposition qui concerne l’élection municipale, le président était une personnalité indépendante nommée avec l’accord des partis. Mais dans la nouvelle loi, ils ont enlevé l’accord des partis. Ca devient une personnalité purement et simplement nommée par le directeur général d’Elecam et ils ont changé les dispositions. Dans l’ancienne disposition, il y avait une parité. Cinq membres représentaient l’administration et cinq membres représentaient les candidats des partis politiques. Dans la nouvelle disposition, trois membres représentent Elecam, trois membres représentent l’administration et chaque candidat n’est représenté que par un seul membre. Or quand il y a deux ou trois candidats ca veut dire que vous avez déjà sept personnes qui sont là face au seul représentant du parti. Ce sont eux qui décident de disqualifier les procès verbaux parce qu’ils estiment qu’ils ne sont pas conformes. Donc ils sont en mesure de tout manipuler. C’est pour cela que cette loi ne peut pas être applicable en démocratie. Quelles sont les actions que le Mouvement progressiste entend mener… Je ne pense pas que le Mp soit le seul parti concerné. Le Mp a d’abord l’obligation d’informer. Il faut qu’il informe non seulement la presse, mais tous les citoyens. Parce que c’est du vote des citoyens qu’il est question. Cette loi concerne tous les Camerounais. Ce n’est pas une loi du Mp. Nous devons comprendre que la survie de la démocratie en dépend. Cette loi, que ce soit le Sdf, l’Udc, l’Undp, le Mp ou d’autres partis, personne n’a plus son sort entre ses mains. Ce que nous allons faire, c’est informer les populations, appeler ceux qui sont concernés qu’il s’agit de la société civile, des associations, des Ong, des observateurs et des partis politiques, à nous organiser pour faire échec à cette loi et nous espérons que l’issue la plus heureuse serait que le président Biya ou les gens qui l’ont conseillé, se rendent compte qu’ils ont fait fausse route. Et qu’il vaut mieux pour préserver la démocratie et la paix, qu’on retire ces dispositions de cette loi là. Si on ne les retire pas, je suis persuadé que les prochaines élections risquent de se passer très mal. Ce n’est pas ce que nous souhaitons. Mais quand on marche aussi brutalement sur le peuple et son opinion, je ne suis pas sûr que le peuple aura la patience d’attendre qu’un gouvernement perpétuel se mette en place. Avec cette loi le Rdpc gagnera toutes les élections. Propos recueillis par Mathias Mouendé Ngamo