Anicet Ekane et Djeukam Tchameni

Les deux leaders de l’Union pour le changement embarqués vendredi à Douala font partie d’une centaine de personnes arrêtées ces derniers jours.

Au Cameoun, le président du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), Anicet Ekane, et la trésorière dudit parti politique, Florence Titcho, ont été interpellés à Douala vendredi 24 octobre 2025. Le communiqué du Manidem qui le confirme indique que Djeukam Tchameni, un des principaux animateurs de l’Union pour le changement, a également été mis aux arrêts. Le Manidem dénonce des arrestations abusives et exige la libération de ses dirigeants.

Le communiqué relève qu’ils ont été « enlevés et mis aux arrêts par des éléments de la gendarmerie (…) sans raison valable, ni convocation», sans plus d’éléments. Makini Tchameni, l’épouse de Djeukam Tchameni a dévoilé plus de détails sur l’arrestation de son mari lors d’une conférence de presse organisée en ligne samedi par le mouvement Stand Up For Cameroon.   

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Des hommes encagoulés

Dame Djeukam fait savoir que près de vingt hommes encagoulés à bord de trois véhicules ont débarqué à leur concession à Bonabéri autour de 12h45 vendredi. Les forces de l’ordre ont défoncé la porte. « Ils ne se sont pas présentés. Ils ont demandé où sont les serveurs et ont tout retourné à la maison et à l’école qui est dans la concession. Visiblement ils cherchaient quelque chose. Ils ont emporté les laptops de mon mari, des employés, des enfants », indique -t-elle.

La voix lourde, elle fait savoir qu’elle n’a aucune idée sur la position actuelle de son mari qui a été conduit vers une destination inconnue. Sur les motifs de ces interpellations, certains y voient un lien avec le soutien ouvert de Anicet Ekane et Djeukam Tchameni dans le cadre de l’Union pour le changement, au candidat à la présidentielle Issa Tchiroma Bakary.  

“Arrestations illégales”

Des acteurs de la société civile condamnent ces arrestations. Pour Edith Kah Walla, la fondatrice de Stand Up For Cameroon, il s’agit « d’arrestations illégales, sans mandat et sans convocation. Ce sont des kidnappings », fustige -t-elle. Elle appelle au respect de la loi en ce qui concerne les interpellations. Kah Walla crie aussi à la manipulation en ce qui concerne les photos qui ont circulé sur des objets dits perquisitionnés chez Ekane et Djeukam Tchameni. Rebecca Enonchong pour sa part, reconnait que les leaders politiques interpellés sont psychologiquement prêts pour ces situations. Elle déplore cependant l’état de santé fragile du président du Manidem, qui, dit-elle, doit recourir régulièrement à des traitements.

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Plus de 100 interpellations  

Anicet Ekane, Djeukam Tchameni et Florence Titcho ne sont pas les seules personnes interpellées à la suite de l’élection présidentielle du 12 octobre dernier. Un groupe d’une centaine d’avocats mis en place pour venir en aide aux personnes interpellées lors de la crise post-électorale estime à une centaine les personnes interpellées en date du 25 octobre. Me Thierry Njifen, un des avocats de ce groupe de travail, fait savoir qu’ils ont identifiés 55 personnes placées en garde à vue administrative par le préfet du Diamaré à la prison de Maroua à la suite de rafles. Il note que cinq mineurs font partie de ce lot. L’avocat note que d’autres Camerounais se retrouvent à la prison de Bafoussam sous ordre d’un juge d’instruction.

 « A la suite des rafles à Yaoundé, des centaines de personnes se retrouvent au commissariat central n°1. Nous n’avons pas encore le nombre exact de personnes interpellées. On fait le point aussi à Ngaoundéré et sur tout le territoire national pour voir comment poser des actions et organiser leur défense», indique Me Thierry Njifen. Il relève que les motifs de la plupart des personnes épinglées tournent autour de l’insurrection, de l’article 116 du code de procédure pénal. Le groupe d’avocats dit travailler sous la protection institutionnelle du barreau du Cameroun. Il espère à travers son initiative contribuer à mettre en lumière des cas de violation et amener au respect du code de procédure pénal.

Mathias Mouendé Ngamo