Philemon Yang, Premier ministre de la République du Cameroun

Droit d’auteurs. Artistes, présidents de syndicats et membres du gouvernement sont présents dans ce « conflit » qui ne trouve pas encore d’issue favorable. La crise qui secoue le monde de la gestion collective des droits d’auteur au Cameroun semble bien loin de s’achever. Les acteurs en présence n’ont visiblement pas épuisé toutes les cartes. La crise connait des rebondissements au sommet du gouvernement ces derniers jours. Un « bras de fer» est vite né entre le Premier ministre (Pm), Philémon Yang et la ministre des Arts et de la culture, Ama Tutu Muna. Une décision du chef du gouvernement lue au journal parlé de la CRTV vendredi 22 mai 2015 annule l’agrément accordé par la ministre des Arts et de la culture le 15 mai dernier à la Société camerounaise civile de musique (Socacim), nouvellement créée. Le premier ministre qui observait la crise dans le monde musical, s’y intéresse de près lorsqu’il crée un comité ad hoc pour proposer des solutions à cette crise persistante.Quand Philémon Yang réagit et demande que soit mis un bémol à la création de la Socacim en attendant les conclusions des travaux du comité ad hoc, Ama Tutu Muna octroie un agrément à ladite Socacim. Avant la naissance de cette autre société de gestion de droit d’auteurs, la ministre de la culture avait procédé à la dissolution de la Société civile camerounaise de l’art musical (Socam). Le dernier Président du Conseil d’administration (Pca), Ndedi Eyango, avait été déposé bien avant, emporté par une affaire de « double nationalité ». Raymond Tchengang, président du syndicat national des professionnels de la musique (Synaprom) avait milité pour le rejet de la candidature du « Prince des montagnes ». Il arguait que ce dernier avait une deuxième nationalité, américaine. Mais Ndedi Eyango avait remporté les élections à l’époque. Il sera déposé quelques temps après pour le même motif, par la ministre des Arts et de la culture.En quête de réconciliationAma Tutu Muna a octroyé l’agrément à la Socam en 2008, après le retrait par elle de celui de la Cameroon Music Corporation (Cmc). Entre temps la Cmc ouvre une bataille judiciaire qui se soldera par une décision de la Cour suprême. Cette dernière rétablit la Cmc dans ses droits. Sam Mbendé, le Pca de la Cmc a fait plusieurs sorties pour dénoncer le non respect de la décision de justice par Ama Tutu Muna, en vain. Le 13 avril 2015, Sam Mbendé et Ndedi Eyango, se mettent ensemble pour penser à la création d’une maison de droit d’auteurs. Pour les deux acteurs du monde musical, il était question de fusionner la Cmc et la Socam. Le souci étant de faire un rapprochement entre les deux entités afin de « mutualiser leurs efforts et autres moyens pour la défense et la promotion continue et sans faille des intérêts matériels et moraux de tous les titulaires de droit d’auteur et des droits voisins du droit d’auteur du domaine musical».Le projet des deux ténors de la musique camerounaise n’aura pas eu le temps de voir le jour. Deux semaines après la présentation de cette initiative, la Socacim nait dans la région du Nord-ouest le 28 avril 2015. Ce jour-là, Roméo Dicka, artiste et fondateur d’un syndicat de musiciens, présidait une cérémonie de remise de guitares aux artistes. Un rassemblement qui a permis la création de la Socacim. Joe Mboule, le père de « Malabar » est alors porté à la tête du directoire du Conseil d’administration. L’artiste qui dit ne pas tenir compte de l’annulation de l’agrément par le Pm, souhaite cependant que le gouvernement les accompagne dans la mise en place et la perception des droits d’auteurs pour le bien-être des artistes camerounais. Il espère aussi que le gouvernement prendra des mesures qui vont dans le sens de la réconciliation entre artistes.Mathias Mouendé Ngamo