Spectacle. Les danseurs Fatou Cissé et Mamane Sani Moussa se sont produits samedi 7 avril 2012 à l’Institut français de Douala.   Ce n’est pas un simple spectacle de danse qui est présenté au public de l’Institut français de Douala ce samedi 7 avril 2012. Au-delà de la gymnastique des danseurs, il y a tout un langage corporel. Il y a tout un mouvement de revendication et d’affirmation de soi. La danseuse et chorégraphe ivoirienne Fatou Cissé ouvre le bal des « discours » avec des mouvements énergiques. Elle exécute une sorte de mini défilé de mode. Elle s’arrête de temps en temps, avec à chaque fois une posture différente. Une chaise est placée sur la scène. Fatou Cissé déplace le siège plusieurs fois, puis y prend place. Elle croise les pieds, les défaits et se relève. A bien observer la chorégraphie, on a l’impression que le personnage semble indécis devant des choix à opérer. Justement, la représentation baptisée « Regarde-moi encore » de Fatou Cissé traite de la condition de la femme. Celle-ci est appelée à accepter ou pas une situation, à s’adapter à d’autres. Les mouvements effectués avec force traduisent les revendications des femmes. Sur un fond sonore de Nina Simone, Fatou Cissé fait une autre apparition sur la scène avec tout un arsenal d’accessoires pour maquillage. Elle se met à l’œuvre. Vernis, parfum, rouge à lèvres, mini robe, chaussure roses aux talons hauts. Mais à chaque passage devant le miroir, il y a comme un refus de l’image reflétée. Fatou Cissé peint ainsi ces femmes qui veulent paraitre ce qu’elles ne sont pas. Elles revendiquent beaucoup et ne sont pas toujours entendues.  « Tout n’est pas perdu », réplique Mamane Sani Moussa. La représentation du danseur nigérien montre qu’il y a toujours une lueur d’espoir. « Il suffit de travailler son imagination et son esprit et de puiser dans sa mémoire des moments de son enfance », confie t-il hors de la scène. La performance du danseur, « Tout n’est pas perdu » est une performance de grand vol. Le numéro de la danse s’ouvre sur le ruthme d’Adama Diarra qui accompagne à la un roulement de percussions. Mamane est comme en transe. Dans la majeure partie de sa représentation son corps reste rattaché au sol, un sol considéré comme le point de départ, le plan d’équilibre et le centre de gravité. Trois objets abstraits sont disposés sur le plancher. Seul le danseur connait leur existence et les distingue dans son imaginaire. Plusieurs fois, il s’en sert. Le premier semble être une chaussure, pour aider à effectuer les premiers pas au monde. Le deuxième objet est un pantalon qui marque l’âge adulte. Et le troisième objet est une chemise, symbole de la maturité. Comme la précédente danseuse, Mamane a lui-même monté sa chorégraphie. Plutôt des réussites du genre. Que l’on s’est délecté à regarder. Mathias Mouendé Ngamo