Musique. Après 35 ans passés loin de son pays natal, l’artiste a donné son premier spectacle au Cameroun jeudi 18 octobre 2012 à Douala. A 19h20 minutes ce jeudi 18 octobre 2012, ça se bouscule déjà dans le hall de l’Institut français de Douala. Les spectateurs, massés en nombre, jettent de temps à autre un regard vers l’horloge accrochée à l’entrée de la salle de spectacle. Les aiguilles de la montre semblent évoluer un peu plus lentement que d’habitude. Ca n’arrive pas tous les jours, les journalistes sont en avance sur le temps. On s’impatiente. Le concert de kaïssa Doumbè Moulongo est prévu à 20 heures. Un autre show de l’artiste est programmé pour le lendemain vendredi. Mais comme le pense cet inconditionnel de la musique et plusieurs autres fans, « c’est le premier spectacle qui est le spectacle. L’artiste y donne tout». Normal qu’on s’attende donc à un show en couleur comme l’a annoncée Kaïssa elle-même, deux jours auparavant. C’est la toute première fois, ce jeudi, qu’elle va chanter dans son pays natal après plus de 35 ans passés à l’étranger. Les portes s’ouvrent enfin à 19h55. Les lumières s’éteignent trente minutes plus tard. Sur scène, une voix s’élève. Elle est puissante. L’artiste puise son souffle loin dans ses entrailles. Quand le rideau se lève, le public découvre la majestueuse Kaïssa Doumbè Moulongo. Elle est drapée dans une longue robe de couleur orange, avec une grande fente sur le côté gauche. Les musiciens qui l’accompagnent sont tout de blanc vêtus. Kaïssa a à peine entamée le concert qu’elle donne déjà le ton de la soirée. Sur un rythme salsa mêlé de makossa, elle se trémousse et invite le public à communier avec elle. La première chanson s’intitule « Tondjé ». Elle l’a coécrite avec un ami à New-York, en plein hiver. « Le pays me manquait. La chanson parle de l’exil que je vis maintenant depuis 35 ans. Je chante chez moi ce soir. C’est un immense plaisir d’être là », se réjouit l’artiste. Le public l’accompagne dans les refrains de chansons tirées du répertoire de son premier album, « Looking there », et du nouveau disque en découverte, intitulé « I am so happy ». La joie se lit sur tous les visages. To you Fanta Quand Kaïssa interprète la chanson « To you Fanta », l’ambiance prend une autre coloration. Elle est plus triste et mélancolique. La salle est silencieuse. La musique rythmique de tout à l’heure a changé d’air. On entend juste le grincement de la guitare solo, des notes discrètes de piano. La chanteuse raconte l’histoire de Fanta, décédée il y a 27 ans à la suite d’une excision. Kaïssa s’insurge contre cette pratique qu’elle a découverte à Paris à l’âge de 16 ans. Des amies à elle en ont été victimes. La chanson interpelle. Bibiane Sadey, qui accompagne l’artiste dans les chœurs, retient ses larmes. Après le titre « To you Fanta », Kaïssa se retire un moment et cède son micro à la jeune Gaëlle Wondjè. Celle-ci reprend la chanson « We nde ndolo », de son album « M comme aimer», sorti en fin 2011. Lorsque kaïssa remonte sur scène autour de 21h15, le public se lève et danse avec elle. Elle rend une série d’hommage à sa sœur Denise, à sa mère et son père disparus. Du bikutsi et de l’esséwé sont au rendez-vous. Des photos des membres de sa famille proche sont projetées en arrière scène. 21h54. Kaïssa quitte la scène. Personne n’a l’intention de libérer son siège. L’artiste revient pour un « bonus ». Le concert se termine finalement à 22 heures. L’artiste était accompagnée sur scène par les musiciens locaux, avec Haoussa Drum’s à la batterie, Denis Mussinga au piano, Martien Oyono à ola guitare, Arthur manga à la basse, Bibiane Sadey, Gaëlle Wondjè et Essomè aux chœurs. Kaïssa s’est encore produite le lendemain vendredi 19 octobre à Douala, et le samedi 20 octobre 2012 du côté de l’Institut français de Yaoundé. Sister…revient nous plus souvent. Mathias Mouendé Ngamo