Vols annulés: Les déboires des passagers cloués au sol à l’aéroport de Douala  

L’annulation des vols suite à la grève des agents de l’Asecna a causé de nombreux désagréments chez les voyageurs les 23 et 24 septembre 2022 dans la capitale économique camerounaise.  

12h30. Le temps a comme suspendu son envol à l’aéroport international de Douala ce samedi 24 septembre 2022. Aucun passager n’est autorisé à traverser le grand portail pour emprunter les escaliers qui mènent vers le hall. Seuls des employés des compagnies aériennes et d’autres personnels de l’aéroport jouissent de ce privilège aujourd’hui. Deux policiers en faction veillent à la consigne. Du coup, le parking tient lieu de hall à ciel ouvert.

Des bagages sont compilés les uns sur les autres sur des charriots immobiles. Les jeunes qui grouillent souvent dans le coin pour proposer des services d’emballage et pesage des valises et colis ne sont pas visibles. Le petit écran d’affichage des données de vols installé ici est éteint. Les potentiels voyageurs et leurs proches ont pris place sur des bancs publics. Les visages sont tristes.

«Nous sommes arrivés à l’aéroport et on nous signale qu’il n’y a aucun vol. Nous sommes tous dehors », alerte une dame au téléphone.

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1^er voyage en avion manqué

Elle est venue accompagner son frère cadet qui devait effectuer son tout premier voyage par avion aujourd’hui, à destination du Rwanda. Le vol programmé à 14h30 n’aura plus lieu. Un message de la compagnie aérienne placardé près du grand portail de l’aéroport le confirme. Des passagers agglutinés autour de cette affiche prennent connaissance de la mauvaise nouvelle :

«Rwandair, chers clients notre vol Wb 211 du 24 septembre à destination de Brazzaville et Kigali est annulé suite à une grève du contrôle aérien du réseau Asecna. Pour plus d’amples informations, merci de nous contacter au 237 xxx xx xx xx(…) ».

Le message est rédigé en français et en anglais. Juste en dessous, un autre communiqué de la compagnie Ethiopian Airlines annonce l’annulation du vol ET 955 du même jour.

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Tristesse

Le jeune garçon qui loupe ainsi son tout premier voyage en avion est désemparé. Il cache mal sa tristesse derrière son cache-nez. Son sac à dos toujours bien accroché, il pianote sur son téléphone portable. Puis, un moment, il a le regard perdu dans le vide. Quand il revient à lui, il effectue quelques pas avant de se rapprocher à nouveau des siens. Seize membres de la famille et des amis sont venus l’accompagner à l’aéroport pour ce grand jour. On retrouve dans la délégation, une grand-mère et deux nouveau-nés. Tous partagent la tristesse du jeune homme.

«Il voyageait par avion pour sa première fois. Il est ‘’dépassé’’. Nous mettons en prière»,

raconte la sœur ainée du jeune désemparé. Déjà deux heures que ce dernier tourne en rond.

Zoneseh, lui, se tourne les pouces depuis plus de trois heures maintenant. Il a effectué le déplacement pour l’aéroport de Douala depuis 10h. Son vol via Ethiopian Airlines était prévu à 14h. Le jeune homme de 25 ans est parti un peu plus tôt ce matin du Sud-ouest. Il se rendait ainsi à Bahrain, un Etat insulaire d’Asie occidentale, où il a trouvé une opportunité d’emploi. « Je suis très déçu. Tous mes plans tombent à l’eau. Je n’ai pas d’autres choix que d’attendre sur place et voir si le vol peut être reprogrammé même vers 17h », espère Zoneseh.

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Vols annulés à Douala

Plusieurs autres passagers attendent visiblement de voir se produire un tel évènement. Ils restent tout de même très remontés de n’avoir pas été informés directement par les compagnies aériennes qui disposent pourtant de leurs coordonnées.

«Quand on achète les billets d’avion ils renseignent nos numéros de téléphone et nos adresses mail. Pourquoi ils ne nous ont pas envoyé des messages d’alerte plus tôt», se plaint une dame.

En l’absence de ces messages d’alerte aux clients, le bals des arrivées des passagers se poursuit. D’autres, las de patienter qu’un miracle se produit, reprennent le chemin de la maison. C’est le cas de cette famille qui a mobilisé un car Hiace de 19 places pour accompagner leur proche. Quand le véhicule quitte le parking de l’aéroport à 13h21, on découvre à travers les vitres, des visages tristes. Aucun échange verbal entre les occupants du car qui sont pourtant arrivés un peu plus tôt, dans la convivialité. Quand le petit d’écran d’affichage des données de vols s’allume à 13h30, les passagers ont une lueur d’espoir sur la bonne reprise des activités au sein de l’aéroport.

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Grève des agents de l’Asecna

Mais le tableau de bord n’est pas porteur de bonne nouvelle. Il indique tout juste que les cinq vols internes de la compagnie aérienne nationale Camair-Co de 13h45 (3 départs), 14h et 15h30 sont annulés à Douala. Déjà la veille vendredi, le Top Management de la compagnie avait publié un communiqué de presse sur l’annulation de tous les vols de cette journée-là. Le tableau indique aussi l’annulation du vol Asky KP038 de 17h à destination de Ndjamena au Tchad.

La grève des agents de l’Asecna perturbe ainsi le trafic sur le ciel camerounais et africain depuis vendredi 23 septembre 2022. Les grévistes réclament entre autres, le reclassement catégoriel en G1 de tous les contrôleurs aériens, l’indexation et la revalorisation de prime de licence, la réforme du plan de carrière des contrôleurs aériens Asena, la revalorisation des heures de nuit.

Si le ton a été durci au Cameroun, des sources confient que cela est dû à l’arrestation de deux agents grévistes relaxés vendredi dernier. Douala Today a en outre appris la tenue d’une réunion de crise à l’Asecna samedi à Douala. Une réunion de plusieurs heures qui a rassemblé autour de la table des représentants de l’Asecna Cameroun, des Aéroports du Cameroun et des syndicalistes, entre autres. Une signature serait attendue du Premier ministère dans le cadre de la résolution de la grève au Cameroun.

Ifatca pour la reprise des négociations

Dans le même temps, la Fédération internationale des associations des contrôleurs aériens (IFATCA) dans un communiqué de presse du 23 septembre indique avoir reçu des informations selon lesquelles plusieurs contrôleurs aériens ont été arrêtés à Douala et Brazzaville. Ladite fédération qui dénonce le remplacement des contrôleurs par des personnes non qualifiées appelle les parties concernées à désamorcer cette situation le plus rapidement possible et à revenir à la table des négociations, de préférence avec un médiateur indépendant.

Mathias Mouendé Ngamo