2300 familles à déguerpir à Bonabéri
- 27 mars 2014
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Douala. La démolition des maisons établies sur le terrain de la Magzi au quartier Nkomba a débuté mercredi 26 mars 2014. Martine transporte un matelas sur la tête. Elle tient un lot de vêtements dans une main, et une casserole dans l’autre. Elle transpire à grosses gouttes. Ses yeux sont noyés dans les larmes. «On ne peut pas venir un matin comme ça et jeter des familles dans la rue. Soyez humains. Vous voulez qu’on aille où ? », crie-t-elle, le visage serré. D’autres habitants du quartier Nkomba à Bonabéri courent dans tous les sens. C’est le sauve qui peut. Chacun essaye de récupérer un meuble ou un ustensile de cuisine. Les gros engins destructeurs gagnent du terrain, démolissant tout sur leur passage. Une équipe mixte constituée de près de 150 policiers et gendarmes encadre les déguerpissements. Les hommes en tenue sont armés de fusils, de matraques et de gaz lacrymogènes. Un camion antiémeute est garé non loin. Près de soixante « gros bras », massues en main, s’activent à détruire les maisons. Plus de 100 habitations sont terrassées. Les bâtisses ciblées sont celles établies sur le terrain de la Mission d’aménagement et de gestion des zones industrielles (Magzi). Lorsque les engins arrivent devant le centre de santé Wisdom Health Care Center de Nkomba, dix patients y sont internés. Une femme enceinte a commencé le travail. Après moult supplications, le centre de santé spécialisé de vaccination va bénéficier d’un moratoire de cinq jours. La femme enceinte est transférée dans un autre centre hospitalier proche. « Tout le matériel et les vaccins du centre seront envoyés à l’hôpital de district de Bonassama », précise Kiambouh Musa Fonguong, le responsable du centre de santé de Nkomba. 2300 familles «Les casses ont commencé vers 5 h. Certains habitants n’ont pas pu sauver des meubles dans leur domicile », déplore Martine Kamani, une sinistrée. Les habitants de Nkomba indiquent qu’ils vivent sur ce site depuis plusieurs dizaines d’années, et qu’ils n’ont pas reçu de sommation. Mais des employés de la Magzi soutiennent que plusieurs réunions ont été entreprises avec le sous-préfet de Douala 4ème pour sensibiliser les populations. 2300 familles environ sont visées. L’administrateur civil est descendu sur le terrain mercredi, pendant les démolitions. Les engins ont continué les casses à Nkomba, jeudi 27 mars 2014. Mathias Mouendé Ngamo