Les Toupouri contre le gaspillage
- 17 décembre 2013
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Fête de coq. C’est le message délivré par leur chef spirituel, Wang Doré, à l’occasion de l’édition 2013 du « Féo Kagué ». Pour cette autre édition du « Féo Kagué », la fête de coq, ils sont encore plus nombreux que les années précédentes. Les ressortissants toupouri de Douala ont envahi l’esplanade du collège St Michel ce samedi 14 décembre 2013. En bonne place, il y a les vendeuses de Bili Bili, sorte de bière traditionnelle faite à base de maïs ou de mil. D’autres étales de fortune présentent à la clientèle des noix de kola et autres fritures. Les clients se bousculent. Le Bili Bili coule à profusion. Mais la grande attraction, comme à l’accoutumée, ce sont les danseurs. Ils ont formé un grand cercle au centre du terrain. Ils rivalisent d’adresse. Le déguisement est presque le même pour tous. Les festivaliers ont le torse nu. Ils sont vêtus de culottes. Des cauris et des peintures ornent les vêtements. Les ressortissants toupouri tiennent fièrement un bâton en main, qu’ils brandissent vers le ciel. Au milieu du cercle, les batteurs de tam-tam donnent le ton. Les danseurs effectuent un mouvement d’ensemble. Parmi les danseurs, il y a des tout-petits, âgés entre 7 et 12 ans. Ils sont venus se frotter avec la tradition. Une femme est aperçue dans la file. C’est la seule d’ailleurs. « Nous espérons qu’il y aura plus de femmes les années prochaines », souhaite un membre du comité d’organisation. Les curieux venus prendre part à la 16ème édition du « Féo Kagué » à Douala découvrent des pas de Waïwa et le Gourna. Ce sont deux danses traditionnelles du peuple Toupouri, chargées de significations. Le Gourna permet au poète contemporain de dénoncer les maux de la société, tandis que le Waïwa est généralement pratiquée pendant les récoltes. Il y a dans un coin, une mini exposition photographique. Elle présente des phases du rituel de sacrifice du coq à l’occasion du « Féo Kagué». Tradition D’après la tradition, le « Féo Kagué » ou la fête de coq représente le nouvel an toupouri. Cette fête s’est perpétuée de génération en génération, à travers Wang Doré, chef spirituel toupouri. Le « Féo Kagué » est l’occasion pour la communauté toupouri d’invoquer les esprits des ancêtres, d’implorer leur bénédiction pour une récolte abondante au courant de l’année. C’est aussi l’occasion pour remettre une feuille de route à la jeunesse. Selon la coutume, à l’approche de la fête de coq, le peuple toupouri observe le carême. A cette période, il est proscrit de voler, de battre sur sa femme. Au matin de la fête, un tam-tam rassemble le peuple toupouri pour écouter le message du chef. Cette année, le chef a dénoncé le gaspillage alimentaire. « Ce gaspillage nous mène tout droit vers la famine », a-t-il prévenu. Mathias Mouendé Ngamo