Des comédiens font du théâtre d'improvisation sur la scène de l'Institut français de Douala

Deux équipes de comédiens professionnels et amateurs ont rivalisé d’adresse sur des thèmes imposés samedi 20 avril 2024 à l’Institut français.

Ce n’est pas si souvent que les spectateurs ont à voir ce genre de représentation. Lorsqu’on dit théâtre, les comédiens ont toujours pour habitude de se présenter sur le podium avec des histoires et des mises en scène déjà préparées. Mais ce samedi 20 avril 2024 à l’Institut français (Ifc) de Douala, c’est tout autre chose. Le spectacle met en confrontation deux équipes de comédiens. Aucune répétition, aucun texte pré-écrit. Il faut tout créer sur place et selon une thématique dictée par l’arbitre central.

Le public à la fois spectateur et juge est muni d’un carton à deux couleurs. Il apporte sa contribution pour aider les trois arbitres à départager le vainqueur de chacune des épreuves. Cette compétition d’un autre genre organisée par Les Improtagonistes est baptisée le «Match d’improvisation». C’est à la fois ludique, comique et instructif.

Tenez par exemple. Voici que l’arbitre a donné pour thème : « la faim, catégorie libre, nombre de joueurs illimité ». Chacune des deux équipes, Rouge et Jaune, dispose d’à peine 20 secondes pour préparer sa stratégie et se confronter à l’autre équipe, sur un chrono de trois minutes. Il n’est nullement question d’échanger juste entre membres de la même équipe, mais de s’assurer que les dialogues qui intègrent les membres de l’autre équipe s’inscrivent dans la dynamique de la construction d’une histoire qui tienne la route.

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Le théâtre d’improvisation

Les arbitres sont à l’affût. Il est interdit de murmurer à l’oreille des siens pendant le jeu pour souffler des répliques. Il ne faut pas parler à basse voix. L’utilisation des accessoires virtuels est passée à la loupe dans ce théâtre d’improvisation.

«Où est passé le verre d’eau que vous teniez à la main. Vous ne l’avez jamais déposé. On ne casse pas des choses ici sur la scène »,

martèle l’arbitre central qui vient de siffler une faute contre les jaunes.

Attention ! Si l’équipe cumule trois fautes, les adversaires engrangent d’office un point supplémentaire, d’après le règlement. Aussi, les épreuves ne sont pas toutes identiques. Suivez par exemple cette autre représentation, où l’arbitre central tient lieu de boussole. Lorsqu’il s’écrit : « reculez !», les comédiens en scène, des professionnels et des amateurs, doivent revenir sur leurs mots, mimiques et gestes de maniement d’accessoires précédents. Lorsqu’il dira « avancez !», les comédiens pourront poursuivre avec la construction de l’histoire, dans le même ordre entamé. Il faut dans ce passage se souvenir de toutes les phrases prononcées et des mimiques utilisées.

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Le public dans le jeu

Alors que les compétiteurs, des Camerounais et des Français, traversent une épreuve de nerfs, le public lui se plie en quatre. On rit le bon jeu dans ce théâtre d’improvisation. Un comédien semble perdu ou hésite, on se délecte. Le carton est levé à la fin en faveur de celui qui aura conquis le plus les cœurs. Entre la face jaune et rouge des cartons ensuite brandis, les arbitres font les décomptes et marquent les points.

Comme toute compétition, il y a des récompenses à la fin. Ici encore, ce n’est pas l’équipe qui gagne. Après quelques dix rounds, Julien Eboko de l’équipe des jaunes décroche un trophée pour s’être des fois effacé pour permettre à son équipe de gagner. Deux autres comédiennes chez les rouges ont également été honorées. La première pour la qualité de son jeu en individuelle. L’autre pour la meilleure utilisation d’accessoires sur scène.

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Ca booste la créativité

«Le théâtre d’improvisation c’est plus compliqué. On arrive sans texte, sans mise en scène ni direction. Il faut tout penser en 20 secondes. Il faut être à l’écoute de l’autre. Chacun apporte quelque chose. On danse sur un conte. On se lance dans la gueule du loup comme ça »,

témoigne Julien Eboko. Pour lui, cette expérience reste une très belle école où le comédien se découvre et booste sa créativité.   

Mathias Mouendé Ngamo