Gabriella Badjeck

C’est sous cette thématique de l’exposition « Point de vue » que l’artiste performeuse Gabriella Badjeck a présenté le côté latent de l’amour mercredi 29 juillet à Douala.

Sur un chemin obscur éclairé par des bougies, Gabriella Badjeck  fait une procession, similaire à celle d’une marche funèbre. Vêtue d’une robe blanche au travers de laquelle l’on observe ses belles formes corporelles, l’artiste performeuse avance lentement sur sa route en mimant à basse voix, un chant de détresse. Plus elle avance, plus  le volume du chant mimé augmente, laissant ainsi une sensation de pitié, de douleur, de souffrance comme lors d’un véritable deuil.

Le scénario suscite plusieurs questions au public venu nombreux mercredi 29 juillet à Bolo l’espace d’art et culture à Douala. Où va-telle ? Et de quoi souffre –telle ? En fait, l’artiste se rend dans « Les filets de l’amour ». Une de ses installations présente dans la galerie dans le cadre de l’exposition « Point de vue » qui a débuté le 15 juillet et court jusqu’au 5 septembre 2020.


L’objectif de Gabriella Badjeck lors de sa performance est de révéler l’autre facette néfaste de l’amour explicite dans « Les filets de l’amour » qui est aussi le nom de la performance qu’elle réalise. Comme son nom l’indique,  « les filets de l’amour »  sont en fait  des pièges de l’amour.  L’artiste parle d’un amour destructeur et douloureux dans lequel un conjoint est prêt à tout sacrifier afin de posséder l’autre.

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La possession et l’Amour

C’est d’ailleurs ce qu’illustrent les incantations qu’elle effectue à l’intérieur de son installation : « Tu sera à moi » « je te veux pour toujours »  « je t’aime » etc, sont les paroles qu’elle prononce tout en s’injectant des épingles au niveau de son cœur. À en croire l’artiste, cet autre visage de l’amour est  moins évoqué alors qu’il aboutit généralement à des fins dramatiques.


« De plus en plus dans les relations amoureuses les gens ont tendance à se posséder. Peut-être ils le font parce qu’ils pensent aimer l’autre, mais ils confondent la possession et l’amour. On a de plus en plus de crimes passionnels où les hommes et les femmes sont prêts à tout pour rester avec l’autre. Au final, l’amour se perd dans ce jeu de possession, qui dans sa  disparition provoque une sorte  de psychose qui conduit souvent à des drames »,

Gabriella Badjeck lors de sa performance

explique l’artiste performeuse Gabriella Badjeck. Une performance très appréciée du public.

« C’était une très belle performance. À la fin on a ressenti beaucoup d’émotion.  Personnellement, moi j’ai été touché par cette thématique qui concerne tout le monde», informe William Bakaimo, un participant. En outre, la performance s’est voulue participative et  d’aucuns  sont rentrés avec un petit bocal souvenir obtenu des mains de Gabriella Badjeck lors de la performance. Ils devront alors en décrypter le contenu et d’une certaine manière poursuivre la performance dans leur cadre de vie. 

Tatiana Ngnombouowo