Bonassama. Don de la Fondation Mtn, la petite banque de sang de l’Hôpital de district de Bonassama permet de sauver des vies dans plusieurs centres de santé de la capitale économique.

Assis sur un banc en béton devant la salle de prélèvement de sang de l’Hôpital de district de Bonassama, Maurice T. paraît très anxieux. Il lui faut trouver en urgence une poche de sang du groupe O+, pour son bébé de 4 mois tout juste admis à l’hôpital. Après quelques formalités, Maurice est servi. Le voilà qui repart en courant vers le pavillon maternité, avec l’espoir que son enfant s’en sortira.

Un tel espoir n’aurait peut-être pas été possible à l’hôpital de district de Bonassama il y a encore 5 ans. Pour les habitants de l’autre partie de Douala, après le pont sur le Wouri, soit près d’un million de personnes, trouver une poche de sang relevait parfois de l’exploit. « Par le passé, nous avons reçu des femmes qui arrivaient dans nos services ayant perdu beaucoup de sang lors des saignements. Nous étions alors dans l’incapacité de les assister promptement.

Des proches courraient à la recherche de sang à l’Hôpital Laquintinie ou à l’Hôpital Général. Et il arrivait qu’on leur réponde souvent qu’il n’y a plus de sang, parce que d’autres hôpitaux en avaient déjà passé commande », témoigne Walter Atud Mbah, major du service Anesthésie à l’Hôpital de Bonassama.    En 2011, la direction de l’hôpital a fait appel à la générosité des mécènes pour doter Bonassama d’une banque de sang. Comme l’explique le Dr. Edouard Hervé Moby, directeur de l’hôpital de district de Bonassama, « une banque de sang coûte au minimum 6 millions de francs et un hôpital de district ne peut pas se l’offrir sur ses propres fonds ».

La Fondation MTN a répondu à l’appel et a aménagé une banque de sang à l’hôpital de district de Bonassama. Elle a aussi renforcé le plateau technique de l’hôpital avec une chaine Elisa qui permet de faire des analyses et de sécuriser le sang prélevé.   Sang sûr et de qualité La banque de sang de l’hôpital de district de Bonassama, ouverte 24 heures sur 24 est la troisième banque de la ville de Douala, après celle de l’Hôpital Général et celle de l’Hôpital Laquintinie.

Elle peut compter sur la générosité de quelques 4000 donneurs de sang dont certains résident en dehors de la zone de Bonabéri. Au vu des statistiques de l’hôpital, la banque prélève environ 10 poches de sang par jour.   Selon le Marcelle Etong, responsable de cette banque de sang, chaque demandeur doit fournir deux donneurs à prélever, pour remplacer la poche de sang qui lui sera servie. Et, le sang prélevé subit un test Elisa contre le VIH/SIDA et les hépatites B et C, avant d’être conservé dans un congélateur adapté. Le fonctionnement de la banque de sang de Bonassama a fait l’objet d’une thèse (1)  soutenue à la Faculté de médecine et sciences pharmaceutiques (Fmsp) de l’Université de Douala, par le Dr. Daniel Wang Abwa. Il estime que « le niveau de sécurisation des poches de sang est plus élevé à l’hôpital de district de Bonassama que dans d’autres banques de sang du Cameroun, parce que à Bonassama, on fait des tests de diagnostic rapide suivis systématiquement de tests Elisa. »

Une forte demande Cette banque de sang ravitaille tous les services à compétences chirurgicales de l’hôpital, le bloc opératoire, la gynécologie, la maternité notamment. Selon Walter Atud Mbah, « la banque de sang a apporté beaucoup de changements dans la vie de l’hôpital. La prise en charge des malades s’améliore.

Le nombre de patients référés à cause de l’absence de sang a nettement diminué. Les transfusions sanguines se sont multipliées. Plusieurs vies ont également pu être sauvées ».   Mais l’hôpital de district de Bonassama doit aussi satisfaire la forte demande venant d’autres formations sanitaires. De nombreux autres centres de santé de Douala bénéficient, en effet, du don de la Fondation Mtn. « Sur les 100 poches de sang qui sortent de notre banque en moyenne par mois, 30 seulement sont utilisées en interne et 70 sont destinées à d’autres hôpitaux », détaille Marcelle Etong.

Les demandes affluent des autres formations sanitaires de l’arrondissement de Douala 4e où est situé l’hôpital de district de Bonassama. Et pas seulement. Les hôpitaux de district de Deido, Nylon et New-Bell viennent s’y ravitailler. Même des formations plus huppées comme l’Hôpital Général et l’Hôpital Laquintinie envoient des demandes. « Il est même arrivé que l’on reçoive des demandeurs en provenance de Bamenda », affirme Marcelle Etong.

Résorber la pénurie Le Dr. Edouard Hervé Moby se réjouit de constater que « cette banque de sang fait la renommée de l’hôpital » qu’il dirige. La banque de Bonassama est de ces installations qui contribuent à atténuer la pénurie de don de sang dont souffre le système de santé au Cameroun. Le pays ne parvient à collecter que 45000 poches de sang pour des besoins estimées à 400.000.

Marcelle Etong, la jeune responsable de la banque de sang de Bonassama invite les populations à faire régulièrement des dons de sang pour sauver des vies. Maurice T. en fait désormais un devoir. Il espère que son don de sang, en remplacement de la poche de sang qui a permis de sauver son enfant, pourra redonner de l’espoir à une autre famille, quelque part au Cameroun.

Mathias Mouendé Ngamo

[1] ‘’Profil épidémiologique des donneurs de la banque de sang de l’hôpital de district de Bonassama de 2011 à 2014.