Après une assemblée générale extraordinaire des membres du Synamec le 29 janvier 2011, les syndicalistes vont rencontrer le ministre de la santé publique cette semaine pour faire état des résolutions. Et poursuivre les débats.

Pas grand-chose n’a filtré de l’assemblée générale extraordinaire du Syndicat national des médecins privés du Cameroun (Synamec) tenue à Douala samedi 29 janvier 2011. Seule une vingtaine de médecins sur les 200 conviés ont pris part à la réunion. L’unique point à l’ordre du jour s’est articulé autour des honoraires en hausse dans les formations hospitalières privées. A l’issue des débats menés à huis clos, les responsables du Synamec n’ont pas souhaité faire de déclaration à la presse.

« Nous allons d’abord rencontrés le ministre de la santé publique la semaine prochaine. C’est seulement après notre entretien que nous livrerons les résolutions aux  médias», ont indiqué les syndicalistes.

Lire Aussi: Cameroun: Frais de consultation en hausse dans les cliniques privées

Le Synamec et la nouvelle grille tarifaire

Mais selon quelques indiscrétions, la rencontre avec André Mama Fouda pourrait porter sur une demande de révision préalable de certaines charges et taxes auxquelles sont confrontés les médecins du privé. Les médecins décrient le fait que l’arrêté 004/Minfi/Dgi du 13 janvier 2011 de la nouvelle loi des finances, instaure une retenue de 5% sur les prestations des professions libérales, notamment la médecine. Pour justifier la nouvelle grille d’honoraires, les syndicalistes évoquent entre autres facteurs, la croissance de la pression fiscale, le coût d’achat des matériels, équipements et consommables médicaux d’usage dans le domaine de la consultation et la non subvention de l’Etat.

Dans la rubrique divers de l’assemblée extraordinaire de samedi dernier et à laquelle ont pris part les médias, les syndicalistes ont soulevé des points qui feront objet de discussion à la prochaine assemblée générale du Synamec. Il s’agit notamment de la désignation d’un chargé des relations extérieures et d’un chargé de la communication. « On a eu du mal à gérer le problème de communication de la hausse tarifaire », a reconnu Dr Jules Eboumbou, président du Synamec.

Mathias Mouendé Ngamo

Réactions

Quelques pistes qui pourraient conduire à une baisse des honoraires dans les hôpitaux privées.

Lire Aussi: Jules Eboumbou: «Le ministre de la santé n’a rien proposé »

Dr Jules Eboumbou, président Synamec :« La santé privée n’est pas subventionnée »

Il faut que le Ministère de la santé mette un certain nombre de dispositions concernant les impôts et la douane. L’éducation privée a des subventions. La santé privée n’est pas subventionnée. Est-ce que le Ministère de la santé peut permettre cette subvention ? C’est la grande question que je me pose, puisque ce n’est pas la seule institution à entrer en jeu dans cette décision. Il y a également le Ministère des Finances et le Ministère du Commerce.

Dr Lucienne Kamany-Kamgueu, secrétaire générale adjointe du Synamec: « Il faut un allègement fiscal »

Dr Lucienne Kamany-Kamgueu, secrétaire générale adjointe du Synamec
Dr Lucienne Kamany-Kamgueu, secrétaire générale adjointe du Synamec

L’augmentation des honoraires est une décision qui a été faite après une longue réflexion. Elle date de 1994. Nous n’avons pas changé de prix depuis. Et chaque syndicat au pays peut fixer le prix de ses actes. En consultation spécialisée par exemple, nous sommes passés de 10 000 Fcfa à 15 000 Fcfa en 16 ans. Quand on regarde les charges des médecins comme le loyer, les salaires, l’inscription des employés à la caisse nationale de prévoyance sociale entre autres, un médecin ne peut pas s’en sortir. De plus, la nouvelle loi fiscale du 13 janvier 2011, instaure une retenue de 5% sur les prestations des professions libérales et dont des médecins. On a ainsi des charges qui augmentent. Aussi, les médecins ont besoin de suivent des formations continues à l’étranger. Offrir des soins de qualité aux populations est l’un de nos objectifs.  S’il y avait un allègement fiscal et une subvention de l’Etat, cela participerait du bien des populations. On va en discuter avec le ministre de la santé.

Dr Siméon Mbarga, président régional Synamec pour le Centre: « Que le ministre de la Santé nous fasse des propositions »

Dr Siméon Mbarga, président régional Synamec pour le Centre
Dr Siméon Mbarga, président régional Synamec pour le Centre

Parler de baisse de prix c’est trop dire. Selon la réglementation du ministère du commerce on ne peut pas faire une augmentation de plus de 30% par an. Nous avons déjà passé 16 ans sans augmentation. Et il y a une libéralisation du secteur. Le peuple sait que nous faisons partie des collaborateurs sociaux de l’Etat. Le président de la république a demandé la gratuité des consultations du paludisme simple chez les enfants de 0 à 5 ans. Nous sommes d’accords, c’est un geste humanitaire. En retour, on n’a rien. Notre ministère de tutelle nous a dit que l’année 2011, est une année sensible. Le président a annoncé la gratuité du paludisme, et avec la hausse des honoraires, nous venons avec la contradiction. Pour l’instant, il n’y a rien qui puisse nous amener à baisser les prix. Nous avons des taxes et la concurrence déloyale de l’Etat. Si nous décidons de baisser les prix, on se dégrade. On ne peut que surseoir, en attendant discuter avec le ministre de la santé, qu’il nous fasse des propositions. S’il y avait une subvention de l’Etat, beaucoup de choses pourraient changer.

Propos recueillis par Mathias Mouendé Ngamo