La “guerre” aux conducteurs de motos-taxis à Douala
- 15 juin 2012
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Nouveau plan de circulation. Des policiers et des cars antiémeutes ont été déployés dans tous les carrefours et les principales intersections de la ville, y compris dans les quartiers non concernés par la mesure préfectorale, pour prévenir des débordements. Trois cents policiers venus en renfort de Yaoundé et de Buéa. Shell New-Bell, il est environ 9h30 minutes. Massés dans ce carrefour de Douala 2ème, des conducteurs de motos-taxis tentent de braver le nouveau plan de circulation dans la ville, entré en vigueur ce mardi 12 juin 2012. Ils se dirigent en rangs serrés vers Bonapriso. La police riposte. Les manifestants sont dispersés. C’est le sauve qui peut. Des motos sont confisquées. Ils ont été conduits à la fourrière de la Communauté urbaine, selon un officier de gendarmerie. Après ce clash, certains conducteurs de motos-taxis se sont retirés sur le trottoir. Ils profèrent des injures à l’endroit des policiers. Au lieu-dit Total Camp Yabassi, une ‘‘révolte’’ similaire a été étouffée par la police antiémeute, à coups de jets d’eau. Six véhicules d’intervention de la police et un camion de la gendarmerie sont garés dans ce carrefour. Les policiers sont équipés de boucliers, de gilets pare-balles, de genouillères et de casques. Tout un dispositif de guerre, voué plutôt, selon certaines indiscrétions, à dissuader l’armée cinglante. Un camion du Bataillon d’intervention rapide (Bir) est en patrouille. A la nouvelle route de Bonadibong, six policiers et quatre gendarmes empêchent les motos-taximen d’entrer dans le quartier Bali, interdit à la circulation. «On les oriente vers Bonadibong, le quartier situé à la frontière d’Akwa. Ils coopèrent. Tout se passe bien», indique un policier. Il ajoute néanmoins qu’une horde de conducteurs de motos a tenté de défier les forces du maintien de l’ordre, en début de matinée. Un dispositif similaire est déployé du côté de Montée Douala Manga Bell. Au Carrefour Hôtel de l’air à Bonapriso, quatre policiers et cinq gendarmes veillent au grain. Toutes les motos, y compris celles à usage personnel, sont interdites d’accès dans ce quartier. Les conducteurs de motos à titre onéreux se tiennent à bonne distance. Selon un habitant du quartier, des policiers déployés changeaient de temps en temps la direction de leur regard. Des bendskineurs en ont profité pour se faufiler. Au Carrefour marché des fleurs toujours à Bonapriso, un gendarme et trois policiers veillent. Aucune moto n’est entrée à Koumassi, quadrillé par la police. Ce quartier est également interdit d’accès motos-taxis. Akwa quadrillé Les quartiers New-Bell, Akwa et Bonabéri ne sont pourtant pas concernés par cette première phase d’application du plan de circulation dans la ville de Douala. Et pourtant, ces quartiers n’ont pas été épargnés par la forte militarisation observée ailleurs. A «Deux églises» par exemple, un camion anti-émeute de la gendarmerie est garé dans une station d’essence. Quelques gendarmes sont postés tout près. Toutefois, les motos-taximen circulent normalement. Une dizaine de policiers est déployée au carrefour Mobil Bonakouamouang, où la circulation est perturbée. Au Carrefour Nelson Mandéla à Douala 3ème, cinq policiers équipés de boucliers, de gaz lacrymogène et de gilets pare-balles sont en alerte. Ils sont regroupés au même endroit, juste devant un point d’embarquement des motos-taxis. Treize autres policiers sont postés sur le terre-plein central au Carrefour Agip. Ils sont silencieux. Certains avalent quelques sachets d’eau. «Leur présence nous frustre. Nous sommes étonnés de les voir ici alors que notre quartier n’est pas concerné par la mesure préfectorale», s’exclame Séverin Tchoumbia, un moto-taximan. La police est signalée aussi près de l’université de Douala, au quartier Cité-Sic. A Bonabéri, aucun dispositif spécial n’a été remarqué. 300 policiers en renfort Au même moment, la légion de gendarmerie à Bonanjo s’apparente à un quartier général. Deux grands camions bourrés de gendarmes sont garés sur le trottoir, à l’entrée de l’édifice. Dans la cour intérieure, d’autres gendarmes s’apprêtent pour aller renforcer les effectifs sur le terrain. Ils écument le couloir menant à la compagnie de gendarmerie. Deux portes entrouvertes laissent apercevoir des sacs contenant du matériel d’intervention. Deux gendarmes sont couchés sur le ventre, à même le sol, inertes. Arrivés dans la ville dans la nuit de samedi, ces jeunes gendarmes sont assommés de fatigue, résultat certain de la surdose d’entrainements. En effet, d’après une source policière, 300 policiers ont été appelés en renfort à Douala, dont 200 en provenance de Yaoundé et 100 autres partis de Buea. Ils ont pris position dans les carrefours et les principales intersections de la ville mardi matin, autour de 4 heures, pour prévenir les débordements. Des responsables de syndicats de motos-taxis à Douala racontent que des troupes de «Benskineurs» se sont constitués dans la nuit de lundi dans les quartiers Bonamoussadi, Cité des palmiers, New-Bell et Camp Yabassi, pour «aller en guerre». Malgré l’appel au calme, lancé par des leaders syndicaux, les discussions n’ont pas abouti avec les benskineurs de New-Bell et du Camp Yabassi, à en croire un syndicaliste. «Ce n’est pas bien de faire peur aux Camerounais. On aurait dû déployer plutôt des agents de mairies. La situation actuelle peut dégénérer d’un moment à l’autre», craint pour sa part Elvis Leo Ndjompau Fotso, président régional du Syndicat national des motos-taxis du Cameroun (Synamotac) pour le Littoral. Il n’en est rien, de tout cela. La police a réussi sa guerre contre les conducteurs de motos-taxis. Ils ne sont pas entrés dans les quartiers interdits. Mathias Mouendé Ngamo