Douala. La 15ème édition du « Féo Kagué » s’est tenue à l’esplanade du collège St Michel, samedi 15 décembre 2012. Torses nus, vêtus de culottes et déguisés de cauris et autres peintures, des hommes brandissent des lances et des bâtons vers le ciel. Ils ont formé un cercle autour de batteurs de tam-tam. Le cercle s’agrandit progressivement. Et bientôt, on aperçoit difficilement les musiciens traditionnels placés au centre de la ronde. Les danseurs s’arrêtent un moment et avalent quelques gorgées de « Bili Bili », une sorte de bière traditionnelle faite à base de maïs ou de mil. Les festivaliers sont comme revitalisés et redoublent d’ardeur. Au milieu des danseurs, on retrouve des tous petits. Ils suivent fièrement le mouvement d’ensemble. Les ressortissants toupouri, ainsi regroupés à l’esplanade du collège St Michel de Douala ce samedi 15 décembre 2012, célèbrent la 15ème édition du « Féo Kagué », la fête de coq. Dans un coin de l’esplanade, les curieux découvrent en image ou en réel, des objets appartenant à la culture toupouri. Mais la grande attraction demeure la danse. Les festivaliers endiablés présentent au public du « Gourna ». Il s’agit d’une une sorte de long poème chanté. « Le Gourna permet au poète contemporain de dénoncer les maux de la société », révèle un initié. Les pas de danse changent ensuite pour l’exécution du Waïwa, généralement pratiquée pendant les récoltes. La prestation de l’artiste Yang Mad et celle du reggae man Gesse Roy clôturent les festivités ce samedi. Un peu plus tôt en journée, un coq a été immolé au domicile du chef spirituel des Toupouri de Douala, David Dadandi, afin de perpétrer le sacrifice. Le même rituel a été respecté à Yaoundé, où a été célébré la 11ème édition du « Féo Kagué  samedi 6 décembre 2012. D’après la tradition, le « Féo Kagué » ou la fête de coq représente le nouvel an toupouri. Cette fête s’est perpétuée de génération en génération, à travers Wan Doré, chef spirituel toupouri. Le « Féo Kagué » est l’occasion pour la communauté toupouri toute entière, d’invoquer les esprits des ancêtres, implorer leur bénédiction pour une récolte abondante au courant de l’année. C’est aussi l’occasion pour remettre une feuille de route à la jeunesse. Wan Doré, le chef spirituel toupouri,  avait la réputation d’être un grand soldat. Il offrait un coq en sacrifice avant chaque combat, pour la protection de ses hommes. Selon  la coutume, à l’approche de la fête de coq, le peuple toupouri observe le carême. A cette période, il est proscrit de voler, de battre sur sa femme. Bref, il s’agit d’une période durant laquelle le moindre écart de comportement peut coûter un mouton à donner au chef. Au matin de la fête, un tam-tam rassemble le peuple toupouri pour écouter le message du chef. Cette année, le chef a recommandé une culture de paix, de cohésion. Il a en outre mis en garde les Toupouri brigands, traitres, voleurs et bandits de grands chemins. Mathias Mouendé Ngamo