Hervé Yamguen lévite
- 29 avril 2012
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Art plastique. A travers son exposition « Histoire surnaturelle », le plasticien entre en communication avec son homologue français Félix Labisse, décédé. C’est inédit. L’exposition « Histoire surnaturelle » du plasticien camerounais Hervé Yamguen a quelque chose qui sort de l’ordinaire. Quelque chose que l’on ne voit pas tous les jours, du moins dans le travail de nos artistes. Le gars de New-bell est allé chercher loin pour son énième exposition au centre d’art contemporain doual’art à Bonanjo. « Histoire surnaturelle » est une sorte de dialogue de l’artiste avec son homologue Félix Labisse, peintre surréaliste français décédé en 1982 et auteur de l’ouvrage « Histoire naturelle » édité par Chavane en 1948. La communication entre les deux « esprits » a un côté mystique. Déjà, la date arrêtée pour le vernissage peut susciter une réflexion chez ceux qui croient en la superstition. Un vendredi 13 ! (avril 2012). Pour porter sa correspondance au-delà de l’espace et du temps, Hervé Yamguen rassemble dessins, sculptures et performance. L’artiste réalise sa performance à quelques encablures de la porte d’entrée de doual’art. C’est tout un rituel. Le visage est peint en blanc. Yamguen reste allongé sous un tas de feuilles mortes pendant près de 25 minutes. Avec cette juxtaposition de feuilles mortes et visage peint en couleur de pureté, on dirait bien que l’artiste a trouvé le point de connexion entre le monde des morts et celui des vivants. Il sort sous les décombres un instrument traditionnel souvent utilisé en Afrique pour annoncer les deuils. Il souffle dedans. Puis se relève et s’en va sans dire mot à personne. Tout se passe dans le spirituel. « D’une certaine façon, l’art est concentré dans le surnaturelle. La culture dépasse les lieux et le temps », confie l’artiste quelques minutes après sa performance. Les autres aspects de la correspondance d’Hervé yamguen sont plus matériels, plus illustratifs. Des sculptures et des dessins. Une série de trente dessins est accrochée sur un pan du mur de doual’art. Elle retrace l’histoire d’un oiseau dans les airs. « Le petit voyageur » raconte des situations qu’il vit. Le récit est poétique et illustré de dessins. Des rapprochements sont faits entre les animaux et les hommes. Il en est de même avec les sculptures. A travers ce rapprochement, Yamguen aborde la question de totem en Afrique. L’« Histoire surnaturelle » de yamguen est une réponse à l’«Histoire naturelle » de Félix Labisse. Dans son univers, Labisse fait découvrir en dessins et en texte des créatures de la mythologie, notamment la mandragore, l’andromède, la caline. Yamguen semble dire à Félix que ce lien d’un autre genre entre hommes et bêtes reste d’actualité plus de 30 ans après sa disparition. Les deux hommes en scène sont eux-mêmes liés par des liens artistiques. Ils sont poète et dessinateur à la base. Mathias Mouendé Ngamo