Le batteur camerounais de renom est décédé lundi 19 septembre 2016 à Yaoundé.

«C’était le seul batteur à l’époque qui pouvait jouer à la grosse caisse pendant dix minutes sans se fatiguer. Il aimait son travail et excellait dans ce qu’il faisait. La majorité de mes albums, je l’ai fait avec Ebeny et Aladji Toure. C’est une grande perte pour la musique camerounaise ». François Misse Ngoh ne cache pas son émotion à la suite du décès d’Ebeny Donald Wesley. Pour lui, ce musicien camerounais de renom décédé à Yaoundé lundi 19 septembre 2016, n’a pas seulement le mérite d’avoir joué avec des grands noms de la musique américaine, tel qu’il est présenté dans la plupart des médias depuis l’annonce de sa disparition. François Misse Ngoh tient à préciser qu’Ebeny Donald Wesley a avant tout participé au rayonnement de la musique camerounaise.

Le batteur a justement été membre de la fameuse « équipe nationale du makossa » créée dans les années 70. Cette équipe mythique a favorisé l’essor du makossa et la découverte de plusieurs talents artistiques locaux. Chez Dina Bell, c’est bien plus qu’un artiste qui vient de s’éteindre. « C’est un collègue, un frère, un ami. C’est une grande perte pour la musique. C’était quelqu’un de formidable qui aimait ses amis. Il était prêt à tout pour eux», regrette l’auteur de « Sophie ». Dina Bell et Ebeny Donald Wesley ont été des amis d’enfance au Cameroun. Dans leur parcours, les deux artistes se sont retrouvés en France. Ebeny produira d’ailleurs le deuxième album de Dina Bell, un 33 Tours, en 1979. « L’équipe nationale du makossa m’a accompagné dans plusieurs albums. Lors de ma première tournée nationale au Cameroun en 1981, j’avais Ebeny Donald Wesley comme batteur », se souvient Dina Bell, avec nostalgie.

« Personne ne s’y attendait » Aladji Touré, joint par téléphone mardi soir, n’en revient toujours pas. « La nouvelle m’a clouée. Je n’en reviens pas. Il n’était pas malade. Il a fait un check-up de routine ces jours-ci et rien n’a été décelé. Là il nous lâche comme ça. Personne ne s’y attendait », a témoigné le bassiste, qui présente Ebeny Donald Wesley comme « un batteur hors pairs », « quelqu’un qui a donné sa vie à la musique». Dans son caractère, les artistes qui ont côtoyé Ebeny Donald Wesley font savoir qu’il savait être doux lorsque vous êtes doux avec lui, mais agressif lorsque vous l’êtes aussi à son égard. « Il répondait du tic au tac. Il n’hésitait pas à donner des coups de poing quand ça n’allait pas », confie son ami d’enfance, Dina Bell. Ebeny Donald Wesley a aussi arboré un autre costume, loin du milieu artistique. Il a en effet officié comme colonel d’infanterie dans l’armée américaine et a visité plusieurs pays.

Eclosion de la musique camerounaise

En 40 ans de carrière musicale, le colonel, l’artiste Ebeny Donald Wesley a fait un parcours admirable. Il a côtoyé les grands noms de la musique mondiale comme Lionel Richie et Stevie Wonder. Il a aussi participé à l’éclosion de la musique camerounaise. Il a géré un des plus grands studios de Paris, le studio Davout. Il a produit et accompagné Dina Bell, Douleur, Richard Bona, Mango, Dedy Dibango, Nelle Eyoum, entre autres. Il s’était un peu éloigné de la musique depuis quelques temps. Mais après son retour au Cameroun, il a commencé à flirter avec ses premières amours en fréquentant quelques cabarets. Il y jouait un ou deux morceaux à l’occasion.

Ebeny Donald Wesley est décédé lundi 19 septembre 2016 à Yaoundé, d’une mort subite à l’âge de 54 ans. Les proches font savoir qu’il s’était rendu dans la capitale politique pour être aux côtés de sa femme qui venait de mettre au monde un nouveau bébé. « Ils sont rentrés à la maison. Il a bercé le bébé dans ses bras. Après, il est allé aux toilettes. On a entendu un grand cri. Il s’est écroulé et a rendu l’âme », raconte un proche, ému. Il était environ 16 h. L’artiste devait recevoir des amis pour un diner dans la soirée, chez lui. Cette partition là, elle ne sera pas jouée.

Mathias Mouendé Ngamo