Spectacle. Le bassiste camerounais de renommée internationale a donné deux concerts de musique à Douala et Yaoundé les 21 et 22 décembre 2012. La « prophétie» du peuple maya annonçant la fin du monde le 21 décembre 2012 ne s’est pas réalisée. Fort heureusement! Elle nous aurait privés de l’un des plus grands évènements culturels de l’année 2012, à savoir le concert du bassiste camerounais de renommée internationale, Richard Bona. L’artiste ne s’était plus produit au pays depuis deux ans. Et cette prédiction du peuple maya, il n’y attachait pas une grande estime. En tous cas, « si vendredi 21 décembre 2012 c’est la fin du monde comme le prédisent les Maya, je serai heureux de la vivre chez moi, sur scène, avec vous », déclare Richard Bona à son arrivée à l’aéroport international de Douala, jeudi 20 décembre 2012. Parti du Japon où il a passé deux semaines de tournée, Bona a fait une escale à Paris avant de rejoindre sa terre patrie à 18h25. Soit au total 36 heures de voyage. Après atterrissage, le traitement du vol prend un peu plus de temps que d’habitude. C’est finalement à 20h08 minutes que Bona se présente au grand hall de l’aéroport. Une coupure de l’énergie électrique l’y accueille. Le courant est rétabli quelques minutes plus tard. La fatigue se lit sur le visage de l’artiste. Direction l’hôtel. A l’entrée de la salle de spectacle de Douala-Bercy le lendemain vendredi 21 décembre 2012, les convives continuent d’affluer bien au delà de 20 heures. La salle affiche complet. Quelques chaises en plastique sont ajoutées en renfort pour permettre aux fans de vivre le 111ème spectacle de Bona, pour le compte de cette année 2012. A 21heures, Richard Epesse, une voix montante du jazz, se présente sur la scène. Il interprète des titres de son album intitulé « Affrojazzmix ». Le jeune musicien prodige, Alain Oyono, l’accompagne au saxophone. Quinze minutes plus tard, le speaker annonce l’arrivée sur scène de Richard Bona. Standing ovation. Toute la salle entonne : « Richard ! Richard ! ». Mais ce ne sera pas pour tout de suite. Il faudra patienter encore cinq minutes. Le temps pour le groupe artistique de Bona d’installer le matériel. L’artiste fait son apparition sur le podium à 21 h25. Explosion de joie dans la salle.   Ce n’est pas juste un chanteur que l’on accueille. Richard Bona mêle de la comédie à sa prestation musicale. Il trouve toujours occasion pour arracher le rire au public. « Vous êtes venus mourir avec Bona ? J’ai dit que je vais mourir chez moi. Et ce matin j’ai mangé du B.H (beignet et haricot, ndlr). I’m fuck the Maya. Ce n’est pas la fin du monde. C’est plutôt un nouveau commencement. Personne ne sort d’ici. On va danser », lance l’artiste. Il présente son orchestre et entame la soirée avec l’interprétation du titre « Kalabancoro». On enchaine avec « Ekwa Mwato ». Richard Bona communie avec le public. Au milieu de tout ce beau monde, se trouve sa mère. L’artiste lui dédie une chanson. Elle est tirée de son album à venir, dont la sortie est annoncée en mars 2013. Aucune information sur le contenu du disque. On sait juste qu’il s’agira d’un album acoustique. L’artiste annonce en outre la présence d’une chanson du terroir dans chacune de ses prochaines productions, pour « faire la promotion de notre culture ». Quand la sono lâche Les notes de piano changent. Les percussions aussi. Le public a reconnu la mélodie de la chanson « Muntula Moto ». L’artiste est doublé par ses fans. On ne l’entend presque plus. Sa voix se noie dans celles de la « grande chorale » de Douala-Bercy. Richard Bona improvise. Il change quelques paroles dans les couplets. Les spectateurs s’en aperçoivent aussitôt. On rit. Le spectacle se poursuit. Richard Bona est là. Il joue avec sa voix. Il joue avec sa basse. Il joue avec son public. Il explore les rythmes jazz, blues, salsa, funk. 22h14. Un problème technique est vite survenu. A l’origine de la panne, le groupe électrogène de Douala-Bercy n’a pas supporté la charge électrique des appareils. Désolation dans la salle. Richard Bona dépose sa basse. Il prend place à une des extrémités du podium et s’entretient avec des spectateurs, en attendant. Il rejoint les loges à 22h19. Les techniciens sont à la tâche. On aperçoit le directeur général de Douala-Bercy dans tous ses états. Après 21 minutes d’interruption, tout est enfin réglé. Richard Bona revient sur scène à 22h35, visiblement remonté. « Il faudrait que l’on prône l’excellence chez nous. J’ai insisté pour que le matériel soit installé hier (la veille jeudi, ndlr). Mais comme tout le monde est chef, jusqu’à 18 heures aujourd’hui, on avait toujours pas réglé le son », décrie l’artiste.   Richard Bona reconquiert son public avec la chanson « Shiva Mantra ». Il reprend les titres « Suninga », « Te dikalo », « O sen sen sen ». Il y a aussi du Mamgambeu au programme. Richard Bona interprète une chanson de Pierre Didy Tchakounté. Il chante le « Ngon’a ba iyo » de l’artiste Ekambi Brillant, qu’il a rencontré un peu plus tôt en journée, à l’hôtel. « Avec le délestage à l’aéroport quand je suis arrivé jeudi, je me suis dis que la fin du monde a été avancée », ironise Richard Bona. Des blagues du genre, il en a plein les poches ce vendredi soir. « On m’a dit que les Chinois font les beignets ici ? On est mort. Les beignets ??», lance t-il ensuite. Le spectacle s’achève dans cet esprit de gaieté à 23h29. L’artiste met ensuite le cap samedi 22 décembre 2012 sur Yaoundé, pour livrer son 112ème spectacle de l’année 2012. Mathias Mouendé Ngamo