Piraterie maritime. Ils ont passé une semaine de captivité au Nigéria et ont été libérés contre une rançon de plus de 45 millions F. Cfa.   Jean-Pierre Telcitréo, Etienne Nankeng et Sylvestre Djeumeni, respectivement commandant de bord, chef mécanicien et matelot à bord du chalutier Wilbert Troy, ont été enlevés en mer par six pirates armés, encagoulés, et non encore identifiés. Les trois marins camerounais ont été retenus captifs dans un campement au Nigéria pendant une semaine. Ils ont été libérés mercredi 25 décembre 2013, après le versement d’une rançon de 15 millions de naïras (soit environ 45 053 850 F. Cfa), exigés par les ravisseurs. Selon nos sources, l’argent a été décaissé par Trace, la société qui emploie les marins enlevés. La rançon a été livrée par un homme à bord d’une pirogue, dans un point indiqué par les ravisseurs, a-t-on appris. C’est à bord de la même barque que les otages ont été ramenés au Cameroun, à la base du Bataillon d’intervention rapide (Bir) de Limbé. Ils ont rejoint Douala par route. Un responsable de Trace joint par le reporter a confié que les marins devaient passer des examens médicaux dans l’après-midi de jeudi 26 décembre 2013. Selon des informations recueillies à bonnes sources, le chalutier Wilbert Troy a quitté le Port de pêche de Douala il y a près d’un mois, avec à son bord quatorze personnes. Au moment de l’attaque mardi 17 décembre 2013, le bateau se trouvait en haute mer, non loin de la péninsule de Bakassi. Les pirates ont accosté le Wilbert Troy vers 3h15 min, à bord de deux pirogues Hors-Bord floquées d’un drapeau de couleur rouge. Les assaillants ont menacé, puis enlevé les trois marins. Ils ont également dépouillé les autres onze personnes laissées à bord du chalutier et emporté des provisions. Les ravisseurs ont par la suite contacté des responsables de Trace basés à Douala, pour réclamer le versement d’une rançon de 15 millions de naïras. Les soldats du Bir se sont rendus sur les lieux de l’attaque en mer après coup, pour un constat d’usage.   Otages drogués Les otages libérés ont confié à leurs collègues qu’ils étaient retenus captifs dans un grand campement au Nigéria, où vivaient près de 500 personnes de différentes nationalités. Ils s’exprimaient principalement en pidgin (un anglais argotique). Les marins ont relaté qu’ils étaient ligotés à des poteaux et étaient détachés seulement lorsqu’ils voulaient faire les besoins, où lorsqu’on les servait à manger.  Les otages ont en outre relevé que les ravisseurs les ravitaillaient beaucoup en cigarettes, mais introduisaient de la drogue dans les repas. Ce qui les maintenait endormi la plupart du temps.  « Le soir autour du feu, ils étaient vêtus de rouge et faisaient des rituels autour du feu. Un Camerounais a essayé de nous libérer par trois fois, sans succès », a confié un des captifs à un collègue de service à Douala. Les pirates menaçaient de tuer Sylvestre Djeumeni, le matelot, lorsque le coup de fil en provenance de Douala a été passé pour annoncer le règlement de la rançon, a-t-on appris. Après l’attaque, le Wilbert Troy a été réapprovisionné en vivres et en personnel, afin de poursuivre l’activité de pêche en haute mer. Les marins à l’œuvre à bord du chalutier n’ont pas encore regagné le Port de pêche de Douala. Entre 2008 et 2011, le Wilbert Troy a été attaqué près de sept fois par des pirates. Les assaillants bastonnaient les personnes à bord du chalutier et emportaient les provisions. Aucun enlèvement n’avait jusqu’ici été enregistré. Mathias Mouendé Ngamo