Populations autochtones du Cameroun. Une riveraine à Assoumdele III dans la région de l'Est. Photo: Mathias Mouendé Ngamo

La commission des Droits de l’homme du Cameroun décrie les nombreuses formes de marginalisation, de discrimination et de stigmatisation et de violences dont sont victimes ces populations.   

Au Cameroun, les populations autochtones souffrent de plusieurs maux. Elles sont régulièrement victimes de marginalisation, de discrimination et de stigmatisation. La commission des droits de l’homme du Cameroun (Cdhc) qui relève ces entraves indique que ces peuples demeurent vulnérables en raison de l’appropriation illégale de leur terre par le colonisateur, par l’Etat, par les grandes entreprises agricoles et minières, et d’autres acteurs privés. Dans la déclaration de la Cdhc rendue publique à l’occasion de la journée internationale des peuples autochtones qui se célèbre tous les 09 août, l’institution note aussi l’application sélective des textes qui imposent des études d’impact environnemental et la prise en compte du consentement libre, informé et préalable pour tout projet d’exploitation des ressources naturelles.

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A côté de l’accès limité aux bénéfices générés par l’exploitation desdites ressources et au pillage de celles-ci, la commission déplore aussi un accès limité à la citoyenneté, à l’éducation, à la santé, à la terre et autres services  sociaux de base par les populations autochtones au Cameroun. James Mouangue Kobila, le président de la Cdhc, qui signe la déclaration, fait savoir que depuis le début des troubles socio-politiques actuels dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, des conflits ouverts et récurrents opposent les communautés Mbororos aux autres communautés voisines.

Les Mbororos victimes d’enlèvements et d’assassinats

«Les Mbororos sont ainsi victimes d’enlèvements, avec demandes de rançons, de confiscation de bétail, d’incendies de maisons, de déplacements forcés, de torture et d’assassinats par les terroristes sécessionnistes qui leur reproche de ne pas soutenir leur cause »,

indique la Commission.

La plantation d’Etienne Lasaga, un pygmée Baka, a été détruite à Bitebiakang à l’Est. Sans indemnisation. Sur le tracé de la transnationale Sangmélima-Ouesso. Photo: Mathias Mouendé

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La Cdhc relève en sus pour le déplorer, l’impact négatif des foyers de tensions sur les droits des populations autochtones au Cameroun. Il s’agit notamment des attaques répétées de Boko Haram dans l’Extrême-nord du pays ; De l’incursion des groupes armés dans l’Adamaoua et à l’Est. De la situation socio-politique qui prévaut dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.

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Les atrocités sur les populations autochtones du Cameroun

La commission qui ne reste pas insensibles à toutes formes de violences indique qu’elle condamne fermement les atrocités, exactions et toutes les autres formes d’attaques physiques, verbales ou écrites contre les populations autochtones du Cameroun.

« Les acteurs de telles atrocités et attaques doivent être recherchés, interpellés et traduits en justice »,

martèle la déclaration signée du 07 août 2021.

Le chef du village Se’eh et des riverains à l’Est du pays. Ici, une partie de la forêt communautaire Djoko a été transformée en carrière. Photo: Mathias Mouendé

La commission salue cependant les efforts du gouvernement, des partenaires au développement et des organisations de la société civile qui travaillent pour la préservation des droits politiques, économiques, sociaux et culturels des populations autochtones, conformément à la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des peuples autochtones du 13 septembre 2007.  

Afin que ces populations contribuent, au mieux de leur potentiel, à la gouvernance et au développement de leurs communautés respectives, la Cdhc recommande au gouvernement la multiplication des opportunités de participation politique, économique et sociale des populations autochtones du Cameroun dans le cadre de la décentralisation.

Mathias Mouendé Ngamo