Le carnaval de l’assemblée traditionnelle du peuple sawa s’est ébranlé dans les artères de la capitale économique  samedi 26 novembre 2011.

En première ligne, des fontélés (gardiens de la tradition sawa) donnent le pas. Ils sont suivis de huit jeunes, installés dans une sorte de pirogue en tissu. Pagaies en main, ils s’activent à faire avancer la barque, et avec elle, tout un cortège de fils et filles sawa. Le carnaval du Ngondo vient d’entamer son périple à travers les artères de la ville de Douala, ce samedi 26 novembre 2011. Le point de départ est le lieu-dit « Camtel Bépanda » dans l’arrondissement de Douala 5ème.

Cinq cars podium sont affrétés pour la circonstance. Les véhicules qui diffusent de la musique, sont décorés de dessins et de pailles. Une case traditionnelle est dressée sur chacun des cars. Tout près de la hutte, des danseurs déguisés se trémoussent. Entre les véhicules, différentes associations sawa et communautés étrangères invitées forment les carrés. Chacun des participants y apporte de sa dextérité pour capter l’attention des badauds. Les festivaliers sont vêtus pour la plupart de pagne ou de « kaba », avec des feuilles de bananier séchées nouées autour des reins, de la paille autour de la tête. Certains brandissent des pagaies sur lesquelles sont inscrits les noms des différents cantons sawa. D’autres agitent de petits drapeaux qui renseignent sur l’évènement et le thème choisi : « Duala sawa carnaval Musango 2011 ».

Carnaval du Ngondo

Les carrés des forains habillés en tenue de différentes couleurs rajoutent de la beauté au décor général. On reconnait bien là, la touche artistique de Made Jong, qui cordonne le carnaval. La troupe s’ébranle d’abord tout le long de la route « Camtel Bépanda »-« Deïdo Plage»-« Rond point Deïdo », avec son lot de polyphonie. Entre musiques numérisées, fanfares, animation de groupes d’abélé et sons de sifflets, tous les rythmes y passent. Des reprises de chansons d’artistes bien connus et des ritournelles locales (Soulevez ! Soulevez !, Parlez encore !) emmènent des défilants à se défouler.

Toute endiablée, une femme vient de s’étaler en pleine chaussée, non loin du collège Alferd Saker. Sur la cadence d’une ritournelle, elle reprendra le geste près de cinq fois. Les habitants du quartier Deïdo sont émerveillés. Ils sont sortis nombreux vivre le spectacle qui passe devant leurs domiciles. Les plus petits sont au rendez-vous. Des hommes sur échasses et des hommes arborant des masques (qu’ils appellent Njounjou), les effraient, mais les égaient en même temps. Lorsqu’ils sont approchés de près par le « Njounjou », les enfants se réfugient derrière leurs parents, qui vivent eux-aussi l’évènement.

Hommage au roi Deïdo

Trêve de jubilations. Le carnaval du Ngondo marque une pause, devant le mausolée  du roi Deïdo. Un hommage est rendu au disparu. La caravane reprend de plus belle, en direction du Rond point Deïdo. Elle emprunte ensuite la route qui mène au boulevard de la Liberté.  Une panne est signalée sur un des cars podium de l’expédition, non loin du lieu-dit « Rond point 4ème ». La caravane ralentit. Un mécanicien essaie de remédier au problème. Les ancêtres sont avec lui, la caravane retrouve son avancée normale après quelques minutes de dépannage.  Elle traverse la Rue Foch et rallie le boulevard de la République. Elle s’ébranle ensuite jusqu’à l’ «Ancien Dalip », puis rejoint le village du festival au stade Mbappe Leppe, en empruntant le boulevard du 27 août.

Trois heures se seront écoulées durant le tour de ville. Au stade Mbappe Leppe, les différentes communautés qui ont pris part au carnaval sont présentées. On apprendra qu’à cette édition 2011 du Ngondo les communautés Tikar, Haoussa, du Sud Ouest, Bamendou et togolaise, entre autres, ont été représentées. Le programme des festivités se poursuit en prestation des différents groupes, suivi d’un concert. Dimanche 27 novembre 2011, le Ngondo est encore descendu dans les rues de Douala, à travers une course cycliste.

Mathias Mouendé Ngamo