Le calvaire des étudiants de l'université de Douala campus de Pk 17 avec le mauvais état de la route

Les étudiants bravent au quotidien l’état dégradé de ce tronçon routier à l’origine des embouteillages, stress, retards et accidents.

Une longue file d’usagers s’est formée au marché de Pk 14 de Douala ce lundi 23 octobre 2023. Les regards fixés sur la route, ils attendent impatiemment d’emprunter une moto pour rallier l’autre bout de la périphérie. A 7h20 à l’horloge, les étudiants du campus de l’université de Douala construit à Pk 17 sont les plus nombreux. C’est jour de rentrée académique pour les cops de la faculté de Médecine qui ont hâte de rejoindre les amphis. Mais il faut faire preuve de patience et de vigilance ici pour s’arracher une place assise sur un véhicule à deux roues, principal moyen de locomotion pour dompter cette route impraticable. Elle conduit jusqu’à Yabassi, dans le département du Nkam.

Les passagers doivent en outre partager une moto à deux. Déjà vingt minutes sur place et toujours une bonne brochette d’étudiants sont las d’attendre, debout sur la chaussée. Ça se bouscule. Voici qu’une voiture de police oblige encore les usagers à se replier plus bas pour libérer la route. L’affluence est une aubaine pour les conducteurs de  moto qui en profitent pour augmenter les tarifs.

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Les prix doublent

«Voilà un qui demande 250 par personne et exige que nous ayons la monnaie. Nous payons souvent 200 F. Cfa d’ici pour aller au campus de Pk17. Mais les prix augment souvent jusqu’au double, à cause du mauvais état de la route. C’est un véritable calvaire pour nous les étudiants. Les étudiants n’ont pas d’argent. On va manger quoi ? J’espère que la route sera aménagée», déplore Jeff Banda, étudiant.

Une fois la moto empruntée, c’est un véritable parcours du combattant. La moto fait des slaloms au milieu de tous ces nids d’éléphants et piscines de boue semi olympique. Avec les embouteillages, ça circule tout doucement. Sur ce qui tient lieu de route, une piste boueuse escamotée. Des soupçons de goudron par endroit. Le conducteur de moto doit faire preuve de dextérité et d’agilité par endroit pour éviter de renverser ses passagers dans la boue.

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Les motos se renversent

« Plus le temps passe, plus l’état de la route s’aggrave. Les étudiants sont victimes d’accidents tous les jours sur la route Pk 14-Pk 17. Les motos se renversent. Un étudiant est tombé derrière moi lundi 23 octobre 2023», indique Chelsea Djeundam, une étudiante de Master 1 Chimie.

Elle réside de l’autre côté à Bonabéri, à la pénétrante Ouest de la ville. Elle est obligée d’emprunter le véhicule à 6h pour espérer arriver au campus de Pk 17 à 8h. Un long trajet qui ne passe pas comme une lettre à poste.  Après avoir bravé la traversée du pont sur le Wouri, Chelsea doit affronter les embouteillages de Ndokoti. Mais le pire, pour la jeune étudiante, se situe sur le tronçon de route Pk 14 – Pk 17.

« Il arrive souvent que je fasse plus de 20 minutes au marché de Pk 14 à la recherche d’une moto. Pour aller plus vite, il faut souvent accepter de payer le tarif que propose le conducteur de moto. Il s’élève souvent jusqu’à 300 F. Cfa. C’est plus grave les jours de pluie et jours d’affluence. Quand il y a examen, je sors un peu plus tôt»,

se lamente Frank Kemayou, un autre étudiant.

Elle est souvent obligée d’élire domicile chez une tante à Nyalla, ou de séjourner chez d’autres proches pour se rapprocher du campus.

A Pk 16, c’est un immense lac qui accueille les véhicules. Il faut rouler lentement et rester vigilent. Le conducteur de moto est obligé à plusieurs reprises de poser les pieds au sol pour soutenir la moto. Difficile de traverser cette partie du trajet sans avoir les chaussures maculées de boue. A un jet de pierre de là, non loin de l’entrée du campus, trois policiers tentent de réguler la circulation tant bien que mal. Pas de sifflet à la bouche. Ils stoppent un camion ici, autorisent le passage de moto là.

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Le “business” de la boue

« On gagnerait à arranger  plutôt la route, que de déployer des policiers sur une route aussi dégradée », fulmine un mototaximan.  

A l’arrivée devant le portail du campus de l’université de Douala à Pk 17, les étudiants doivent marquer un temps d’arrêt pour se débarbouiller avant de rejoindre les amphis. Il faut retirer la boue sur ses chaussures. Un besoin qui a créé un petit business sur place. « Nettoyez… l’éponge.. l’eau », crie à tue-tête une commerçante. Un seau transparent de dix litres rempli à moitié d’eau est disposé dans un coin. Des bouts d’éponge sont posés tout près. Un autre commerçant en profite pour vendre des sachets d’eau et proposer des éponges aux étudiants victimes des affres de ce chemin. Le bout d’éponge sert à plusieurs usagers.

Ils sont une bonne dizaine qui se renouvellent autour du seau à tour de rôle.  Mais ce service n’est pas gratuit. Les étudiants doivent débourser entre 50 et 100 F. Cfa. Un commerçant de sachets d’eau confie qu’il peut récolter jusqu’à 5 000 F. Cfa par jour. D’autres étudiants ont choisi de se déplacer avec un paquet de lingettes dans leur sac pour nettoyer quotidiennement leur chaussure après leur descente de la moto. “Quand je n’ai pas assez d’argent et que mon paquet de lingettes est fini, j’achète une bouteille d’eau et une éponge que je mets dans mon sac chaque matin.”, indique Jeff Banda. Des dépenses supplémentaires que les étudiants déplorent.

Mathias Mouendé Ngamo