Des journalistes chassés par la police à Douala

Ils ont été refoulés de la Place du gouvernement vendredi par des hommes en tenue armés de matraques, alors qu’ils s’y rendaient comme chaque 3 mai pour commémorer de la journée de la liberté de la presse.

Les journalistes du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) n’ont pas pu se rassembler comme de coutume à la Place du gouvernement de Bonanjo à Douala, vendredi 03 mai 2024. Les hommes de médias vêtus de noir à l’occasion de la 31e édition de la journée mondiale de la liberté de la presse ont été refoulés par la police. Des professionnels de médias indiquent qu’ils ont été bousculés par la police autour de 9h. Des téléphones portables et appareils ont été confisqués.

Le commissaire du 1er arrondissement, vert de colère, a demandé aux journalistes « de sortir et partir » de Bonanjo. La dizaine d’hommes en tenue armés de matraques déployée dans le cœur du quartier administratif veillait au respect de la consigne. Toute personne vêtue de noir est alors considérée comme un journaliste et est sommée de sortir de Bonanjo jusqu’au niveau du pont Joss, la limite avec le quartier Akwa.

Les journalistes sont stoppés ainsi par la police alors qu’ils se rendaient à la Place du gouvernement à Douala comme chaque année, pour la lecture des messages de l’Unesco, de la Fédération internationale des journalistes (Fij) et du Snjc. Et lorsqu’arrive Marion Obam, la présidente  du Snjc, sur les lieux, les journalistes sont dispersés. En quelques minutes, un petit noyau se reforme autour de la présidente. Ces journalistes attachent chacun un bandeau sur la bouche en signe de protestation contre le musèlement de la presse au Cameroun. Le commissaire et ses éléments qui ont observé la scène de loin se re déploient en vitesse pour stopper toute action. Le ton du chef des forces du maintien de l’ordre est plutôt ferme.

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Musèlement de la presse

«Depuis le matin vous êtes au moins une dizaine de vagues de journalistes qu’on chasse ici. Vos confrères étaient là ce matin. Le sous-préfet lui-même était présent. Votre manifestation n’a pas été déclarée. Ce n’est pas parce que vous n’avez pas reçu un refus formel que cela veut dire que vous avez été autorisé à manifester(…) Vous devez quitter ces lieux », gronde le commissaire de police.

Qui se refuse à écouter Marion Obam. La présidente, qui détient une copie de déclaration de la manifestation, a indiqué au commissaire de police que n’ayant pas obtenu de refus dûment notifié, le silence tient lieu d’autorisation.

A la demande du fonctionnaire de police, elle se rendra ensuite à la sous-préfecture de Douala 1er pour tenter de comprendre les raisons de cette opposition. Dans une déclaration, le bureau exécutif national du Snjc réaffirme que « la police est intervenue pour charger brutalement les journalistes dès leur arrivée, les  brutaliser et confisquer le matériel de travail ». Le syndicat dénonce cette action de musèlement de la presse au Cameroun et regrette qu’au moment où le Cameroun a perdu 20 places au classement Rsf, les forces de l’ordre brillent par leur violence sur les hommes et femmes de médias.

Mathias Mouendé Ngamo