A Mambanda comme au Far West
- 24 avril 2012
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Insécurité. Ce quartier de l’arrondissement de Douala 4ème est réputé dangereux. Des agressions sont monnaie courante de nuit comme de jour. Fin février 2008, les émeutes de la faim éclatent à Douala. La tension atteint un seuil critique à Mambanda, un quartier de l’arrondissement de Douala 4ème. Des jeunes dudit quartier mettent le feu au commissariat du 5ème arrondissement, seule unité de police du coin. Le calme revenu, le commissariat de sécurité publique est transféré au quartier Bonambappè, loin de l’autre côté, à l’ancienne route. L’accroissement du taux d’insécurité à Mambanda suit. Le coin est devenu une sorte de jungle, où il n’est pas bon de s’aventurer dans certains secteurs. La réputation précède les maitres des lieux. Les agressions sont monnaie courante de nuit comme de jour. Les braquages, vols, suicides ne sont pas en reste. Il y a quelques jours encore, un agent commercial d’une société de la place a été agressé au lieu-dit « Carrefour Chico » autour de 14 heures. « Quand ils étaient discrets, j’ai pris la fuite en criant ô voleur. Ils se sont adossés sur mon tricycle et se sont mis à me railler devant tout le monde », raconte la victime sauvée de justesse par l’intervention d’un responsable de sa société. Une semaine plus tard, un livreur de pain a été dépouillé au même endroit. « Il ya trop d’agressions à Mambanda. Des enfants de 18 ans fument du chanvre indien et battent leurs ainés. Si un habitant réagit, il est pris à partie », indique David Kamga, un habitant de Mambanda. « Il ne se passe pas trois jours sans que l’on entende un coup de feu la nuit », poursuit un autre. Des blocs de ce quartier sont particulièrement redoutés. Il s’agit entre autres des lieux-dits « Stade Komba », « Pharmacie bar », « Carrefour Chico », « Carrefour Alhadji », « Perfusion bar », «Carrefour Wamba », « Pêcherie », sis derrière la société Alpicam. «Quand les policiers poursuivent souvent des bandits, ces derniers courent en direction de Pêcherie derrière Alpicam, se jettent à l’eau et s’enfuient par la nage », fait savoir une riveraine. Des commerçantes du marché Mambanda indiquent qu’au mois de mars dernier, un groupe de jeunes « délinquants » a collecté la somme de 500 F. Cfa par comptoir et est reparti, sans être inquiété. Les jeunes auteurs de ces actes de vandalisme sont présentés comme des chômeurs qui écument à longueur de journée les carrefours. Ils ont des couteaux. Ils sont désignés sous le pseudonyme de « Boys », « Grand k ». Les étrangers seraient leurs premières proies. La plupart des habitants de Mambanda relèvent que cette situation d’insécurité est due premièrement à la délocalisation du commissariat. « Le commissariat était une entorse aux activités des bandits. C’est pour cela qu’il a été brûlé », pense Joseph Tufoin, chef du quartier Mambanda. Il déplore la complicité de certains parents qui refusent de dénoncer les malfrats et le non dépôt de plaintes ou l’abandon des poursuites par les victimes. Mambanda est presque une ville avec ses 39 blocs qui abritent près de 75 000 habitants. Ce qui fait dire au chef du quartier qu’il est impératif qu’une unité de police soit installée dans la zone. Il confie d’ailleurs avoir touché « toutes les autorités compétentes » pour la réouverture du commissariat à Mambanda. « Ils m’ont fait savoir que le bâtiment est déjà reconstruit et attend d’être aménagé», souffle t-il. En attendant le retour de la police de proximité, certains blocs de Mambanda se sont organisés en auto défense. Une initiative qui porte des fruits au bloc 7, souligne Joseph Tufion. Entre temps, la police sillonne, fait des interventions. Des personnes sont interpellées. D’autres sont relâchées quelques temps après, apprend-t-on. Mathias Mouendé Ngamo