Odiane Ngouanaha, une victime des déguerpissements à Fret Aéroport. Photo Mathias Mouendé Ngamo

La jeune commerçante âgée de 28 ans se retrouve sans toit après le déguerpissement survenu à Fret Aéroport à Douala le samedi 09 janvier 2021.

Vêtue d’une culotte en jean, d’un polo vert déjà souillé par les saletés des matériaux qu’elle récupère, les cheveux attachés vers l’arrière et le visage dégoulinant de sueur, Odiane Ngouanaha se lance à la recherche d’objets qui auraient survécu à la démolition de sa maison. C’est donc sans outils que cette jeune dame travaille sous le soleil ardent de 12h ce dimanche 10 janvier 2021. Elle a le regard triste, l’air fatigué.

Près d’elle, des enfants collectent des morceaux de bois pour les empiler dans une brouette. Sa mère est aussi présente sur les décombres. Elle sert des boissons à quatre hommes assis sur un banc en bois devant une maison qui a échappé aux démolitions des engins la veille, ici au lieu-dit Fret Aéroport à Douala. Les bulldozers arrivés tôt vers 6h ont détruit près de 200 maisons.

La tête dans les décombres

Ces hommes qui tiennent chacun une bouteille de bière en main discutent sur les événements de la veille. Odiane ne prend pas part à la discussion. Épuisée par le travail, elle se relève de temps en temps pour pouvoir reprendre son souffle et se reposer. Puis, elle replonge la tête dans les décombres. Encouragée et consolée par des passants, elle répond parfois par un sourire timide et un hochement de tête.

« Ce n’est pas facile, mais on fait avec. Nous avons passé la nuit dans des endroits différents. Certains chez des amis, d’autres chez un proche de la famille. On s’est départagé comme on pouvait. Nous avons pu sauver quelques chaises, nos diplômes, les habits et les lits »,

indique la jeune dame, désemparée.

Abasourdie

Odiane Ngouanaha est âgée de 28 ans. Elle est l’aînée d’une famille de six enfants, dont trois filles et trois garçons. C’est dans cette demeure d’un salon, quatre chambres, une douche et cuisine qui se dressait au quartier Fret Aéroport que la jeune dame vivait en compagnie de ses cinq frères et sœurs, ainsi que sa mère depuis une dizaine d’années.

Abasourdie par ces démolitions, cette jeune commerçante n’a pas pu vaquer à ses occupations journalières du dimanche 10 janvier 2021 pour s’adonner à la récupération des matériaux qui pourront être réutilisés.

Nazira Aroun (Stagiaire)