S.M Ness Essombey Ndambwe, le président de l'Association des chefs traditionnels des villages Sawa du Wouri

Le président de l’Association des chefs traditionnels des villages Sawa du Wouri déplore l’état des routes à Douala et la souffrance des populations.

1) Vous dénoncez le mauvais état des routes à Douala. Votre dénonciation concerne-t-elle des tronçons précis ?

Dans notre communiqué du 12 juin 2023, nous citons quelques tronçons, notamment la route Ndobo-Bonamatoumbè, la route Petrolex-Bojongo, la route Yatchika-Yansoki, la route Neptune-Chefferie Ngodi Bakoko. Il y en a d´autres, mais celles-ci nous apparaissent capitales pour une meilleure circulation des populations. L´abandon de la route Ndobo-Bonamatoumbè par exemple, laisse aux populations de Ndobo, Bonendalè 1 et 2, Sodiko et Bonamatoumbè, le sentiment qu´elles ne comptent pas dans la ville. Les travaux pourtant engagés il y a plusieurs mois sont au point mort. C’est préoccupant. Je peux aussi parler de la souffrance des usagers des autres tronçons.

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2) Les pénétrantes Est et Ouest de Douala n’ont jamais été achevées, tout comme le tronçon reliant Douala au Nkam, via Pk14. Les autorités vous ont-elles donné des explications ?

De quelles autorités parlez-vous ? Qui se préoccupe de donner des explications ? Qui écoute même nos pleurs ? Nous avons l´impression que les administrations concernées s´en fichent. En fait, il faut savoir qui a la responsabilités des tronçons que vous citez. Il ne faut pas mettre la charge du ministère des travaux publics ou de celui du développement urbain, sur la tête de l´exécutif municipal de la ville de Douala. A notre connaissance, les axes que vous évoquez sont du ressort du pouvoir gouvernemental central, car ce sont des voies Nationales. Certaines ne sont effectivement pas achevées. D´autres sont accidentogènes pour qui s´aventure à les traverser à pieds, du fait de l’absence de traversées piétonnes aériennes. D’autres encore présentent des tracés bizarres à certains endroits. Vous avez même au niveau du rond point qui mène de l’ancien pont du Wouri vers le tunnel pour aller à la zone du PAD, un véritable fleuve qui se crée à chaque pluie, pour nous rappeler que rien n´a été prévu à cet endroit pour l’évacuation des eaux. Un véritable scandale. Il ne nous reste plus qu’à aller y pêcher du poisson.

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3) Des routes en chantier, on en voit couramment à Douala. Pourtant, elles se dégradent peu temps après. Qu’est-ce fait problème selon vous ?

Du point de vu des Chefs Traditionnels Sawa du Wouri membres de notre Association, le problème est à deux niveau et la responsabilité est partagée. En amont, le citoyen que vous et moi sommes, est un acteur inconscient ou non, de la dégradation de la voirie. L´état durable d´une route qui vient d’être construite ou reprofilée, est dépendant de l’entretien des voies d’écoulement des eaux, mais aussi du bon usage des espaces réservés tant à la circulation des piétons, qu’à celle des engins à moteurs. Or que faisons nous, vous, moi et le citoyen lambda ?  Nous déversons tout dans les caniveaux et finissons par les obstruer. Nous occupons les trottoirs, y installons des commerce, des garages, y allumons même du feu  pour braiser du poisson, de la viande, des beignets ou du maïs. Nous fragilisons donc le trottoir et obligeons les piétons à finalement utiliser la chaussée, ce qui la surcharge. Tout ceci mis ensemble, conduit à la réduction de la durée de vie de la route. Vous savez très bien que si la flaque d’eau consécutive à une forte pluie avait un chemin d’évacuation sur les bords, son impact négatif sur la chaussée serait réduit.

