Musique. Les artistes Sam Fan Thomas, Ebeny Donald Wesley et Florence Titty Dinbeng ont retracé mardi 14 février 2012, leurs parcours traversés d’anecdotes et de rencontres de tout genre.   On ne s’est pas ennuyé mardi 14 février 2012 à l’Institut français de Douala, lors de la 3ème édition des causeries musicales. Tout au contraire, les jeunes artistes et mélomanes présents ont puisé à bonne source, l’histoire de la musique camerounaise à travers ses anciennes gloires. L’affiche du jour qui annonçait justement les « Success stories » a bien été respectée. Sur le podium, trois sommités de la musique camerounaise ont répondu à l’invitation de Luc Yatchokeu, le promoteur des causeries musicales. Le bassiste Sam Fan Thomas, le batteur Ebeny Donald Wesley et la choriste Florence Titty Dinbeng ont retracé leur parcours, jonché d’anecdotes et de rencontres de tout genre. Les artistes ne se sont d’ailleurs pas privés le plaisir de reprendre quelques vieux refrains, ou de simuler des accords de guitare et de batterie. Le récit de chacune des vies a suscité de l’émotion au sein de l’assistance. Sam Fan Thomas Son histoire avec la musique, Sam Fan Thomas le reconnait lui-même, est un peu bizarre. A Bafoussam dans les années 79, le jeune passionné de football arrive dans la musique par rivalité. Il veut relever le défi de son ami Kembè. Ce dernier qui connait à l’époque quelques bribes de notes de guitare, ne cesse de le taquiner et lui demander de relever le défi. Le jeune Sam se met ainsi à l’école et apprend quelques notes. Il rencontre ensuite André Marie Talla, qui l’affectionne avec sa guitare en bambou. Sam parvient à adapter son jeu à la guitare d’André Marie Talla et produit de nouvelles sonorités. Sam évolue aux côtés de Kembè et André Marie Talla. Les trois se retrouvent très souvent au cabaret « La paillotte » de Bafoussam pour jouer. Ils se perfectionnent à travers les disques français et américains, qui arrivaient de manière périodique à Bafoussam. « On essayait de reprendre les notes de guitare de ces albums. Un jour, on est tombé sur le titre Something. Yes papa. Il y avait des accords », se rappelle Sam, encore ému. En 1980, le titre « Je vais à Yaoundé » est enregistré. André Marie Talla va en France. A son retour, il connaît un succès. Sam décide de suivre ses traces. Il se rend au Nigéria voisin où il rencontre Tom Yom’s de regretté mémoire. Il joue à la guitare dans un cabaret. Le guitariste nigérian en poste est viré sur le champ. Sam se rend aussi dans d’autres pays, faisant valoir partout, son doigté. Le studio Makassi a 35 ans Le style de musique de Sam Fan Thomas est particulier. Un peu fort pour être catalogué makossa. C’est finalement Claude Fabo, un ami d’enfance qui donne la dénomination de makassi à cette musique. Il explique qu’en lingala, makassi désigne la force. De retour au pays, Sam Fan Thomas crée un studio d’enregistrement, le célèbre « studio makassi ». « Je voulais rendre à la musique ce qu’elle m’a donné », confie l’artiste. Aujourd’hui, le studio a 35 ans. Son promoteur annonce une tournée pour célébrer cet anniversaire. L’évènement sera accompagné, indique t-il, de la sortie d’un album. Ebeny Donald Wesley Son amour pour la musique commence très tôt, alors qu’il est encore inscrit à l’école primaire. La musique n’est pas des plus rentables. A Bafang, Ebeny joue de la batterie dans la soirée et le matin il revêt une casquette de commerçant. Il officie comme colonel d’infanterie et visite de nombreux pays dans ses débuts de carrière. « On nous appelait l’équipe nationale du makossa, mais nous jouons aussi d’autres rythmes. Le premier bikutsi, nous l’avons enregistré à Bafoussam », précise l’artiste. Après son expérience extérieure, l’artiste pose ses valises au pays et produit des artistes locaux, dont Dina Bell. Vite, les magazines étrangers s’intéressent à ce noir qui produit de la musique africaine. Il reçoit une invitation des black cocus qui veulent le découvrir. Le producteur de renommée internationale Joe Adams, lui propose de jouer en live avec Lionel Richie. C’est un succès planétaire. D’autres collaborations suivront avec Stevie Wonder et autres. Les projets de l’artiste qui vit actuellement à Luxembourg, tournent autour de la propulsion d’artistes locaux. Il l’indique l’avoir déjà fait par le passé avec Dina Bell, Richard Bona, Mango, Douleur, Dedy Dibango. Florence Titty Dinbeng Née dans une famille de mélomanes, Florence Titty Dinbeng quitte le Cameroun très jeune, pour aller poursuivre ses études à Paris. Elle pose la voix pour des publicités sur Europe 1, puis dans des chœurs. Elle se lance véritablement dans la musique en 1970. Elle sera choriste chez Manu Dibango, puis son agent. Elle prendra la direction artistique du Cora sur 10 ans. Elle est au départ des awards de la musique gabonaise.  Elle a crée sa propre boite qu’elle a nommé la Variété. Manu Dibango, Lokua Kanza et beaucoup d’autres artistes sont passés chez cette professionnelle des métiers de spectacle. Mathias Mouendé Ngamo