Chef du quartier depuis dix-huit ans, il évoque les difficultés quotidiennes des populations et apprécie le développement de ce coin de Bonabéri. L’entretien est réalisé peu avant sa désignation comme 3ème adjoint au maire de Douala 4ème.

Comment est né le quartier Mambanda ?

Mambanda tire son nom d’un arbre appelé « Matanda », sous lequel des pêcheurs camerounais et nigérians se reposaient. Cet arbre était implanté au niveau de la pêcherie, près du fleuve Mungo. A l’époque, les duala appelaient toute cette zone qui va jusqu’au quartier Grand-Hangar, Kondjibè. Il y avait la forêt à perte de vue.  Les premières personnes à s’installer sont les victimes des déguerpissements dans les quartiers Béssekè et Bonassama. La population a commencé à s’accroitre véritablement au début des années 80. Il ne faut pas confondre le nom du quartier avec l’appellation Mabanda, qui est un quartier de la ville de Kumba, dans la région du Sud-Ouest. Vous trouverez cette dénomination sur certaines enseignes dans le quartier. Ce sont surtout les populations anglophones qui sont habituées à écrire de cette façon. Et c’est bien à tort de voir le nom d’un quartier écrit de deux manières différentes. Une année, nous avons perdu un projet de construction d’une école à cause de cette situation. Ledit projet a été validé à Yaoundé, mais le financement pour sa réalisation a été envoyé à Mabanda, à Kumba.

Quelles sont les difficultés quotidiennes des populations?

Il y a beaucoup de difficultés. Les routes ne sont pas aménagées. Si vous sortez avec des chaussures cirées, vous seriez obligés de les cirer encore, une fois en ville. Le quartier souffre aussi du manque d’infrastructures administratives. C’est cette année que l’Etat a créé cinq écoles maternelles et un Collège d’enseignement technique industrielle et commercial (Cetic) à Mambanda. Le collège n’est pas encore opérationnel. Nous avons un lycée bilingue, six écoles secondaires privées et plusieurs écoles primaires privées. Mais la demande est toujours plus grande. Il n’y a pas d’institut d’enseignement supérieur, ni d’école de formation professionnelle. Le plus grand problème est celui de l’assainissement, avec les inondations. Le relief de Mambanda est plat. Il faut construire des routes en prévoyant aussi des canalisations pour les eaux. Le choléra sévit souvent au quartier. Il y a aussi le problème d’insécurité.

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Le manque de lampadaire facilite la création d’abris où des jeunes délinquants fument du chanvre, adressent et violent. Les vandales ont brûlé le commissariat de police lors des émeutes de 2008. Quand il y a un braquage maintenant, les malfrats ont 100% de chance de réussir leur coup avant l’arrivée des forces de l’ordre. Il faut créer des postes de police et de gendarmerie dans le coin. A la chefferie, on essaie de s’organiser pour éliminer ce phénomène. Mais les parents sont complices lorsqu’ils gardent le silence par peur de représailles.

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Comment appréciez-vous le développement de Mambanda ?

Mambanda est grand. C’est pratiquement une ville. C’est de loin le plus grand quartier de Bonabéri. Le quartier avance à grands pas vers le développement. Les gens ont construit en se rapprochant du fleuve Wouri. Il y a des coins où on n’imaginait pas que quelqu’un pouvait s’y installer. Au moins trois nouveaux habitants intègrent le quartier chaque jour. La dernière évaluation de la population en 2005 situait le nombre d’habitants à 75 000. Des sources politiques avancent le chiffre de 132 000 habitants pour cette année 2013. Lors d’une échéance électorale, le candidat qui remporte le plus de voix à Mambanda est sure de gagner le scrutin à Bonabéri. Si la route est goudronnée, Mambanda va devenir une ville autonome dans les dix prochaines années.

Propos recueillis par Mathias Mouendé Ngamo