En aval, la municipalité a la responsabilité de veiller à la construction et à l´entretien des routes, sous réserve évidemment des moyens dont elle dispose, qui eux, sont fonction à la fois de la dotation de l’état, du recouvrement de certains impôts locaux et de la négociation de certains soutiens. Nous devons reconnaître que le Maire n´à pas forcément les coudées franches pour choisir ou se défaire d´un adjudicataire de marché incompétent. Il peut donc avoir un réelle volonté d’effectuer des travaux de routes durables, mais une réelle difficultés à confier les travaux à l´entreprise la plus compétente. Nous savons tous que lorsque les fonds proviennent de l’extérieur, le bailleur exerce un quasi diktat sur le choix de l´adjudicataire. Et lorsque les fonds sont locaux, du fait de leur insuffisance, on va privilégier le moins disant qui peut ne pas être le plus compétent. Du coup, on fait, ça ne dure pas, on refait… En réalité on gère le plus pressé, en attendant les jours financiers ou decisionels meilleurs.

Quoi qu´il en soit, le peuple souffre. Peu importe qui est responsable et pourquoi. Le fait est là. Le peuple souffre et nous, en tant que Chefs Traditionnels, nous devons le faire savoir à qui de droit. Il ne s´agit pas de condamner ou de stigmatiser qui que ce soit. Il s’agit d’alerter sur la souffrance des populations. Nous ne sommes pas des procureurs ou si nous le sommes par moments, c’est à charge et à décharge, à condition que la bonne information nous soit donnée.

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4) Pourquoi avez-vous attendu ce moment pour faire ces dénonciations alors que le problème de routes dégradées perdure  ?

L´Association des Chefs Traditionnels des Villages Sawa du Wouri a des statuts et un règlement intérieur qui régissent son fonctionnement. C’est l’article 11 des Statuts qui impose au bureau exécutif en exercice, de publier un communiqué sur l’état du département chaque mois de juin, et de tenir une conférence de presse chaque mois de décembre. Cela fait plus d´une décennies que c’est ainsi, et à l’exception d´une ou deux années, un communiqué a toujours été publié au mois de juin. La première fois c’était il y a neuf ans, sous la Présidence de Sa Majesté Dissakè Mouangue de Bonamoukouri. Je puis vous affirmer que de cette époque à aujourdhui, notre Association (association des chefs traditionnels Sawa du Wouri) n´a jamais fait dans la langue de bois. Fouillez les archives et vous le constaterez. Cela ne nous a pas value que des amis. Mais encore une fois, nous assumons et continuerons à assumer notre statut et notre rôle pour l´intérêt et le bien être du Wouri et de ses populations. Depuis plus de dix ans avec notre Association, l´ère du Chef Traditionnel manipulé et inaugureur des chrysanthèmes est révolue. Nous avons évoqué l’état des routes simplement par ce que c’est ce qui préoccupe les populations en ce mois de juin durant lequel nous avons l’obligation statutaire de nous exprimer. Lisez d’ailleurs entièrement notre communiqué, et vous verrez que plusieurs autres thématiques, toutes aussi importantes et vitales, ont été adressées.

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5) Avez-vous des doléances particulières à formuler à l’endroit des autorités ?

Nous souhaitons une meilleure collaboration et une plus grande communication avec les autorités en charge de ces questions. Nous demandons qu’on tienne davantage compte des Chefs traditionnels dans l´implémentation de certains projets. Nous sommes fatigués de constater un matin, qu´il se fait telle ou telle chose dans nos villages, sans que nous soyons associés ou au minimum informés. Il faut inventer un nouveau contrat social, qui donne une plus grande place à la participation des chefferies et des populations. Le développement de la ville incombe aux exécutifs municipaux et à nous tous. Nous apprécions les efforts faits par la Mairie de la Ville et les Mairies des Arrondissements. Plusieurs chantiers routiers sont actuellement en cours à Douala. Mais qui a été informé de leur ampleur et de leur portée ?

Propos recueillis par Mathias Mouendé Ngamo