Patrice Beaumelle

Le coach des Eléphants de la Côte d’Ivoire a lancé un coup de gueule à l’endroit de la Fifa sur le quota des pays africains au mondial. C’était mardi 16 novembre 2021 après le match perdu face au Cameroun.

Quel est votre sentiment au terme de cette rencontre face au Cameroun?

Comme tous les ivoiriens déçus, je savais que ça serait une finale. Ça s’est joué à quelques détails je pense. C’était un match de haut niveau. Ce soir, on a vu deux grandes équipes. Malheureusement, une seule va continuer le chemin des play-offs de ce mondial au Qatar. Félicitations aux Lions Indomptables et désolé à nos éléphants et au peuple ivoirien. On ne l’a pas fait, mais je suis fier de nos garçons. J’ai le sentiment qu’on a fait un bon match, une bonne deuxième mi-temps. Ça s’est joué dans les petits détails mais c’est le football. Il faut sortir la tête haute et continuer de travailler car je pense personnellement qu’il  y a un bel avenir avec cette équipe de Côte d’Ivoire. Il y a un état d’esprit, une âme et ça me plait beaucoup. On est déçu ce soir mais dès demain, on efface et on avance.

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A quel niveau estimez-vous que votre équipe a pêché ?

Ce soir, le vestiaire de la Côte d’Ivoire est abattu. Nous sommes des compétiteurs. Nous n’aimons pas perdre et nous sommes des gens qui voulons vivre des grands moments comme les Coupe d’Afrique, comme les Coupe du monde. Ce soir, je n’ai pas l’impression d’avoir pêché dans beaucoup de choses. Ça s’est joué à un petit détail. Mais c’était très serré ce soir. Les deux équipes ont tout donné. On a vu des garçons faire des efforts, ne pas accepter de perdre et ça s’est joué sur des détails. Si on était qualifié, j’aurai été l’homme le plus heureux ce soir. Mais dès demain, j’aurai oublié et je vais me mettre au travail. C’est un long process la carrière d’un joueur et d’un entraîneur. Je ne vais pas dire qu’on a la tête basse, on a le regard dans les vagues parce qu’on est déçu c’est beaucoup d’effort, c’est beaucoup de sacrifice. Suite à des défaites en 2014, on est allé chercher des belles victoires en 2015 et je garde ça en tête. Je sais que mon équipe a du potentiel.

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J’ai un coup de gueule à l’endroit de la Fédération internationale de football association (Fifa) !

Depuis 2008, je suis en Afrique. J’ai connu pas mal d’éliminatoires en Coupe du monde. Mon coup de gueule c’est pour la Fifa. Parce qu’on voit souvent les dirigeants de la Fifa venir visiter nos pays africains. Mais quand vous voyez qu’on a 53 fédérations de football africaines et qu’on a cinq pays qui vont à la Coupe du monde, c’est un désastre pour moi. On tue le football africain. Ça me tue parce qu’on va laisser les champions à la maison, des gens qui font le bonheur du football UEFA en Europe, mais on les laisse pour des Coupes du monde. J’ai eu la chance de faire une Coupe du monde en 2018 avec le Maroc, et on laisse chaque fois trois, quatre voire cinq nations qui sont prêtes pour faire le bonheur du football mondial. Ça me fait mal. J’espère qu’un jour, on changera ça.

Je ne dénigre pas les autres continents. Je suis moi-même français-européen, mais on tue le football africain. Il y a 32 équipes, il y a X poule. Ce n’est pas normal que dans chaque poule il n’y ait pas un pays du continent africain. Et ça, on a tous à y travailler pour éviter qu’on ait des matches comme pour ce soir. Ce soir le Cameroun vous êtes en play-offs mais vous n’êtes pas encore qualifié. C’est un véritable marathon. Et lorsqu’on finit, on est rincé. Pour aller à la Coupe du monde, on est épuisé parce que ces éliminatoires nous usent. C’est très dur. Cinq pays sur 53 ce n’est même pas 9%. C’est honteux. Même si j’étais qualifié ce soir, j’allais faire le même message.

Propos recueillis par Moustapha Oumarou Djidjioua