Député à tout prix
- 12 mai 2011
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Théâtre. La première de la pièce « Le Caméléon » jouée par la compagnie Maluki en avril dernier, met en scène les pratiques peu orthodoxes des politiciens. Dans l’univers culturel camerounais fortement marqué par l’absence de salles de cinéma et de spectacle, les comédiens de la compagnie Maluki ont décidé de ramener le théâtre auprès de son public via le concept des « Jeudis théâtre ». Le projet consiste en la représentation d’une pièce théâtrale le troisième jeudi de chaque mois. Et pour renouer avec les vieux amours le 7 avril, les comédiens ont puisé dans les anciens classiques loin des solo et mono qui meublent les planches depuis quelques années déjà. Retour aux pièces théâtrales avec plusieurs acteurs, où chacun doit mémoriser son texte et coordonner ses gestes et mimiques avec l’ensemble du groupe. En première, le texte « Le Caméléon » de Patrice Ndedi Penda a été représenté le 7 avril 2011 au foyer de la jeunesse d’Akwa. On reconnait à ce dramaturge camerounais auteur de nombreux ouvrages, un combat acharné contre la corruption et les détournements de fonds publics. Sur une mise en scène de la comédienne Dovie Kendo, « Le Caméléon » met en action six personnages. C’est l’histoire d’Amout, un contractuel de l’administration qui aspire au poste de député de Bambos 1, 2 et 3. Et il est prêt à tout pour atteindre son but. Il va même jusqu’à recommander à sa fille Anita de s’offrir charnellement au « Grand camarade » du parti, Pop Sékélé pour obtenir ses grâces. En fait, nous sommes à l’ère du monopartisme et Amout est membre du Parti unique démocratique révolutionnaire (Pudr). Véritable caméléon, Amout s’adapte à chaque situation. Il est autoritaire et agressif à l’occasion. Son épouse Arima à la fois soucieuse et taquine, l’assiste dans cette quête démesurée de pouvoir. C’est une épouse partagée entre la tradition et un brin de modernité avec pour vœu de voir sa condition s’améliorer. « Le Caméléon » se déroule en campagne, mais le style de langue utilisé par les acteurs est plutôt soutenu. L’histoire présente d’un côté les personnages Amout et son épouse qui restent attachés au système corrompu de la « old school ». De l’autre côté, la crème jeune représentée par Anita et son copain Miki prône un monde nouveau avec le respect des valeurs humaines, la justice et l’alternance. Dans leur jeu, les acteurs dénoncent, non sans choquer et provoquer le rire, les maux comme la corruption, l’abus de pouvoir et l’abus d’autorité. Et Même si le texte de Patrice Ndédi Penda publié aux éditions Clé date de 1981, le public présent au foyer de la jeunesse d’Akwa le 7 avril 2011 a vu peindre la société camerounaise actuelle, avec une dose de légèreté. Tant les pratiques politiques décriées dans « Le Caméléon » ne semblent pas avoir disparues. Certains diront même, « qu’on voit pire aujourd’hui ». Mathias Mouendé Ngamo Fiche technique Texte : « Le Caméléon », de Patrice Ndedi Penda Théâtre Éditions CLÉ – 1981 Interdit et saisi par arrêté le 18 mai 1981 Réhabilité par arrêté le 02 juin 1985 Manuel scolaire depuis septembre 2000 Mise en scène : Dovie Kendo Amout Patrice Alex Daheu Arima (Jeannette Mogoum) Anita (Corine kameni) Miki (Jean Paul Elombo) Yoko (Henry-Daniel Totto) Le préfet (Isaac Iboi) Les « jeudis théâtre » renaissent Promotion. La compagnie Maluki veut ressusciter cette vieille tradition abandonnée il y a 5 ans. Dovie Kendo Ce n’est pas de tout hasard si les comédiens de la compagnie Maluki ont choisi le foyer de la jeunesse d’Akwa le 7 avril 2011 pour la représentation de la pièce « Le Caméléon » de Patrice Ndedi Penda. C’est dans cette bâtisse de l’Eglise évangélique du Cameroun (Eec) que « les jeudis théâtre » ont été lancés il y a cinq ans. Un évènement qui était alors destiné à la diffusion et la promotion du théâtre en salle. Et pour relancer cette dynamique évanouie avec la fermeture des salles de spectacles, les comédiens de Maluki ont initié le projet « Itinérance » qui vient « ressusciter » le théâtre en salle. La représentation du 7 avril a constitué la première de cette initiative qui convie désormais le public chaque jeudi à une pièce de théâtre classique. « Il faut ramener le public à nos classiques à nous. Nos jeunes comédiens ont besoin de ces bases», a expliqué Dovie Kendo, initiatrice du projet. Pour contourner le problème de salle, les comédiens de Maluki se sont rapprochés des différentes mairies de la ville de Douala, en plus de l’accord obtenu de la salle du foyer de la jeunesse d’Akwa. « Chaque mairie dispose d’une grande salle dans laquelle nous pouvons faire des représentations publiques», indique Dovie Kendo qui précise par ailleurs que le projet s’étendra dans les artères de Douala au fur et à mesure que les mairies vont adhérer au concept. Vivement que le théâtre au Cameroun renaisse de ses cendres. Mathias Mouendé Ngamo