Crise en Rca. Le chef de l’Etat camerounais a affrété des avions pour transporter des concitoyens en détresse en République Centrafricaine, vendredi et samedi derniers.   Vendredi 13 décembre 2013. Il est environ 20h30 min. Le Boeing 767, communément appelé Le Dja, vient de s’immobiliser sur le tarmac de l’aéroport international de Douala. L’avion de compagnie aérienne nationale, Cameroon Airlines Cooporation (Camair-Co), a décollé quelques heures plus tôt de Bangui, en République Centrafricaine (Rca) avec à son bord 326 passagers. Ce sont tous des Camerounais, en situation de détresse en Rca, du fait de la guerre qui y sévit. A peine les moteurs de l’aéronef ont cessé de tourner, qu’on entend déjà retentir l’hymne nationale du Cameroun. Les passagers l’entonnent en chœur en descendant les marches. Ils scandent aussi des slogans de remerciements au président de la République, Paul Biya. Il y en a qui ont levé les bras vers le ciel, comme pour louer le tout-puissant. D’autres égrainent le chapelet en murmurant quelques versets bibliques ou coraniques. Mais toutes ces exaltations cachent mal les traits de tristesse et de désolation sur les visages.   Au bas de la passerelle, il y a une forte délégation des autorités administratives camerounaises. Le gouverneur de la région du Littoral, Joseph Beti Assomo, le préfet du département du Wouri, Paul Naseri Bea, le Dg de Camair-Co, entre autres. Quelques proches des passagers sont aussi là. Les agents du service de santé ont également été mobilisés à l’aéroport. Les passagers sont identifiés. Ils indiquent d’où ils proviennent, s’ils ont une famille d’accueil au pays, qui contacter. Ils indiquent aussi dans quelle ville ils aimeraient s’y rendre. Ils passent le contrôle sanitaire. « Les Camerounais ne peuvent pas être des réfugiés chez eux », indique une autorité administrative. Des dispositions sont donc prises par la suite, pour conduire les uns et les autres vers la destination indiquée.  Trois cas de diarrhée Pendant le contrôle sanitaire, une passagère enceinte est entrée en phase de travail. Elle a été transportée d’urgence dans une formation hospitalière. Les services de santé ont également détecté trois cas de diarrhée, a-t-on appris. Les autorités administratives ont relevé que 3/5 des passagers ayant débarqué vendredi ont émis le souhait de se rendre dans les régions du septentrion. Les autres ont été repartis à travers les autres régions du pays. La même source a indiqué que les personnes rapatriées sont à majorité constitués des enfants, des femmes et des personnes âgées.   Une deuxième vague de Camerounais résidant en République Centrafricaine est arrivé samedi 14 décembre 2013 à Douala, à bord du Boeing 737 de Camair-Co. Ils étaient 190. Il y a donc au total 516 Camerounais qui ont été rapatriés de la République Centrafricaine, menacés par la guerre depuis quelques temps. Cette opération a été rendue possible grâce à un pont aérien Douala-Bangui-Douala, sur instruction du chef de l’Etat camerounais. Les avions de la compagnie nationale ont été affrétés pour ramener au terroir tous les citoyens camerounais en situation de détresse en Rca, et désireux de retourner au pays. L’opération a été entamée vendredi dernier, à la suite d’une réunion de crise tenue dans les services du gouverneur de la région du Littoral. Les concitoyens rapatriés, l’air abattu, n’ont pas souhaité s’exprimer et raconter les misères qu’ils ont vécues en République Centrafricaine. Certains ont tout juste confié qu’ils ont « tout perdu, tout abandonné». Le reporter a appris que l’opération de rapatriement entamée vendredi par voie aérienne a été suspendue. Mais des actions du genre par voie terrestre pourraient suivre, indique t-on. L’Etat camerounais a en outre envoyé une aide alimentaire à Bangui. Des vivres frais, de l’eau minérale, des toilettes mobiles et des médicaments ont été expédiés à l’ambassade du Cameroun en Rca, où se retrouvent des Camerounais en situation de détresse. Mathias Mouendé Ngamo      Réactions Joseph Beti Assomo, gouverneur de la région du Littoral « Des concitoyens sont en difficulté »  Nous sommes venus ici à l’aéroport de Douala cet après midi (vendredi 13 décembre 2013) ceci après la réunion de crise que nous avons présidée dans notre cabinet très tôt ce matin sur la très haute instruction du président de la République. Il a décidé de l’organisation d’un pont aérien entre  Douala et Bangui la capitale de la République centrafricaine. Ce pont aérien va consister  en une rotation du Boeing 767, le Dja, de notre compagnie nationale la Camair-co. L’avion se rend  à Bangui en Afrique centrale et sa mission est d’apporter des vivres à nos concitoyens qui sont en difficulté et  qui se sont regroupés dans notre représentation diplomatique c’est-à-dire dans notre ambassade en République centrafricaine aux soins de monsieur l’ambassadeur. Ces compatriotes qui  se comptent par centaines et par milliers comme vous le savez sont en Rca depuis plusieurs années. Certains y ont même pris souche parce qu’il y a parmi eux, des gens qui ont fait toute leur vie là bas.     Charles Ngah Nforgang, chargé Communication Manidem  «Une bonne initiative » C’est une bonne initiative, surtout que ce n’est pas l’argent du chef de l’Etat, mais celui des contribuables camerounais. Si on peut faire bon usage de cet argent pour une fois, c’est bien. C’est aussi la preuve que nous devons être solidaires des problèmes des voisins. Car voila qu’un conflit en République Centrafricaine nous fait dépenser de l’argent. Le Cameroun et les pays de l’Afrique centrale auraient pu intervenir depuis, pour limiter les dégâts. Voilà aussi qu’à cause de ce conflit, la France en a profité pour faire entrer ses troupes au pays. Propos recueillis par M.M.N.