Les habitants de ce quartier situé près de l’aéroport ont vu leurs maisons démolies samedi 26 juin 2021, après une mise en demeure servie par la préfecture du Wouri.

Un gaz enveloppé dans l’air irrite les narines et les yeux au passage. Il est presque 10 h, samedi 26 juin 2021 au quartier New-Town Aéroport dans le deuxième arrondissement de la ville de Douala au Cameroun. Dans un secteur de ce quartier, des familles se mobilisent pour faire sortir leurs effets personnels des maisons. Des meubles, vêtements et autres ustensiles sont sortis de la maison et transportés au pas de course près de la chaussée. Ici, un espace vide est repéré pour servir de magasin de circonstance.

Vêtue d’un décolleté blanc et d’un pantalon jogging, Alice Kano Wato tient fermement une hache sur sa main droite. Cet outil lui permet de casser le mur de sa bâtisse afin de retirer le cadre de la fenêtre et les portes. Elle a déjà tout vidé les meubles qui étaient à l’intérieur de sa maison. Non loin, des jeunes garçons sont perchés au-dessus des maisons pour enlever les tôles. Arrache clou, marteau et pince sont mis à contribution.

De l’autre côté du quartier, les démolitions des maisons ont commencé. Un bulldozer en action procède aux destructions. Les riverains assistent impuissants à la destruction de leurs maisons, en présence des gendarmes, policiers et militaires qui ont été déployés pour maintenir l’ordre public.        

Du gaz lacrymogène à New Town Aéroport

Assis sur une fondation près de sa maison, Abdouraman Yaouba, un habitant de New Town Aéroport dit avoir été au courant de la mise en demeure (sommation) à la veille, dans l’après-midi. « Lorsqu’on a appris la nouvelle, nous avons commencé aussitôt à faire sortir les effets. Ce matin aux environs de 6 h du matin, les forces de maintien de l’ordre ont commencé à nous lancer des gaz lacrymogènes. Ils nous empêchaient de faire sortir des choses de la maison», explique Abdouraman Yaouba avec la mine serré.

Alice Kano Wato et ses enfants ont absorbé ce gaz lacrymogène.

« A leur arrivée, on a voulu savoir l’objet de leur présence. Immédiatement ils ont commencé à nous asperger avec les eaux. J’ai dû fuir avec mes enfants pour aller chercher un abris»,

raconte Alice Kano Wato qui précise qu’elle ne sait pas quelle direction prendre pour passer les prochaines nuits.

Pour elle, la seule destination en vue est celle du village, car dit-elle, les moyens ne lui permettent pas de trouver un autre toit. La maison du chef du bloc de ce quartier a été démoli, apprend-on. Suite à ces casses environ 300 familles sont désormais à la belle étoile.       

Mise en demeure

Le 24 juin 2021, le premier adjoint préfectoral du département du Wouri a signé une mise en demeure pour les habitants du quartier New Town Aéroport. Selon ladite circulaire, elle rentre « dans le cadre des travaux d’assainissement des espaces aéroportuaires du Cameroun tel que défini par l’Organisation de l’aviation civile international (Oaci), et en application des instructions du Ministre de l’Administration territoriale objet du message fax n°000960 MFX/MINAT/SG/DPC/BSC du 03 novembre 2020 ».

Le lendemain, après avoir reçu la notification de cette mise en demeure, les habitants de ce quartier ont fait un sit-in devant les services du gouverneur du Littoral. « L’objectif était de rencontrer le gouverneur afin de dialoguer avec lui pour qu’il puisse nous dire de quoi il est question. Malheureusement il n’était pas en place. Le commissaire divisionnaire qu’il a envoyé nous a demandé de faire une délégation de quatre personnes et que la foule rentre », indique Amadou Njoya, un habitant du quartier. Seulement les quatre représentants de la population sont renvoyés chez le préfet du département du Wouri qui à son tour va les orienter chez son premier adjoint.

En rappel, le 9 janvier 2021, une première opération de démolition des maisons avait eu lieu dans ce même quartier de la ville de Douala.

Moustapha Oumarou Djidjioua