Thamar Eboa Ndengue, proviseur lycée bilingue de Bépanda. Crédit Photo: Mathias Mouendé Ngamo

Le proviseur du lycée bilingue de Bépanda évoque le travail abattu dans son établissement scolaire pour promouvoir la discipline et le travail et le succès.

Comment avez-vous accueillie la nouvelle du classement de votre établissement scolaire au Palmarès 2021 de l’Obc?

La nouvelle nous l’avons accueillie avec beaucoup de satisfaction parce ce que c’est au bout d’un grand effort. Nous avons travaillé cette année plus que les autres encore dans un contexte de pandémie. J’avoue que ça n’a pas été facile. Tout le monde était contents, élèves comme encadreurs.

Pour vous qu’est ce qui justifie ce palmarès ?  

Ce qui justifie le palmarès c’est le travail, une abnégation sans faille. Beaucoup de discipline surtout. Les deux-là combinés, ajoutés à beaucoup d’ingrédients qui se rajoutent à ce cocktail produit le résultat que nous avons.

Etes-vous arrivés à ce niveau sans obstacles?

Avec les moments que nous traversons, la jeunesse que nous avons, on ne peut pas dire que ça s’est fait sur du tapis. On est confrontés à ces élèves qui ne veulent pas travailler assez. On est confrontés à ces parents qui ne participent pas toujours. On est confrontés à l’environnement qui n’est pas très facile. C’est tout cela qui constitue des obstacles et qui pourrait plomber le travail que nous faisons. Mais je pense que la différence s’est faite dans l’encadrement de proximité que nous avons eu avec ces élèves tout au long de l’année scolaire et particulièrement pendant la période de confinement. Il y a eu un encadrement véritablement de proximité avec eux. C’est pratiquement tous les jours à tout heure que nous étions sollicités, que nous les sollicitions également. Nous ne sollicitions pas que les enfants, mais les parents aussi, puisque tout passait à travers les portables des parents. Autant nous ne dormions pas, autant eux non plus ne dormaient pas.  

Votre lycée est logé dans un quartier dit très difficile. Comment faites-vous au quotidien pour éviter l’impact négatif de cet environnement ? 

(rires). En réalité, il faut avouer que nous sommes dans un quartier  difficile, mais ce que nous avons comme élèves, une fois qu’ils ont traversé le portail du lycée, ils ont conscience qu’ils sont des élèves. Nous ne cessons de les rappeler qu’ils devraient toujours savoir pourquoi ils entrent ici. En suivant ces conseils et cette déontologie, on réussit à avoir un extrait d’élèves qui peuvent au bout du rouleau produire des résultats parce qu’ils auront suivi presqu’à la lettre les conseils prodigués. Mais il ne faut pas négliger l’aspect encadrement des enseignants et du personnel administratif. Nous sommes toujours disposer à les recevoir, à les écouter. Nous mettons à contribution tous nos conseillers d’orientation qui n’arrêtent pas de défiler dans les salles de classe. On ne saurait dire que les élèves de Bépanda sont différents, mais ils ont un plus que nous les apportons. A l’intérieur on agit avec une main de fer. L’élève qui commet une gaffe sait qu’il sera sévèrement sanctionné et qu’il n’est pas à l’abri d’une exclusion. Je crois que cette petite peur qui plane aide aussi à nous séparer de l’environnement extérieur de l’établissement.

Un exemple de mesures prises pour ramener l’ordre chez les élèves …

… On avait une classe particulièrement difficile l’année dernière, la Première A. J’avoue que nous avons du aller à l’extrême, c’est-à-dire en exclure quelques-uns définitivement pour pouvoir gagner le maximum. Ça a aidé à remettre les pendules à l’heure. Cette classe nous a produit un très bon résultat. Ils étaient 114 élèves. Environ 100 ont réussi le Probatoire.

Avec l’insécurité, les drogues et sextapes à la vogue dans les lycées et collèges, qu’en est -t-il chez-vous ?

Nous sommes un établissement comme les autres. Nous ne sommes pas à l’abri de ces phénomènes-là. Si je vous dis qu’il n’y en a pas dans notre établissement scolaire, ce serait raconter des histoires. Le quartier même déjà nous prédispose à ce genre de chose. Néanmoins, nous essayons de traquer comme on peut. Nous évitons qu’on en arrive aux extrêmes. Il y a toujours des brebis galeuses qui réussissent à passer entre les mailles du filets. Lorsqu’on met la main sur eux, ils sont sévèrement punis.

Lorsqu’on est premier quels sont les chantiers à relever ?

Quand on est premier, il y a tout à faire. Depuis de nombreuses années, nous ne dormons pas. Le challenge est grand. On reste permanemment en éveil parce que il faut toujours faire un effort pour avoir des élèves et des enseignant à la hauteur. Toujours les tenir par la main et les tirer vers où on veut. Nous recevons des nouvelles cuvées d’enseignants qui arrivent et qu’il faut mouler. Nous recevons des vagues d’élèves qui viennent d’ailleurs et qui se disent qu’à Bépanda il y a forcément la potion magique. Quand ils arrivent, il faut que nous fassions des pieds et des mains pour les ramener au même niveau que les autres. Parce que, très souvent, quand ils nous arrivent, ce n’est pas évident. On comprend pourquoi certains établissements ne prennent pas souvent les élèves en cours parce que le travail à faire pour les amener au niveau de l’établissement n’est pas évident. Et ça, ça nous donne vraiment du fil à retordre. On essaye de s’arrimer et ça finit par marcher. Nous nous réjouissons du succès que nous avons eu, mais nous ne baissons pas les bras. Nous savons que nous avons encore beaucoup à faire parce que notre établissement est déjà excellent, mais notre objectif reste entier, celui d’être la référence. Avec plus de travail, je crois que nous allons y arriver.

Propos recueillis par Mathias Mouendé Ngamo