Le vocaliste et musicologue camerounais résidant aux Etats-Unis d’Amérique a plus de succès hors de son pays d’origine.

La passion pour la musique débute très tôt chez Gino Sitson, jazzman camerounais résidant aux Etats-Unis d’Amérique. Enfant, il commence à jouer à la batterie et à chanter. Mais, il le confie lui-même, il exerce ses amours en cachette. Être musicien dans une famille d’ «intello » est mal vu. Les parents ne sont pas prêts à encourager leur rejeton dans cette voie. Gino ne lâche pas prise. Après son baccalauréat, il se rend en France à 17 ans pour poursuivre ses études. Il obtient un Brevet de technicien supérieur (Bts) en gestion hôtelière. Il commence un boulot en hôtellerie qui ne dure pas.

Gino s’inscrit dans une école de musique à paris 8 et sort en 1995 son premier album intitulé « Vocal deliria ». C’est un album polyrythmique composé et arrangé par l’artiste. Le genre jazz domine dans la production.

« J’écrivais mes textes comme ils me venaient à l’esprit. Puis j’ai appris que c’était du jazz »,

affirme t-il.

11 septembre

En 2000, Gino Sitson s’installe aux Etats-Unis d’Amérique. Il sort un deuxième album, « Son Zin » en 2002. Il est ému de voir sa mère à l’un de ses spectacles. Les albums “Way to go”, “Conversations”,  “Light as an elephant” et “Bamisphere” font partie de la discographie de l’artiste. Les concerts s’enchaînent. Dans sa musique, Gino associe les polyphonies africaines à des improvisations personnelles. Le vocaliste joue beaucoup de l’acoustique.

En 2001, il se produit avec son groupe au World Trade Center. C’est le dernier artiste à s’y produire, trois jours avant l’attentat du 11 septembre. Gino décide dès cette date de garder le look rasta qu’il arbore sur la tête aujourd’hui. Il reconnait vivre de sa musique.

« Et ce n’est pas parce que j’ai fait un tube, mais parce que je reste constant dans ma façon de travailler »,

pense t-il.   

Reconnaissances internationales

 

Le jazzman reste peu connu au Cameroun. Pourtant il a longtemps marqué son passage sur les scènes étrangères avec près de 160 dates par année. Il a joué aux côtés des musiciens de renommée tels Manu Dibango, Ron Carter, Papa Wemba, Wally Badarou, John Scofield, Geri Allen, David Gilmore, Bobby McFerrin, Frank Wess, Ray Lema, Craig Harris, Mario Canonge, Brice Wassy, Oliver NGoma. En 2008, il a réalisé avec Bobby McFerrin un documentaire, « The music instinct : Sciences and song », diffusé sur la chaine de télévision américaine PBS.

L’artiste reçoit en 2004 le « Parents Choice Silver Medal Honor Award ». Il a en outre été nominé au World Music Chart Europe (WMCE) et au Prix Découverte Rfi en 2006. Il est nominé au Grammy Award avec l’album Bamisphère (2005). Et est sélectionné parmi les 10 meilleurs disques de jazz en 2002 aux Etats-Unis par le Los Angeles Times avec « Son Zin».

Gino Sitson, le musicologue

Gino Sitson est depuis 2006 enseignant, chercheur et musicologue aux Usa. Il prépare une thèse de doctorat en musique. « J’étudie actuellement la survivance du Gwa ka en Guadeloupe. L’analyse sonore de cette musique, l’harmonisation de ses différents types de musique », explique t-il. Le vocaliste  en séjour au Cameroun a rencontré samedi 21 juillet 2012 à Douala, les journalistes membres de l’association Cameroon art critics (Camac). A cette rencontre, il annonçait la sortie prochaine d’un autre album suivi d’une tournée aux Antilles en décembre 2012.

De nouveau en séjour au Cameroun ce mois d’octobre 2020, Gino Sitson, docteur en musicologie et vocaliste anime un débat ce 08 octobre à 17h30 à l’Institut français Douala sur le thème : «Et si on parlait musique» (apport de la recherche académique dans la création du musicien-praticien). Une occasion sans doute d’en savoir aussi plus sur son actualité de ces huit dernières années.

Mathias Mouendé Ngamo