Ils demandent à la Société civile camerounaise de l’Art musical (Socam) de rendre des comptes.

« Ca ne va pas. Ca ne marche pas. C’est de notre argent qu’il s’agit. Nous avons le droit de connaitre où est passé cet argent ».

Le cri de colère est d’Ekambi Brillant, le président du Collectif des artistes musiciens du Cameroun. Il s’exprimait ainsi au cours d’une conférence de presse mercredi 3 avril 2013 à Douala. Cette sortie médiatique intervient au lendemain d’une affaire de malversations financières signalée à la Société civile camerounaise de l’Art musical (Socam). Les artistes s’appuient sur le rapport d’activité de l’exercice 2012 de la Socam pour dénoncer plusieurs irrégularités descellées dans la gestion des droits d’auteurs au Cameroun.

Les artistes expliquent que d’après ledit rapport, dont nous avons obtenu copie, les perceptions de la Socam s’élèvent à 651 785 500 F. Cfa en 2012.

« Le Cpmc a versé en plus 380 millions de F. Cfa. La loi prévoit que 70% du total des perceptions doit être reversé aux ayants droits, et 30% affecté au fonctionnement de la structure. Seulement 237 millions de F. Cfa ont été repartis aux artistes. Où est passé le reste d’argent ?»,

s’interrogent les artistes. Ils relèvent qu’en 2012, 90730 Cd ont été timbrés, à raison de 100 F. Cfa le Cd. Et se plaignent qu’il n’y ait eu aucune répartition des droits mécaniques. « Il y a en outre la somme de 20 millions de F. Cfa qui a été prévue pour les perdiems et le fonctionnement du Conseil d’administration. Or il y a eu un seul Conseil d’administration. Où est donc passé cet argent ? », se demande le Collectif des artistes.

La Socam dénoncée

Les artistes s’interrogent aussi sur la gestion du fond d’aide évalué à 17 millions de F. Cfa. Le Collectif est appuyé dans sa démarche par le Syndicat national des artistes musiciens et ayants droits de musique du Cameroun (Symac). Elvis Kémayo, le président du Symac, a adressé une correspondance au président de la Commission permanente de médiation et de contrôle (Cpmc), avec ampliation au Minacult et au cabinet civil de la présidence de la République. La missive datée du 20 mars 2013 porte en objet « Dénonciation et constat de défaillance du Conseil d’administration de la Socam ».

Les artistes demandent la suspension du Conseil d’administration de la Socam, la mise en place d’un administrateur provisoire et un bilan des cinq années d’existence de la Socam. Dans une lettre datée du 19 mars 2013, la ministre des arts et de la culture, Ama Tutu Muna, demandait déjà à Odile Ngaska, Pca du Conseil d’administration de la Socam, de lui faire parvenir des comptes rendus, rapport du commissaire aux comptes et les comptes annuels certifiés par les commissaires au comptes élus, des exercices 2008 à 2012.

Mathias Mouendé Ngamo