L’espace marchand a été fermé au public samedi, au lendemain du sinistre survenu au bloc 2, dans l’après-midi du vendredi 26 octobre 2012.

Une colonne de fumée s’élève d’une boutique de vente de mèches brésiliennes. Des crépitements et des petites explosions se font entendre. Ce sont là, les premières manifestations de l’incendie survenu au bloc 2 du marché Mboppi de Douala ce vendredi 26 octobre 2012. Il est environ 16h30. Les commerçants courent dans tous les sens. Certains se précipitent pour sauver quelques marchandises.

Une dame, dans sa course folle, se renverse avec des boites de bonbon. Une autre, impuissante devant le feu, implore l’intervention de l’éternel à travers des chants de louange. « Mon frère, c’est grave ici.  Tout Mboppi brûle», crie un commerçant, au téléphone. Dix minutes plus tard, un camion des sapeurs-pompiers arrive. Les gendarmes de la brigade de Mboppi, les policiers de l’Equipe spéciale d’intervention rapide (Esir) et du commissariat de sécurité publique du 4ème arrondissement se déploient.

Accès difficile

Les premiers jets d’eau des pompiers atteignent difficilement les flammes. Une autre citerne d’eau arrivée quelques minutes après, essaye de se rapprocher de l’épicentre du feu en empruntant une des entrées du marché. L’étroitesse de l’allée rend difficile l’accès du camion des pompiers. Le véhicule manœuvre près de 25 minutes sur place. La devanture d’une boutique est détruite pour permettre le passage du camion-citerne. Pendant tout ce temps, les flammes gagnent du terrain. La boutique de mèche se consume entièrement. Puis, une papeterie, ensuite une boutique de vente de produits alimentaires. Une centaine de commerces du bloc 2, construits en matériaux définitifs, est en flammes. Les câbles électriques suspendus ici et là servent plutôt de conducteur au feu.

« Lorsque nous avons aperçu la fumée dans la boutique de mèches qui était fermée, nous n’avons pas pensé tout de suite à un incendie. C’est lorsque le feu a surgi que nous avons contacté les pompiers »,

raconte Armel Meli, un sinistré, témoin de la scène.

La thèse d’un court circuit est évoquée. A 17h50, alors qu’on croit la bataille des « soldats du feu » en bonne voie, on signale un autre foyer d’incendie au premier niveau d’un immeuble, à une dizaine de mètres du premier foyer. Le feu est aussitôt maitrisé par les commerçants. « Ce n’est pas logique. Il doit y avoir quelqu’un qui allume ces feux. Tenez-vous sur vos gardes », lance un vendeur à ses compagnons. Chaque commerçant campe devant sa boutique. On s’empresse aussi de couper les câbles électriques et de déchirer les bâches qui pendent devant les commerces. « Il faut déchirer ces bâches. Ça attise le feu », suggère un vendeur.

A 19 heures, des camions citernes de la société Camrail, de l’aéroport et du Port autonome de Douala arrivent en renfort. L’accès au site sinistré est impossible. Les tuyaux sont raccordés pour approvisionner la petite citerne du corps national des sapeurs-pompiers, engagée dans la lutte contre le feu. Deux bouches d’incendie sont repérées dans l’espace marchand, mais la pression d’eau est faible. Les pompiers vont se ravitailler au lieu-dit Carrefour Agip, à une centaine de mètres de Mboppi.

17 personnes interpellées

Une marée humaine entassée à l’esplanade du marché assiste à la scène, impuissante. Certains badauds se sont perchés sur les toits des boutiques encore épargnées par les flammes. Les forces de l’ordre sont à l’œuvre. Ils établissent tant bien que mal un cordon de sécurité autour de l’espace sinistré. Les marchands essayent de sauver ce qui peut l’être. Des badauds en possession de marchandises sont interpellés par les forces de l’ordre. Ils sont conduits à la brigade de Mboppi. « Près de 17 personnes ont été interpellées. Certains ont été relaxés le lendemain (samedi) », confie une source à la brigade.

Marché fermé

Au petit matin de samedi 27 octobre 2012, les commerçants retournent au milieu des décombres pour évaluer l’ampleur des dégâts. Le sol est recouvert d’eau multicolore, où baignent des débris de tout genre. Le contenu de la centaine de boutiques attaquée par les flammes est consumé. Des braises sont encore ardentes dans certains commerces. Une dame, la mine triste, regarde de loin ce qui reste de ses deux boutiques n°342 et n°342 bis. « Quand on a signalé le feu, j’ai fermé ma boutique sans rien emporter. Je me disais que les flammes devaient être maitrisées avant qu’elles n’atteignent mes boutiques. Je vends des produits de la parfumerie. Tout a  brûlé. Je n’ai rien pu sauver, pas même une aiguille. J’ai perdu environ dix millions de F. Cfa de marchandise », se désole Eveline Ngoune, une sinistrée du bloc 2.

Le gouverneur de la région du Littoral, Joseph Beti Assomo, descendu sur le site samedi, a ordonné la fermeture de l’espace marchand, jusqu’à nouvel avis. Une commission a été mise sur pied pour gérer le sinistre. Elle est présidée par le premier adjoint préfectoral. Le résultat du premier recensement effectué samedi 27 octobre 2012 fait état de 75 boutiques consumées dans l’incendie. A en croire Alice Maguedjio, la porte-parole de l’Association des commerçants dynamiques du marché Mboppi (Ascodymm) et par ailleurs présidente du Syndicat des commerçants détaillants du Wouri (Sycodew), une ouverture partielle du marché (le secteur non sinistré) est envisageable, dans les prochains jours.

Mathias Mouendé Ngamo