Spectacle. e groupe de hip hop va se produire à travers le réseau culturel français du Cameroun, entre le 17 mars et le 6 avril prochain. Dans un petit studio au lieu-dit « Combi » au quartier Elf à Douala, trois jeunes artistes répètent. Ils accordent leur voix avec l’instrumental diffusé en boucle via un ordinateur. Un premier artiste donne le ton avec un accent un peu reggae. Le second chanteur s’inscrit plus dans le registre rap. Le dernier artiste quant à lui apporte un air de folklore à la rythmique, à travers son jeu de tambours. Il y ajoute des paroles en langue locale. En prêtant l’oreille, on apprend que le chant fredonné ici est « du makossa, du coupé décalé, du mamganbeu, du rap… chantés à l’ancienne ». Les artistes ne s’accordent pas un moment de répit. Ils s’arrêtent momentanément, juste pour répondre à une question du reporter, et s’empressent de se remettre au travail aussitôt. Ces trois jeunes hommes à l’œuvre sont Mawata, Djadjo Mensi et Gigi, des membres du groupe de hip hop Tizeu. Ils sont plongés dans les préparatifs d’une tournée nationale qui démarre à l’institut français de Douala le 17 mars prochain et s’achève le 6 avril 2012 à l’alliance franco camerounaise de Garoua. Dès la semaine prochaine, les artistes se rendront à Yaoundé, pour répéter pendant trois semaines avec l’orchestre de la tournée. Ce sera l’une des dernières étapes des préparatifs. La tournée nationale va conduire le groupe Tizeu tour à tour dans les villes de Douala, Dschang, Bamenda, Yaoundé et Garoua. La troupe sera constituée des trois artistes et de quatre musiciens, dont un bassiste, un batteur, un guitariste et un pianiste. «Nous travaillons chaque fois. Nous sommes prêts pour une tournée depuis deux ans. Nous faisons juste un recyclage », rassure Mawata. Le groupe promet déjà de nombreuses surprises lors des prestations à venir. Ils indiquent que cette tournée est en fait une occasion pour eux, de faire découvrir leur album à des publics bien plus larges que ceux de Douala et Yaoundé. Ledit album, le premier de leur carrière, est un répertoire de 14 titres. Il est baptisé « Les mots ». Il a été produit en février 2011 et n’a pas bénéficié jusqu’ici d’une véritable promotion. « Beaucoup de gens nous ont vus à la télévision, mais n’ont pas l’opportunité de nous découvrir sur scène. A travers cette tournée, nous irons auprès d’eux, leur montrer ce que nous savons faire et les remercier pour leur soutien envers nous », indique Djadjo Mensi qui ajoute que le public aura aussi droit à des chansons inédites, qui feront partie du prochain album. La tournée du groupe TizeuIl est une initiative du réseau culturel français qui chaque année choisit un artiste pour une série de spectacles à travers les instituts français et alliances franco camerounaises du Cameroun. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du soutien aux artistes locaux. En 2011, c’est l’artiste Kareyce Fotso qui avait été retenue pour la tournée nationale. Et en 2010, Charlotte Dipanda. « C’est la première fois qu’un groupe de hip hop est retenu pour une tournée dans le réseau culturel français. Ils ont donc intérêt à avoir un double objectif : prouver qu’on a fait le bon choix et rendre une visibilité et une crédibilité à tout le mouvement hip hop local », note un animateur culturel.      Le groupe Tizeu ou No name crew a été créé dans la fin des années 90. Mawata et Djadjo Mensi font d’abord chemin à deux. Ils rencontrent ensuite Gigi, dont les prouesses en matière de beatmacker et de rap les affectionnent. Vite, Gigi intègre le groupe qui prend une nouvelle coloration. La titre « Cusunwap » (en français : arrive tu leur dis) est le tout premier enregistrement du Tizeu. Il ne fera malheureusement pas partie de l’album qui sort en février 2011, « Les mots ». Dans un rythme hip hop mêlé de soul et de folklore, les artistes du Tizeu sensibilisent sur les maux actuels de la société, en rapport avec l’actualité. Ils touchent les réalités vécues au quotidien, en opérant un retour aux sources, à la tradition. Mathias Mouendé Ngamo