Penurie d'eau à Ngaoundéré. Des jeunes à la quête du précieux liquide. Crédit photo: Moustapha Oumarou

Dans la région dite du château d’eau du Cameroun, les habitants peinent à étancher leur soif avec des robinets à sec depuis plusieurs années.  

Vêtus de leur tenue de classe, Bayang et Abdouraman, tous deux élèves à l’école primaire d’application de Baladji II, se passent les commandes de la brouette à tour de rôle. Ils ont quitté leur établissement scolaire ce lundi 17 mai 2021 pour aller à la quête de l’eau, à quelques 300 mètres. Les deux gamins doivent défier le soleil qui pointe à l’horizon et la poussière qui embaume l’atmosphère sur cette route en latérite. Les élèves ont embarqué avec eux quatre bidons vides d’une contenance de 20 litres chacun. Une fois les récipients remplis au point d’eau, Bayang et Abdouraman se mettent à jouer. Ils reprennent le chemin plus tard.

A leur retour à l’école, ils doivent remplir les seaux robinets, ce dispositif de lavage des mains entreposé dans leur établissement scolaire pour barrer la voie au Covid-19. Cette eau déversée dans les seaux robinets est également utilisée pour d’autres besoins de l’école. Ici à l’école primaire d’application de Baladji II, les robinets sont à sec depuis belles lurettes. Le forage autrefois aménagé pour palier le problème d’eau est aussi inutilisable.

Pénurie d’eau à Ngaoundéré

D’après les riverains, cet autre épisode de pénurie d’eau à Ngaoundéré dure depuis environ quatre ans. Les populations peinent à étancher leur soif. L’eau ne coule pas dans les robinets des ménages de cette région dite château d’eau du Cameroun. A Baladji II par exemple, la jeune Mirabelle et son frère doivent se lever à 5 h du matin pour faire le plein des récipients avant de prendre le chemin des classes. Dans ce quartier, pour espérer avoir ce précieux liquide, il faut se lever entre 1 h et 6 h du matin. Et lorsque l’eau coule, la texture de ce liquide est rouge.

Assis sur une chaise roulante, sieur Oumarou se souvient encore qu’il y a de cela deux semaines que l’eau a coulé dans son robinet pendant 24 h sans interruption. Depuis cet épisode singulier, c’est le calvaire qui persiste. Chaque fin du mois, il reçoit néanmoins la quittance de la Camwater, l’entreprise en charge de la production et de la distribution de l’eau courante.

« Le montant de la facture varie chaque mois. Ce mois de mai 2021 par exemple, la Camwater m’a facturée 3 274 F. Cfa. », Indique-t-il.    

Forages et puits comme plan B

Pour pallier cette pénurie d’eau, les ménages les plus nantis à Ngaoundéré ont opté pour la construction d’un forage dans leur domicile. C’est le cas de cet habitant du quartier Baladji II qui a construit son forage l’année dernière.

« Cela fait pratiquement deux ans que j’ai passé sans eau potable. C’est pour ça que j’ai opté pour la construction de ce forage. Je ne l’ai pas fait pour moi seul. Ceux qui sont dans le besoin d’eau peuvent aussi venir puiser puisqu’il y a un robinet dehors », explique-t-il.

Il précise qu’il n’a pas résilié son contrat d’abonnement avec la Camwater. Il fait savoir qu’il paye seulement les frais d’entretien de son compteur. Ce n’est pas le cas de cette clinique située aux encablures de ce quartier. Les responsables de cette formation sanitaire ont résilié leur contrat avec la Camwater. Ils ont par la suite construit deux forages pour leur approvisionnement en eau. Mais à date, un seul forage est fonctionnel. Il permet tout de même de résoudre le problème de la pénurie d’eau dans cette formation hospitalière basée à Ngaoundéré, rassure -t-on. Pour s’adapter à cette situation, dame Mbomo, résidente au quartier Nord Cifan, s’est résolue à se ravitailler en eau dans les forages et les puits de son quartier.  

Un problème récurent depuis plus de dix ans

Avec la pénurie d’eau à Ngaoundéré, il faut parcourir des kilomètres à la recherche du précieux liquide. Photo: Moustapha Oumarou

D’avis de plusieurs habitants de Ngaoundéré, les suspensions en fourniture d’eau sont récurrentes dans cette région dite du château d’eau du Cameroun depuis plus de dix ans. Approché, le délégué régional de la Camwater pour l’Adamaoua n’a pas souhaité s’exprimer sur la question car, indique-t-il, cela ne relève pas de ses compétences de donner une information concernant cette pénurie d’eau qui persiste à Ngaoundéré. La rédaction de Douala Today a tenté d’entrer en contact avec la direction de la cellule  de Communication de la Camwater, en vain.

Moustapha Oumarou Djidjioua, à Ngaoundéré