Malgré son potentiel démographique, cette tranche de la population est victime de violation de ses droits dans divers domaines de la vie sociale, économique, éducative ou politique.

La croissance de la population mondiale a franchi le cap des 8 milliards en novembre 2022. Les femmes et les filles en représentent la moitié. Il en est de même au Cameroun, où les femmes et les filles constituent 51% des 28 millions d’habitants établis sur le triangle national. Loin de se présenter à juste titre comme un levier important de pouvoir, cette population cible traine à sortir la tête du lot malgré les efforts du gouvernement et des initiatives privées pour leur autonomisation. D’après le Dr. Justin Koffi, leur besoin en ce qui concerne leur vie, leur famille et leur carrière sont souvent faiblement pris en compte par les politiques publiques. Pour le représentant résident du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) au Cameroun.

«les normes sociales établies restent à l’origine de certaines injustices qui maintiennent les femmes et les filles hors des écoles, du marché du travail et des postes de direction. Limitent leur capacité à prendre des décisions concernant la santé, leur vie sexuelle et reproductive et accroit hélas leur vulnérabilité à la violence, aux pratiques néfastes et aux décès maternels évitables », explique -t-i

Dr. Justin Koffi s’exprimait ainsi mardi 11 juillet 2023 à Nkongsamba, chef-lieu du département du Moungo dans la région du Littoral au Cameroun. C’était à l’occasion de la clôture d’une semaine d’activités organisées pour commémorer la journée mondiale de la population.

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Violences, discriminations et disparités

Le rapport de l’Etat de la population mondiale en 2023 relève pourtant que « lorsque les femmes et les filles sont autonomes sur leur vie et leur corps, elles et leurs familles s’épanouissent ». Mais au niveau local au Cameroun, on reconnait que les femmes et les filles éprouvent encore des difficultés à se faire valoriser et sont victimes de discriminations de violations diverses. Les résultats de l’enquête démographique et de santé réalisée en 2018 par l’Institut national de la statistique (Ins) montrent que plus de 4/10 femmes âgées de 15 à 49 ans en union ou en rupture d’union ont déclaré avoir subi des violences. Les filles sont encore victimes de mariages et grossesses précoces.

L’enquête, tel que le relève le ministre, indique aussi que les femmes dans la grande majorité continuent de subir le poids de la pauvreté et de l’analphabétisme ; elles sont encore victimes de violation de leur droit en matière de sexualité et santé de la reproduction. Les disparités subsistent dans le domaine de l’emploi avec 62% de entreprises créées par des hommes contre 38% par les femmes. Dans le marché de l’emploi, le taux d’activité est de 64% chez les femmes, dont 10% d’écart d’avec les femmes, entre autres indications du rapport Ins.

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Les propositions de Paul Tasong

Le ministre délégué auprès du Minepat lors de la célébration de la journée mondiale de la population à Nkongsamba

C’est dans ce contexte que le Cameroun a célébré cette édition de la journée mondiale de la population sous le thème : «Faire progresser l’égalité de sexe pour un Cameroun plus juste, résiliant et durable aux possibilités infinies». Un thème fort interpellateur à en croire Paul Tasong, le ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, de la planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) qui présidait la cérémonie. Pour le représentant du gouvernement, ce thème de la journée mondiale de la population met en évidence les inégalités, notamment celles liées au genre et nous impose de marquer un temps d’arrêt pour nous interroger sur l’avenir de cette population.

Il s’agit surtout ici, martèle le ministre, de voir comment lui assurer un avenir résilients et équitable face aux multiples défis. Dans le chapitre des premières pistes de solution, Paul Tasong propose capitaliser le potentiel que regorgent les femmes et les filles. Il recommande d’exploiter toutes les opportunités, de trouver des stratégies efficaces et les moyens adéquats pour « offrir tant à l’échelle individuelle que communautaire, une vie de qualité marquée par un accès équitable de toutes les couches de la population, y compris les femmes et les filles aux services sociaux dont ceux de la santé et de la reproduction surtout, de l’éducation, de la formation, de l’emploi décent, de la justice sociale à une meilleure répartition des fruits de la croissance économique ».

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Stopper les violences

Paul Tasong recommande en outre de permettre aux femmes de disposer de plus de temps pour leur éducation et pour réaliser des activités génératrices de revenus; d’intensifier les concertations avec les systèmes bancaire pour offrir des crédits à cette tranche de la population. Il est aussi demandé d’intensifier les mesures de lutte contre les violences basées sur le genre et d’édicter des principes pour assurer une meilleure représentativité des femmes et des jeunes dans la vie politique. Le maire de la ville de Nkongsamba soutient de ce que sur ce point que le Moungo est l’un des départements où les femmes sont le mieux représentées dans l’exécutif communal. Et pour stopper les violences faites aux femmes, « Il n’existe aucun exécutif sans femme. Nous travaillons main dans la main avec des associations de femmes pour trouver des solutions à leur problème au quotidien», fait savoir Fréderic Nzoki Epoh.

Mathias Mouendé Ngamo